26 juin 2023
CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE DES ARCHITECTES

Le CNOA recommande le Cycle de formation 2023-24 d'IDHEAL

IDHEAL, l'Institut des Hautes Etudes pour l'Action dans le Logement, propose son cycle 2023-2024 de formation qui permettra aux acteurs du secteur du Logement de réfléchir à la modification de leurs pratiques et se penchera particulièrement sur les formes de mobilités liées à l’habitat. Cette édition 2023-24 du Cycle, intitulée "Ça déménage dans nos logements", est recommandée par le Conseil national de l'Ordre des architectes (CNOA).

Chaque année l'Institut IDHEAL réunit une promotion d’auditeurs et auditrices (45 places) venus d’horizons professionnels divers (architectes, ingénieurs, notaires, promoteurs, graphistes, aménageurs, bailleurs sociaux, assureurs, etc.) ou souhaitant approfondir leurs connaissances dans ce domaine, pour un cycle de formation original permettant d'envisager autrement le logement et ses modes de production.

Le cycle 2023-24 des Ateliers de l’Institut propose une réflexion globale et approfondie sur toutes les formes de mobilités liées à l’habitat : "Peut-on, après de multiples expériences, déménagements ou errances, trouver un logement répondant à ses besoins, ses envies, ses attentes ? Une interrogation nécessaire sur la capacité d’un système politique et d’une société à faire de ses citoyen.ne.s des habitant.es satisfait.e.s.".

Il se déploie sur 9 sessions de deux jours et comporte également un voyage d’études de 3 jours à Bruxelles.

Le calendrier du cycle
Session 1, La vie devant soi – 28, 29 septembre 2023
Voyage à Bruxelles – 18, 19, 20 octobre 2023
Session 2, Mobile Homes – 16, 17 novembre 2023
Session 3, Suivez le mouvement ! – 14, 15 décembre 2023
Session 4, Marchés sur la tête – 18, 19 janvier 2024
Session 5, Métiers, instabilités créatives – 8, 9 février 2024
Session 6, Bouger les lignes, des bornes aux cloisons – 7, 8 mars 2024
Session 7, Allons voir ailleurs – 4, 5 avril 2024
Session 8, En marche… – 16, 17 mai 2024
Session 9, Ou à reculons ? – 13, 14 juin 2024

26 mars 2023
LIBÉRATION EVE SZEFTEL

Déconstruire les lieux communs sur l'habitat

Avec «En finir avec les idées fausses sur l’habitat», l’ex-journaliste Catherine Sabbah démonte 70 idées reçues sur l’habitat, des bienfaits de la cuisine ouverte à la mauvaise réputation du logement social en passant par la rénovation thermique ou l’accessibilité de l’espace public.

11 mars 2023
MARIANNE JULIE DE LOS RIOS

Logement étroit, chambre à soi, cuisine ouverte : les nouvelles géographies de l'intime

Nos logements évoluent, et, avec eux, nos mœurs et nos humeurs. On ne vit pas, on ne pense pas, on n’aime pas de la même façon sous un plafond de 3,50 mètres et dans un trois-pièces bas du front. « Vista » des architectes d’intérieur, souci de rentabilité des promoteurs, faibles revenus dessinent une nouvelle carte du domestique.

8 mars 2023
LEROY MERLIN SOURCE SYLVAINE LE GARREC, MANON LEROY

L'épreuve du neuf : acheter un appartement sur plan, un long travail d'appropriation

Leroy Merlin Source présente la nouvelle recherche habitat sur le difficile parcours de l’achat sur plan pour les habitants. Ensemble, Sylvaine Le Garrec et Manon Leroy publient "L’épreuve du neuf".

Pour les acquéreurs, acheter un appartement sur plan, en VEFA (Vente en l’État Futur d’Achèvement) est souvent motivé par le désir de s’installer sans avoir à aménager le logement, à mener des travaux, à bricoler. Pourtant acheter dans le neuf n’est pas un long fleuve tranquille. C’est plutôt une succession d’épreuves à surmonter. Pour construire peu à peu son chez-soi et se l’approprier. S’y sentir bien. L’analyse de la recherche se décline en trois grandes lignes.

La recherche met ainsi d’abord en évidence qu’un achat dans le neuf ne se résume pas au moment de la remise des clés. Au contraire, le parcours d’appropriation de l’appartement se déroule sur un temps long. De 3 à 5 ans. Depuis le premier contact avec un commercial dans une bulle de vente jusqu’aux travaux pour corriger les malfaçons…

Le 2ème point saillant de la recherche habitat met en évidence que l’achat sur plan représente un véritable « travail » pour les acquéreurs. Ils mobilisent de leur temps. Au fil des épisodes de leurs relations avec le promoteur d’abord. Ensuite avec les entreprises qui interviennent. Puis avec la création de la copropriété…. Au fur et à mesure, les acheteurs acquièrent des compétences spécifiques. Et ils les mettent en œuvre. Ils assurent voire pilotent les relations avec de nombreux interlocuteurs (commercial, cuisiniste, artisans, assureur…). Toutes les composantes d’un véritable travail.

Le 3ème grand enseignement de cette recherche habitat sur l’achat sur plan, révèle que les acquéreurs sont amenés à jouer un réel rôle de conception de leur logement : négociation avec le promoteur, avec le cuisiniste, travaux modificatifs, suivi des malfaçons et des reprises de travaux, adaptations à la réalité des espaces de l’appartement. Ils sont à la manœuvre pour concevoir le logement dans lequel ils vont vivre.

17 février 2023
LEXTENSO, ACTUALITÉS JURIDIQUES NICOLAS KIRILOWITS

Télétravail : une « révolution » décryptée sous tous les angles

Devenu une habitude voire une norme pour de nombreux actifs, le télétravail s’est néanmoins imposé de manière abrupte au début de la crise sanitaire. Trois ans après le premier confinement, comment bouleverse-t-il aujourd’hui la vie des Franciliens ? Pour répondre à cette question et à beaucoup d’autres, l’Institut Paris Région vient de publier, aux éditions des Presses Universitaires de France (PUF), un cahier intitulé : À distance, la révolution du télétravail. 176 pages, 34 articles et une quinzaine d’interviews d’experts permettent de mieux comprendre l’impact sociétal du télétravail. Pascale Leroi et Florian Tedeschi, urbaniste et ingénieur transport, ont dirigé ce travail. Rencontre.

13 février 2023
L'Humanité

Quelles évolutions du logement en temps de crise ?

Enjeu incontournable de nos sociétés, le logement reste l’une des préoccupations principales des Français. Il demeure le premier poste de dépenses des ménages et, selon la Fondation Abbé-Pierre, plus de quatre millions de personnes sont actuellement mal-logées dans notre pays. Le secteur représente également près de la moitié de l’énergie consommée en France et presque un quart des émissions de gaz à effet de serre. On le voit, que ce soit sur le plan économique, environnemental ou social, le logement est aujourd’hui le carrefour de multiples enjeux. Et les choix politiques concernant la nature des futures constructions, comme la gestion de l’existant, sont cruciaux pour l’avenir. Pour nourrir le débat, l’Humanité a organisé un Forum public au Pavillon de l’Arsenal, afin de faire dialoguer les acteurs du secteur : constructeurs, bailleurs, locataires, associations et élus.

Le secteur du logement entre dans la tourmente, voire en crise. Depuis un an, les prix ont augmenté de 4,6 % dans l’ancien et de 4,7 % dans le neuf, alors que le volume des transactions a baissé de 10,5 % sur la même période. Sur fond de renchérissement des taux bancaires, le nombre de prêts immobiliers signés s’est effondré : -35 %. Les promoteurs voient leurs programmes vaciller face à des coûts de construction qui ont pris 30% en deux ans. L’accession sociale ne se porte guère mieux. Alors que près de 2,2 millions de personnes sont en attente d'une place en HLM, la production stagne, voire chute. 94 000 agréments ont été comptabilisés en 2021, loin de l'objectif gouvernemental fixé à 120 000. Réticences de certains élus locaux, hausse des coûts de la construction, crainte de certains organismes HLM à investir alors que leurs finances ont été mises à mal... Les raisons de ce bilan sont multiples.

À l’heure du défi climatique, l’enjeu de la rénovation des bâtiments est devenu crucial. Le secteur représente 40 % de l’énergie consommée en France et 20 % des émissions de gaz à effet de serre, mais compte également 5,2 millions de passoires thermiques et 12 millions de personnes en précarité énergétique. En quoi la rénovation est-elle une réponse pertinente au défi climatique et social ? Quelles sont ses limites aujourd’hui ? Quels moyens efficaces pour la développer ?

Face aux évolutions de nos sociétés, le logement change de nature. Que ce soit par le développement du télétravail au cours de notre vie active, par volonté de cohabiter pour briser les solitudes ou pour échapper à l'EHPAD, nos manières d’habiter ne cessent d’évoluer. Vers quel modèle d’habitat allons-nous aujourd’hui ? Comment trouver encore du foncier et jusqu’où ? Comment construire en favorisant la mixité sociale ?

13 février 2023
PAVILLON DE L'ARSENAL

Quelles évolutions du logement en temps de crise ?

Comment relancer la construction de logements pour tous ? Comment répondre au défi de la rénovation des bâtiments ? Comment construire un habitat de qualité ? Enjeu incontournable de nos sociétés, le logement reste l’une des préoccupations principales des Français. Il demeure le premier poste de dépenses des ménages et, selon la Fondation Abbé-Pierre, plus de quatre millions de personnes sont actuellement mal-logées dans notre pays. Le secteur représente également près de la moitié de l’énergie consommée en France et presque un quart des émissions de gaz à effet de serre. Sur le plan économique, environnemental ou social, le logement est aujourd’hui le carrefour de multiples enjeux. Les choix politiques concernant la nature des futures constructions, comme la gestion de l’existant, sont cruciaux pour l’avenir. Face aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques, le quotidien l’Humanité invite architectes, constructeurs, bailleurs, décideurs politiques et habitants à échanger pour tenter de répondre à la crise du logement.

L'évènement réunira Emmanuelle Cosse, Présidente de l’Union sociale de l’habitat, Eddy Jacquemart, Président de la Confédération nationale du logement, Stéphane Peu, Député de Seine-Saint-Denis, membre du Conseil national de l'habitat, Eric Pliez, Maire du 20e arrondissement de Paris, Président de Paris Habitat, Ian Brossat, Adjoint à la maire de Paris en charge du logement, de l’hébergement d’urgence et de la protection des réfugiés, Jean-Pascal François, Secrétaire fédéral FNSCBA-CGT, Sandra De Giorgio, Architecte, associée fondatrice de NZI Architectes, Anne-Sophie Grave, Présidente du directoire de CDC Habitat, Marjolaine Meynier-Millefert, Députée de l'Isère, Vice Présidente de la commission développement durable, Karine Julien-Elkaïm, Présidente du comité exécutif du groupe Polylogis, Djamel Klouche, Architecte, lauréat du grand prix de l’urbanisme 2021, Patrice Leclerc, Maire de Gennevilliers, Catherine Sabbah, Déléguée générale de l'Institut des Hautes Etudes pour l'Action dans le Logement (IDHEAL) et Guillaume Tapin, Directeur de la construction en Île-de-France, société d'ingénierie Bérim.

8 février 2023
FONCIERS EN DÉBAT

ZAN ou pas ZAN ? Le Grand Poitiers, laboratoire de la sobriété foncière

ZAN, trois lettres qui ont fait couler plus d’encre que de béton, pour un objectif qui interpelle les politiques d’urbanisme et d’habitat de tous les territoires. Le ZAN, fortement décrié par les territoires qui ne sont pas tous égaux dans leurs capacités à mettre en œuvre cet objectif national, pose la question de l’application aveugle aux situations locales d’une loi d’aménagement du territoire. L’ambition du ZAN est-elle globalisante ? A la fois nécessité de faire prendre conscience de l’urgence écologique associée à la consommation foncière et porteuse de plus de défis que ceux auxquelles elle entend répondre ?

L’analyse, certes avec peu de recul, de sa mise en œuvre dans la communauté urbaine du Grand Poitiers, quelques mois après son annonce, révèle un tableau nuancé. Gouvernée depuis 2020 par une coalition de gauche autour de l’écologiste Léonore Moncond’huy, maire Europe Ecologie-Les Verts de Poitiers, et de Florence Jardin, présidente divers gauche de la communauté urbaine, la collectivité avait, avant même la publication de décrets ou de circulaires ministériels, intégré le ZAN dans son agenda local et lancé la révision de ses documents d’urbanisme. L’objectif de sobriété, mot d’ordre de la municipalité pour l’ensemble de ses politiques locales, se traduit aussi dans le domaine foncier, poussant même la collectivité à interrompre des projets d’extension urbaine. Conformément à l’objectif du ZAN, la communauté urbaine cible prioritairement les espaces déjà urbanisés pour développer de nouveaux logements et des activités économiques, encourageant la réhabilitation de logements vacants et de friches industrielles. Elle est soutenue en ce sens par certaines associations locales, dont des mouvements écologistes radicaux qui militent pour que l’objectif soit inscrit dans le Plan local d’urbanisme de l’intercommunalité (PLUI) et pour que la protection des espaces agricoles, naturels et forestiers soit définitivement actée. Signe de son volontarisme en faveur du ZAN, la métropole a remporté en 2021 l’appel à projets « Territoires pilotes de sobriété foncière » développé par Action cœur de ville (ACV), l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) et le Plan urbanisme construction architecture (PUCA), faisant d’elle l’un des sept sites démonstrateurs en France en matière de lutte contre la consommation foncière.

La lutte contre l’étalement urbain est devenue l’un des principaux mots d’ordre des politiques d’aménagement. Depuis deux décennies, des outils législatifs et réglementaires plus nombreux et plus stricts visent à freiner l’urbanisation des terrains agricoles, naturels et forestiers, jugée responsable, notamment, de la détérioration des milieux naturels et de la biodiversité, de la réduction des capacités de production agricole, ainsi que de l’augmentation des émissions de carbone et des coûts d’infrastructure.

Parce que les acteurs locaux du Grand Poitiers n’ont pas attendu la définition par l’Etat de l’objectif ZAN pour mettre en œuvre une politique de sobriété foncière ambitieuse, cet exemple nous apporte une vision des enjeux que pourront poser le ZAN – avec toutes les contradictions qu’entraîne la mise en œuvre par des acteurs locaux d’un objectif défini par l’Etat. Un des arguments principaux mobilisé par les détracteurs du ZAN concerne le renchérissement des coûts du foncier et donc des prix de sortie, causé par la raréfaction des terrains à bâtir. Dès lors, quels leviers en matière de gouvernance urbaine et de développement territorial peuvent permettre de viser un objectif de sobriété foncière, dans la perspective du ZAN, tout en limitant les risques d’accroissement des inégalités territoriales et sociales ? Sans prétendre à l’exhaustivité, cette étude propose d’analyser la mise en place locale d’un dispositif qui a, jusqu’à présent, été principalement étudié sous l’angle national et à travers ses grands principes.

L’ambition affichée de sobriété foncière du Grand Poitiers est marquée par une mobilisation de la collectivité autour de l’objectif du ZAN qui ne fait pas consensus. Si la mise en œuvre de cet objectif pose des défis majeurs, elle peut également être à l’origine d’un renforcement de la gouvernance urbaine, par la nécessaire solidarité territoriale qu’implique sa mise en œuvre .

31 janvier 2023

V comme viager, vie âgée mais chez soi

La rue de la Paix n’a plus la cote… difficile de se relever. Une seule solution avant de passer par la case prison ou faillite : tout liquider. Ou bien… hypothéquer ses biens et découvrir cet état paradoxal que les anglo-saxons nomment « house rich, cash poor » pour désigner les propriétaires bien logés mais sans le sou. L’équation de départ du viager s’appuie sur cette contradiction, et sur l’opportunité de se recapitaliser à partir de sa maison sans déménager : une personne vend son logement en échange d’une rente versée jusqu’à son décès et consomme son propre héritage. L'acquéreur, lui, attend. Difficile d’imaginer destins plus opposés.
Cet aspect risqué et très incertain du dispositif, au moins de sa durée, fait hésiter entre le tragique et le comique. En 1972, Pierre Tchernia campe dans son film Le viager, un médecin qui achète la maison d’un de ses patients n'ayant plus que deux ans à vivre selon son propre diagnostic – qui bien sûr se révèle faux. Une autre anecdote, cette fois bien réelle, rappelle que Jeanne Calment, la doyenne des Français avait vendu sa maison, en viager… à son notaire.

Vendre en viager pour… vieillir chez soi

Tant qu’à mourir, autant finir dans son lit… Les Ehpad ne faisaient déjà pas envie, le Covid et le livre de Victor Castanet, Les fossoyeurs ont achevé leur réputation… Avec l’arrivée à la retraite des baby boomers, ces structures seront de toutes façons insuffisantes. La vente en viager peut être une solution pour transformer sa maison ou payer une aide à domicile. A rebours de l’image négative et angoissante qu’elle véhicule, elle pourrait au contraire fonder une politique publique favorisant le maintien à domicile des personnes âgées. Si actuellement les opérations en viager se concentrent dans les zones les plus tendues du territoire métropolitain (la région Ile-de-France et la Côte d’Azur), les économistes Arnaud Simon et Jean-Baptiste Coulomb considèrent que ce dispositif pourrait servir à dynamiser les territoires vieillissants, en y injectant des liquidités, une « politique vieillesse territorialisée » qui pourrait assurer la revitalisation de bourgs ruraux anémiés dont les services et notamment personnels de santé disparaissent.

Vendre en viager pour … Vivre longtemps et déjouer les pronostics

On n’en est pas encore là… Au bout de 12 siècles d’existence, le viager, connu dans de nombreux pays, représente à peine plus de 1% des transactions chaque année en France. Est-ce parce qu’il remet en question un des attributs et objectifs de la propriété - la transmission d’un patrimoine à ses enfants, et renverse la notion d’héritage ? C’est justement celui qui devrait le léguer qui en profite ! Est-ce bien moral ? Pour les vendeurs comme pour les acquéreurs, le concept même du viager, le pari sur la mort n’est guère incitatif. La vente en viager repose en effet sur le principe d’aléa qui empêche le vendeur comme l’acquéreur au moment de la signature de l’acte de vente, de deviner combien le bien sera finalement payé, ou quand il sera disponible. Un chèque en blanc à un tueur à gage et sans dead-line !

Vendre en viager pour … Voir ses enfants accéder à la propriété de son vivant

Le viager peut aussi servir à favoriser les transferts entre les générations : pas la maison, mais sa valeur… Les prix de l’immobilier a augmenté de 250% entre 1997 et 2017, le patrimoine des propriétaires a gonflé d’autant. Le viager permettant au vendeur de disposer comme il le souhaite et en complément de la rente, d’un “bouquet” versé en une fois, libre à lui de l’offrir à ses enfants, de son vivant. Ils héritent aujourd'hui en moyenne à 52 ans, et pourraient avantageusement profiter d’un coup de pouce un peu plus tôt. Le potentiel serait énorme : le patrimoine mis en viager en 2021 ne représente que 0,2% des 1 000 milliards d’euros stockés dans les murs et les matelas des retraités. Un sacré magot et un projet de retraite, intéressants en ces temps incertains …

Vendre en viager sans… Vendre son âme à des fonds vautours

Les investisseurs professionnels ne s’y sont pas trompés : des fonds spécialisés achèteraient des dizaines de biens, limitant leur risque en le mutualisant. Ces nouveaux acteurs paient cash, tout et tout de suite, ce qui élimine le pari sur la mort et l’incertitude sur la somme finale. Ainsi, 7% des acquéreurs d’un logement en viager en 2022 étaient des investisseurs institutionnels, attirés par la rentabilité du dispositif. Elle est par nature difficile à calculer, à partir du prix d’achat décoté. Financiarisation (morbide) du logement ou calcul gagnant - gagnant ? Sachant que ce marché immobilier est le seul dont l’offre domine largement la demande, l’intérêt de ces nouveaux acteurs n’est pas forcément à voir d’un mauvais œil. La ville de Paris, dont la population vieillit, serait même prête à se lancer, pour reconstituer son parc social.

29 janvier 2023
Conseil Régional de l'Ordre des Architectes Auvergne-Rhônes-Alpes

40% des architectes en difficulté selon le CROA AURA

Réparer la ville en priorisant la réhabilitation, tenir compte du changement climatique et décarboner la construction en développant de nouvelles filières de matériaux, telles sont quelques-uns des objectifs d’une profession dans le doute.

Les architectes traversent une période difficile. « 40 % des architectes en situation délicate face à une chute du nombre de projets » selon la présidente l’Ordre des Architectes d’Auvergne Rhône-Alpes, Isabelle Dieu. D’abord le dérèglement climatique s’accélère avec des épisodes climatiques extrêmes qui se multiplient et sont amenés à s’intensifier. Selon le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre de février 2022, le mal-logement touche 12 millions de Français. Les logements collectifs construits depuis 20 ans sont plus petits, plus difficiles à meubler, moins lumineux et sans espace extérieur selon l'étude « Nos logements, des lieux à ménager » d'IDHEAL. Ensuite, l'étalement périurbain et l’urbanisme de « zones » ont dominé la fabrication de la ville ces dernières décennies. Ils fragilisent les habitants, entraînant une dépendance à la voiture et aux énergies fossiles. Enfin, selon l'ADEME, la construction est responsable du tiers des émissions carbone en France et représente plus de 40 % de l’énergie consommée. La disparition de sols fertiles, avec 60 000 hectares de terres arables artificialisés chaque année depuis 40 ans, participe au déclin de la biodiversité et des écosystèmes naturels.

L’Ordre des Architectes met en avant un certain nombre de solutions. La première : « construire sur l’existant ». La ville de 2050 est déjà construite à 80 % ! « Faire la ville de demain, c’est réparer la ville d’aujourd’hui, réhabiliter l’existant de manière vertueuse : réemployer les matériaux, transformer l’usage des bâtiments, mobiliser les bureaux vides et les logements vacants ». Il s’agit aussi de « réutiliser, réemployer, recycler ». « Nous pouvons revaloriser les ressources gaspillées. Employer des matériaux renouvelables, moins énergivores et peu polluants, comme le bois, la terre crue, la paille, ou le chanvre. Offrir de nouveaux débouchés aux filières agricoles et sylvicoles et créer des filières locales créatrices d’emplois ». Plus globalement, il s’agit de s’appuyer sur l’expertise des 30 000 architectes français pour transformer les villes. Construire, rénover et développer des modes constructifs innovants… Rencontre avec Isabelle Dieu, présidente du Conseil Régional de l’Ordre des Architectes d'Auvergne-Rhône-Alpes, à l’occasion de la cérémonie des vœux 2023 du CROA AURA au H7 à Lyon.

17 janvier 2023
INSTITUT PARIS RÉGION PASCALE LEROI, LUCILE METTETAL, FLORIAN TEDESCHI

À distance, la révolution du télétravail

C’est arrivé. La pandémie a imposé le télétravail partout dans le monde et dans les métropoles. Les réticences ont cédé, travailler à distance est devenu une réalité incontournable, souvent recherchée, parfois redoutée ou combattue. Le télétravail s’est imposé à nous. Aujourd’hui, il éveille nos imaginaires, en positif comme en négatif. Côté pile, il pourrait apaiser nos quotidiens, allonger nos nuits, rapprocher les familles, faire se rencontrer les voisins, réduire la pollution en évitant les déplacements domicile-travail, dynamiser les communes rurales et périurbaines, augmenter la productivité et faire baisser la facture immobilière des entreprises. Côté face, il pourrait créer des tensions entre les télétravailleurs et les autres, entre ceux qui peuvent assouvir leurs aspirations à vivre ailleurs et les captifs d’une proximité géographique indispensable à leur emploi, détruire les collectifs de travail, isoler encore davantage, désorganiser les services locaux, ou encore faire monter les prix de l’immobilier dans les zones résidentielles recherchées. Mais que se passe-t-il exactement ? Quelle est la réalité du télétravail trois ans après le début de la pandémie ? Pour la première fois, géographes, sociologues, anthropologues, élus, citoyens, entrepreneurs, etc. se penchent sur les conséquences de cette nouvelle donne et les trajectoires qu’elle dessine. Le bureau va-t-il disparaître ? Les citadins vont-ils fuir les métropoles ? La seule certitude est que le télétravail est en passe de modifier les équilibres sociaux et territoriaux sur lesquels nous vivons depuis des décennies, et qu’il impose une nouvelle vision du monde à venir.

25 novembre 2022
BATIWEB MARIE GÉRALD

CNR : le Gouvernement va lancer le volet Logement

Souhaité par le président de la République, le Conseil National de la Refondation (CNR) a pour ambition d’apporter des solutions sur les défis à venir, tant au niveau national que local. Ce lundi 28 novembre, le volet Logement sera officiellement lancé par le Gouvernement. Ces concertations auront lieu sur trois mois et se déclineront en trois grandes questions.

Après le Conseil National de la Refondation (CNR) dédié à la Santé et au Numérique, c'est un nouveau grand chapitre de concertation qui va s’ouvrir ce lundi 28 novembre, a annoncé le ministre délégué au Logement, Olivier Klein. Associations, promoteurs, chercheurs, bailleurs sociaux ou encore l'organisme Action Logement et l'Union Sociale de l'Habitat (USH), seront conviés à ce conseil, dont les discussions doivent s'étendre sur trois mois.

Ce CNR logement voulu par le ministre comme « plein et entier », sera co-animé par Véronique Bédague, directrice générale du promoteur Nexity, et Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. Il réunira une « union sacrée autour des problématiques du logement », a-t-il promis.

Trois grandes questions seront déclinées. La première, « Comment redonner aux Français le pouvoir d'habiter ? » sera centrée sur les besoins des Français vis-à-vis de leur logement, dont les débats seront assurés par le maire (PS) de Villeurbanne Cédric van Styvendael, et le directeur général d'Emmaüs Habitat, Serge Contat.

Le deuxième grand thème portera sur « Réconcilier les Français avec l'acte de construire » et fera écho à une demande répétée des promoteurs et constructeurs. Ces discussions seront pilotées par Catherine Sabbah, déléguée générale de l'institut de recherche IDHEAL, et l'ancien député de la majorité Mickaël Nogal.

La troisième réflexion sera quant à elle orientée autour de la Transition écologique et énergétique, et traitra notamment des questions de rénovation énergétique. Elle sera animée par la députée de la majorité Marjolaine Meynier-Millefert, et la présidente du Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA), Christine Leconte.

L’objectif de ces concertations sera d'élaborer « des propositions opérationnelles », et le travail réalisé aura « probablement des traductions législatives », assure le ministre délégué au Logement.

25 novembre 2022
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

Lancement du CNR logement lundi 28 novembre 2022 à Paris

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, et Olivier Klein, ministre délégué à la Ville et au Logement, lanceront le Conseil National de la Refondation volet logement, le 28 novembre à la Maison de l’Architecture, en présence de François Bayrou, Haut-Commissaire au Plan, Secrétaire général du CNR, Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes Handicapées, et d’Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les Femmes et les Hommes, de la Solidarité et de l’Egalité des Chances.

Le logement est le principal poste de dépense des Français, le Président de la République a donc souhaité un Conseil National de la Refondation plein et entier qui embrasse toutes les facettes du logement.

Pour dégager des solutions et dessiner ensemble la politique du logement en France, trois grandes ambitions vont guider les échanges de ce CNR : une ambition sociale, avec l’hébergement d’urgence et le logement social ; une ambition économique, pour rénover et construire davantage ; une ambition écologique, pour que le logement s’adapte aux transitions.

Les conclusions du CNR permettront d’identifier des pistes d’actions concrètes, à la fois au niveau national en terme d’objectifs, d’outils, de gouvernance et de moyens, mais aussi localement pour faire naitre des solutions concrètes et adaptées à chaque territoire.

15 novembre 2022
UNION SOCIALE POUR L'HABITAT MAGALI TRAN

Construction neuve : et si l'on revoyait les zonages ?

Une zone rurale peut être dynamique en termes de construction de logements, comme un milieu urbain peut être à la traîne, voire à l’arrêt. Avec une étude sur Les territoires de la (non) production de logements en France, IDHEAL Recherche remet en question le zonage et les politiques d’aides.

Et si le zonage A, B et C et la dichotomie zone tendue / zone détendue étaient dépassés ? Au-delà de l’approche purement quantitative de construction, une étude des chercheurs Alexandre Coulondre et Vincent Lasserre-Bigorry pour Idheal Recherche (Institut des hautes études pour l’action dans le logement) s’intéresse aux façons de produire du logement en France et à leurs impacts sur les territoires. Sur une moyenne de 336 000 logements annuels produits entre 2010 et 2019, à l’échelle nationale, 40% de la construction s’est concentrée dans seulement 1% des communes, et, inversement, 60% des communes n’en ont construit aucun ou un seul par an en moyenne.

L’étude définit ainsi une nouvelle typologie de territoires intercommunaux : les “bâtisseurs”, les “modérés”, et ceux qui sont “en retrait”. Et on les retrouve chacun dans des géographies différentes, que ce soit le milieu urbain, le périurbain ou le rural. Sur 1 261 EPCI, 401 sont des “bâtisseurs” (32%). Dans ces territoires, la production de logements est “dominée par les acteurs de marché, les promoteurs immobiliers et les investisseurs”. Les bailleurs sociaux y sont présents “mais ne représentent pas une part significative de la production de logements”. Plus de la moitié de la production de logements se concentre en zone urbaine, souvent dans les métropoles. Mais les volumes les plus importants sont produits chez les bâtisseurs périurbains. “C’est bien là que se concentrent les acteurs de marché parce que le différentiel entre le prix des terrains et celui des logements construits est le plus grand, et donc la valeur à capter la plus importante”, souligne l’étude, qui cite à titre d’exemple la communauté de communes du Genevois ou la communauté d’agglomération du Pays de Gex. Dans les territoires bâtisseurs ruraux, l’offre touristique est importante (communautés de communes de l’Île d’Oléron ou du Val Vanoise). Toutes zones géographiques confondues, c’est dans ces territoires bâtisseurs que la hausse des prix des logements est la plus forte, ce qui vient “questionner l’idée de l’efficacité d’un “choc d’offre” dont on attendrait qu’il fasse, au contraire, baisser les valeurs”, observent les auteurs.

L’intensité de production de logements est qualifiée de moyenne à faible dans la catégorie des territoires dits “modérés”, composée de 201 intercommunalités (15%). Le manque de réserves foncières ou de friches rapidement transformables est l’un des facteurs explicatifs de ce faible développement, notamment dans la métropole parisienne. Pour les “modérés périurbains”, “la construction de logements est surtout portée par le secteur social, dont la part dépasse souvent les 20%, par exemple dans la communauté urbaine de Saint-Dizier, Der et Blaise”. Dans le milieu rural, la dynamique est davantage portée par les ménages, qui font construire leur maison individuelle.

Les territoires “en retrait” sont assimilés à des “déserts constructifs”. Dans ces 659 intercommunalités (53%), on construit peu ou très peu, y compris des logements sociaux. Les “urbains en retrait” représentent les centres urbains les moins attractifs où l’enjeu est davantage de gérer la vacance résidentielle que de produire des logements. L’étude cite Saint-Étienne ou la communauté de commune de Millau Grands Causses. Les périurbains en retrait sont assez éloignés des centres urbains peu attractifs et peu actifs, y compris sur le maché de l’ancien, comme la communauté d’agglomération de Lisieux Normandie. Enfin, dans les territoires ruraux en retrait, à peine 4 000 logements sont construits, essentiellement à l’initiative des ménages. Ces observations conduisent les chercheurs à s’interroger sur la pertinence des zonages. Poussant plus loin l’analyse, ils identifient quelques “découplages géographiques notables”. Il en va ainsi de 11% des territoires classés en zone C (zone détendue ne bénéficiant d’aucune aide) qui se révèlent dynamiques (catégorie des périurbains bâtisseurs). C’est le cas du Grand Chambord ou de Cœur Savoie. De même, 11% des intercommunalités en B2 (zone peu tendue) sont des “urbains bâtisseurs”, la catégorie la plus dynamique en matière de construction, comme Brest Métropole ou Béziers Méditerranée. Au-delà de l’exercice de typologie, l’étude soulève une autre question : “Les aides sont-elles octroyées pour renforcer une dynamique déjà présente ou pour pallier l’absence de marché ?”

15 novembre 2022
UNION SOCIALE POUR L'HABITAT COLLECTIF

Au sommaire d'Actualités Habitat USH (novembre 2022)

Le dernier numéro d’Actualités Habitat, le magazine d’information de l'Union Sociale pour l'Habitat et du Mouvement HLM, vient de paraître ce 15 novembre 2022. Au sommaire de ce numéro : l’éditorial d’Emmanuelle Cosse, Présidente de l’USH, la présentation des six projets du programme de recherche 2022-2025 sur « les défis économiques d’un foncier et d’un logement abordables », et une étude d'IDHEAL Recherche qui remet en question le zonage et les politiques d’aides.

8 novembre 2022
CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE DES ARCHITECTES

Les territoires de la (non-)production de logements en France

L'institut IDHEAL a commandé à deux chercheurs une étude qui révèle la géographie de la construction (et de la non-construction) de logements en France, et met en lumière l'extrême concentration de la production. Cette étude éclaire les dynamiques territoriales du logement et le rôle des politiques publiques.

Où construit-on des logements en France ? Peut-on mesurer le « ruissellement » de chaque mètre carré construit à ses effets sur le développement urbain, l’artificialisation des sols, les recettes fiscales locales, les prix et finalement, l’essentiel, l’accès des ménages à un toit ? Dans cette nouvelle étude pour IDHEAL, Alexandre Coulondre (consultant indépendant et chercheur associé au LATTS - Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés) et Vincent Lasserre-Bigorry (consultant indépendant et chercheur associé au LVMT - Laboratoire Villes, Mobilités, Transports) livrent une géographie de la production des logements à l’échelle des intercommunalités en France métropolitaine. Ils définissent des modèles de production à partir de 3 facteurs : l’intensité de la construction, c’est-à-dire le nombre de logements produits rapporté au stock ; la présence de professionnels de la production de logements, promoteurs immobiliers ou lotisseurs ; la production de logements sociaux, rapportée à l’ensemble des logements produits.

27 octobre 2022
CADRE DE VILLE Rémi Cambau

Logement : la construction se concentre dans un tiers des intercommunalités

Plus encore, 53% de la production résidentielle se concentre dans 109 EPCI sur 1 261. La dernière étude d'IDHEAL propose une image très contrastée de la construction de logements : un tiers des intercommunalités françaises peuvent être considérées comme "bâtisseuses", affichant une forte intensité de construction. En revanche, pour 15% "modérées", elles sont 53% "en retrait". L'étalement urbain ressort également de cette étude, comme un phénomène minoritaire, important mais très dispersé.

28 octobre 2022
AEF INFO ARNAUD PAILLARD

Le ZAN à l’épreuve du réel, avec le cas du Grand Poitiers

IDHEAL a présenté mardi 25 octobre une étude réalisée par des étudiants de master de l’université Paris Dauphine sur la mise en application de la politique du zéro artificialisation nette au sein du territoire du Grand Poitiers. Entre exacerbation de la spéculation immobilière et foncière, difficulté à bâtir des logements sociaux et rejet de construction neuve...

27 octobre 2022
LE JOURNAL DU GRAND PARIS

Logement : en attendant le choc d'offre

L’Institut des Hautes Etudes pour l’Action dans le Logement (IDHEAL) décrit, dans une étude qui vient de paraître, les déséquilibres spatiaux de la production de logements en France.

Ainsi, 60 % des communes de France ont produit au cours de la dernière décennie (2010-2020) moins de quatre logements par an ; à l’inverse 40 % des logements ont été produits dans seulement 1 % des communes, c’est-à-dire plus de la moitié de la production dans une centaine d’intercommunalités ; construction ne rime pas systématiquement avec artificialisation : certaines familles de territoires, comme les intercommunalités du périurbain, artificialisent de moins grandes surfaces pour le même nombre de logements…

27 octobre 2022
BUSINESS IMMO

IDHEAL dessine les pistes d’une géographie renouvelée de la politique du logement

Où construit-on des logements en France ? Et peut-on mesurer le ruissellement de chaque mètre carré construit, à ses effets sur le développement urbain, l’artificialisation des sols, les recettes fiscales locales, les prix et finalement, l’essentiel, l’accès des ménages à un toit ? Tel était l’objet de l’étude menée Alexandre Coulondre et Vincent Lasserre, pour l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), à travers une approche quantitative, qualitative et géographique, qui permet de raisonner à l’échelle des intercommunalités plutôt qu’en considérant des moyennes nationales ou même régionales.

Cette étude « permet de disposer d’une vision territoriale très fine des dynamiques productives et de leurs variations selon les contextes locaux, travail qui n’avait pas été mené jusque-là », apprécie Jean-Claude Driant, professeur à l’École d’urbanisme de Paris et membre du comité d’orientation d'IDHEAL. Elle dessine ainsi les pistes d’une géographie renouvelée de la politique du logement et interroge aussi sur les logiques de production, alors que les projections démographiques montrent que les besoins, comptabilisés en termes de ménages supplémentaires à loger (compte tenu du solde migratoire, naturel et des décohabitations), vont en diminuant. « Les perspectives ouvertes par cette étude sont nombreuses et devraient réjouir d’avance l’ensemble du monde du logement et de l’habitat », analyse Pierre Madec, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) de Sciences Po, également membre du comité d’orientation d'IDHEAL.

La construction de logements neufs a varié en France de 305 000 à 380 000 unités au cours de la dernière décennie. Trop ? Pas assez ? L’étude ne cherche pas à savoir si ce volume moyen de 336 000 logements annuels est suffisant, mais à déterminer dans quels types de territoires ces maisons et appartements ont été bâtis. Ainsi, entre 2010 et 2019, 40 % de la construction était concentrée dans 1 % des communes. En parallèle, 60 % des communes n’ont construit aucun ou qu’un seul logement en moyenne par an au cours des dix dernières années.

Se distinguent alors, selon les auteurs de l’étude, les « bâtisseurs », les « modérés » et les « en retrait », qui donnent une image inédite de la production résidentielle répartie entre 1 261 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Une image plus fine et précise que le zonage ABC, répartissant les communes entre tendues ou détendues et dont on ne connaît pas la méthode d’élaboration, expliquent-ils.

Les bâtisseurs forment un groupe de 401 intercommunalités (32 %), au sein desquelles la production de nouveaux logements est très intense alors même que le stock de logements est souvent déjà très important. Les modérés (201 intercommunalités, 15 %) présentent des situations contrastées : le logement social tire la production de logements vers le haut. Enfin, dans les territoires en retrait (659 intercommunalités, 53 %), il ne se construit quasiment rien relativement aux autres catégories.

Autres conclusions : les modèles locaux de production du logement dépassent les distinctions « urbain/rural » et « marché tendu/détendu », qui fondent pourtant une partie de la politique du logement ; construction ne rime pas systématiquement avec artificialisation ; construction n’est pas toujours attraction ; le zonage ABC, support des dispositifs d’incitation à l’investissement par la défiscalisation, est partiellement découplé des dynamiques de la production. Reste à savoir s’il faut renforcer ou soutenir, rattraper ou encourager…

« La question est clairement posée de savoir si les zonages sont encore efficaces pour produire des logements là où se trouvent les besoins, donc pour intensifier la production, ou s’ils servent à orienter la production dans des zones jugées déficitaires », s’interroge le think tank.

27 octobre 2022
LES ÉCHOS ELSA DICHARRY

Immobilier : 1 % des communes concentrent 40 % de la construction neuve

Où sont construits les logements en France ? Et qu'est-ce qui fait qu'un territoire est plus ou moins bâtisseur ? C'est à ces questions qu'a tenté de répondre l'Institut des Hautes Études pour l'Action dans le Logement (IDHEAL), dans une étude commandée à Alexandre Coulondre (LATTS - Laboratoire technique, territoires et sociétés) et Vincent Lasserre-Bigorry (Université Gustave-Eiffel).

Premier enseignement de cette étude : entre 2010 et 2019, 1 % des communes seulement ont concentré 40 % de la production de logements. Toulouse, Nantes, Montpellier ou Strasbourg sont en tête des communes les plus bâtisseuses de France sur la dernière décennie. Parmi ces 350 communes, on trouve aussi en haut de liste Rennes, Bordeaux, Nice, Lille, Villeurbanne, Annecy et Dijon. En Ile-de-France, la première ville du classement est Saint-Denis. Dans le même temps, 60 % des communes ont vu sortir de terre moins d'un logement en moyenne chaque année, entre 2010 et 2019...

25 octobre 2022
AEF INFO LINA TRABELSI

L’étude "Territoires de la (non-)production" d'IDHEAL balaie certaines idées reçues sur la politique du logement

Alexandre Coulondre (Laboratoire technique, territoires et sociétés) et Vincent Lasserre-Bigorry (Université Gustave-Eiffel) signent pour IDHEAL une étude sur la géographie de la production – et de la non-production – de logements en France. Proposant de dépasser le clivage entre urbain et rural et entre maires bâtisseurs et maires réticents à construire, l'étude, présentée le 25 octobre 2022, remet en question certaines idées reçues sur la politique du logement.

20 octobre 2022
Pavillon de l'Arsenal

Le logement dans tous ses états

Le logement est devenu un enjeu central des politiques publiques dans le monde entier à plusieurs titres. Le confinement de la majeure partie de la population a montré combien le fait de permettre à tous de disposer d’un logement décent avec suffisamment d’espace et ouvert sur l’extérieur était essentiel. La question des modes d’accès au logement est donc cruciale. Il en est de même de la question de leur construction et de leur transformation alors même que les enjeux du changement climatique prônent la sobriété foncière. Le monde entier est confronté à ces défis majeurs. De nombreux pays ou organisations internationales se sont déjà mis au travail pour les relever. Le colloque du 20 octobre prochain organisé par la Fondation pour le droit continental vise à mettre l’accent sur ces défis internationaux en ce qui concerne l’accès au logement et l’adaptation du logement aux enjeux sociétaux et environnementaux.

Un évènement tenu au Pavillon de l'Arsenal, en partenariat avec ONU-Habitat, l’Agence Française de Développement (AFD), la Caisse des Dépôts, l’Institut des Hautes Études pour l’Action dans le Logement (IDHEAL), Habitat et Humanisme, l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), le Pavillon de l’Arsenal, le Conseil supérieur du notariat (CSN), les Notaires du Grand Paris, le Conseil national des barreaux (CNB)

7 octobre 2022

C comme Cuisine, recette d'une dilution annoncée

Est-ce même une pièce? Après tout, un trois-pièces c’est un séjour et deux chambres. La cuisine n’est même pas mentionnée. Parce que sa présence est évidente? Ou bien parce que, si petite, elle n’est même plus décelable sur un plan, réduite à une kitchenette, ou un coin cuisine qui dit bien ce qu’il est. L'histoire de la cuisine est celle d’une lente dilution spatiale. De la pièce commune des fermes qui servait à tout et à tous, au comptoir de petits appartements, le compactage aura pris environ un siècle. La cuisine “ouverte” est américaine, c’est bien outre atlantique que naissent, à la fin du 19ème siècle, les réflexions sur l’économie ménagère. Halte au procès en patriarcat! Ce sont souvent des femmes, ingénieures, architectes, qui imaginent de nouveaux espaces, plus rationnels.

Pour gagner du temps perdez des m2
Pour gagner du temps, perdez des mètres carrés, explique l'architecte Catherine Clarisse dans ses géniales recettes d’architecture… C’est bien pour faciliter un travail qu’elles sont les seules à accomplir, que certaines femmes réfléchissent à la meilleure manière d’en faciliter l’intendance. Dans les années 20, Paulette Bernège, critique et autrice d’ouvrages sur les arts ménagers, imagine ainsi des cuisines taylorisées en encourageant les femmes à définir les espaces dans lesquels elles seront amenées à vivre. Plus la cuisine est petite et moins l'épouse et mère de famille et ménagère, aura de pas ou de mouvements à faire pour atteindre l’efficacité maximale d’une “Shiva” aux 1000 bras, capable de tout attraper sans avoir à se lever, à la fois maîtresse et esclave de cet espace contraint. La petite cuisine de Margarete Schütte-Lihotzky reproduite à plus de 15.000 exemplaires à l’occasion du développement d’un nouveau quartier de Francfort à la même époque, mesure 6,27m2. Denrées, ustensiles et appareils ménagers, tout est à portée de main et la distance parcourue pour les tâches quotidiennes passe de 97 mètres à 8. Dans l’unité d’habitation de Marseille construite en 1952, Charlotte Perriand et Le Corbusier se concentrent sur la question du stockage et des flux. En rattachant la cuisine au système de ventilation, ils la font communiquer avec le couloir de l’immeuble pour faciliter les livraisons, mais l’éloignent de la façade. La porte est supprimée pour ne pas séparer la cuisinière de sa famille ou des personnes qu’elle reçoit, mais la cuisine ou ce qu’il en reste perd aussi sa fenêtre et la lumière naturelle. La pièce rétrécit encore jusqu’à 4,7 m2.
Question de genre
Dans un tout autre genre, en 1959, Hugh Hefner plus connu comme éditeur du magazine Playboy que comme aménageur pense aux hommes. Dans l’appartement de célibataire destiné à forger une identité masculine ancrée dans la modernité des grandes villes américaines, la cuisine n’est plus qu’un meuble, mais un beau! Cette kitchenless-kitchen, la cuisine sans cuisine rend le proverbial fourneau inutile. Minutieusement décrite et allégée de toutes les taches salissantes ou désagréables, elle constitue aussi ou surtout une des 25 étapes -celle où l’on boit des cocktails- du parcours très étudié censé mener la conquête du célibataire, de la porte jusqu’à son lit.
Pour gagner de l'argent perdez des m2
L’efficacité, teintée de féminisme, est bien pratique pour gagner de la place. Peu à peu, la cuisine ouverte sur le salon perd son statut de pièce pour s'aplatir sur un seul mur auquel sont suspendus quelques cubes de rangement, délimitée au sol par une petite surface de carrelage. Nos cuisines ne dépassent guère celles décrites plus haut comme des records minimalistes. En moyenne , 6,1 m2 dans l'échantillon de l'étude de l'étude d'Idheal sur la qualité des logements
dont 70% n'ont pas de porte. Plusieurs raisons techniques et administratives expliquent cette fusion, et en premier lieu, la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances qui impose, dans chaque pièce un rayon suffisant pour permettre à un fauteuil roulant d’effectuer un demi-tour: sans mur, c’est plus facile. Perdez des mètres carrés pour gagner du temps, disait-on, et de l’argent… Une pièce au lieu de deux, c’est aussi moins cher.
Aveugle ou borgne?
Alors, ouverte ou fermée? Mieux ou moins bien? Les avis sont partagés. La taille des cuisines a-t-elle fait baisser l’envie de mettre les petits plats dans les grands ou est-ce l’inverse ? Si les étudiants ou les jeunes actifs peuvent se contenter d’un comptoir car ils se font livrer ou dinent dehors, la table devient nécessaire avec de jeunes enfants et “cuisiner”, comme son nom l'indique, ne se fait pas dans le salon. L’évolution des plans a toutefois dans bien des cas rendu les choses irréversibles. Que les cuisines s’ouvrent soit, qu'elles ne puissent plus se refermer, voilà qui est plus ennuyeux. C’est pourtant le cas lorsque le “coin” situé au fond du salon ne dispose pas de fenêtre. Impossible alors d’imaginer, un jour, retrouver l’usage d’une pièce, car elle serait aveugle.

  • Catherine Clarisse, Cuisines, recettes d'architecture, Eyrolles 2004, 256p.
    *Nos logements, des lieux à ménager, idheal.fr
1er octobre 2022
PAVILLON DE L'ARSENAL ACHILLE BOURDON, LUCIE JOUANNARD (SYVIL ARCHITECTURES)

Au placard ?

Étagère de Cuisine, Henri Cadiou, 1963. Illustration en couverture de l'ouvrage Les Choses, Georges Perec, 1965.

Dans l’espace urbain, la question de la gestion de nos biens, de leur déplacement ou de leur stockage est un tabou. La recherche d’invisibilisation ou de relégation des entrepôts loin des centres-villes en témoigne. Nos sociétés cherchent à dissimuler les dimensions les plus fonctionnelles de nos modes de vie, jugées les moins nobles, et peinent à vouloir reconnaître l’empreinte matérielle et les contingences sociales qui y sont pourtant irrémédiablement associées. Dans le logement, notre rapport aux objets est également un sujet défendu, car trop intime. Il suffit de s’imaginer fouiller les placards d’un proche, un geste bien malvenu, pour en prendre la mesure. Nos possessions révèlent notre rapport à la consommation, renvoient à notre histoire, à nos souvenirs, à nos goûts ; nous flattent, mais aussi nous trahissent. Soit tabou, soit trop intime, le sujet du rangement est-il impossible à saisir par les architectes ? Incités à la neutralité, les architectes ont-ils choisi, consciemment ou inconsciemment, de rester dans une forme de réserve ? Peut-on faire l’hypothèse que le rangement soit peu abordé par les architectes parce qu’il interroge trop fortement leur pratique actuelle et la confronte à ses limites ? Si oui, quelles seraient ces prises de position que ne pourrait assumer l’architecte ?

Face à la problématique du logement compact, les architectes contemporains pourraient envisager de s’inspirer de leurs homologues modernes, en particulier de leurs explorations sur le logement minimum. Ces derniers se sont beaucoup penchés sur la question du mobilier et du rangement, en premier lieu dans une attitude critique vis-à-vis du logement bourgeois. Ses intérieurs saturés de décorations en tout genre étaient vécus comme oppressants, et son mobilier fut dénoncé pour son luxe ostentatoire, mais surtout pour son encombrement inadapté aux petites surfaces sur lesquelles ces architectes travaillaient. Dans une volonté de « démeubler », le Mouvement moderne a prôné la suppression du mobilier fixe, par exemple les armoires, et son remplacement par des placards intégrés à l’architecture. Le reste du mobilier devait être mobile et déplaçable, comme le proposa l’atelier Le Corbusier au Salon d’automne de 1929, avec son programme d’équipement de l’habitation constitué uniquement de trois types de meubles : des tables, des chaises et des casiers censés « répondre à tous les besoins de rangement dans l’habitation».

Vivement critiqué car jugé trop prescriptif, le fantôme du fonctionnalisme plane encore aujourd’hui sur la pratique des architectes qui se construit à l’opposé. La pertinence d’une attitude engagée sur la définition d’un logement à l’échelle du mobilier se heurte aujourd’hui à la diversification des pratiques et des modes d’habiter. Le modèle de famille nucléaire, sur lequel se basaient les modernes pour leur conception, n’est plus représentatif et ne peut plus, en ce sens, constituer une norme. Familles monoparentales, recomposées, colocations, cohabitations intergénérationnelles, célibataires, personnes âgées : cette grande diversité de profils rend caduque toute ambition d’un aménagement type. Une réflexion à l’échelle de l’usager semble désormais impossible. Un impensé s’y est substitué, sous couvert de neutralité. En témoigne le mobilier qui n’a plus sa place dans les plans d’architectes, mis à part pour renseigner sur la destination des pièces ou vérifier le respect des normes d’accessibilité concernant les personnes à mobilité réduite. Le processus de vente en état futur d’achèvement (VEFA), selon lequel l’appartement est conçu sans que soient connus ses habitants, réduit fortement la plus-value dont peut bénéficier l’architecte dans le cadre d’une commande personnifiée. L’engouement pour les revues d’architecture et de décoration titrant sur l’optimisation des petites surfaces montre pourtant le succès du travail de l’architecte dans le sur-mesure. Les grandes enseignes de bricolage et d’ameublement, ainsi que les cuisinistes déploient tous leurs efforts pour répondre à ceux qui n’auraient pas les moyens de recourir aux services d’un architecte ou aux acquéreurs d’un logement neuf, à travers une offre de services prétendument personnalisée mais généralement stéréotypée. Les conseils prodigués sont identiques d’un acheteur à l’autre, l’incitant à s’équiper, par exemple, d’une cuisine dernier cri, systématiquement séparée du salon par un bar. Ils se révèlent souvent inadaptés et cachent parfois une incitation à la consommation, favorable à ce commerce.

Il est indéniable que le logement compact doit a minima rendre possible la mise en place de dispositifs de rangement permettant d’organiser son rapport aux choses matérielles, sans que celles-ci envahissent son occupant ni n’interfèrent avec son bien-être. Cependant, cette considération est balayée par « l’industrie » du logement qui, pour se prémunir de l’écueil de la surdétermination, cherche à gommer toute particularité d’un logement, craignant le risque commercial. Un logement plus grand, plus cher, présenterait le risque d’être déclassé face à la concurrence. Seulement, elle reproduit ainsi le même écueil : celui d’une standardisation excessive des espaces pour un Français moyen qui n’existe plus. Force est de constater un décalage avec les autres secteurs de l’industrie, et notamment ceux du design industriel qui appréhende largement cette problématique en portant leurs recherches sur la manière d’adresser un produit à une catégorie d’usager adossé à un marketing puissant. Proposer une diversité d’offres spécifiques est-il réellement inaccessible au monde de l’immobilier ? Appréhender une diversité d’usagers, accompagner la capacité d’évolution des logements ne sont-ils pas des enjeux qui mériteraient d’être travaillés pour une diversification des « produits » proposés ?

La spatialité moderne repose sur un idéal de désencombrement mettant en valeur une fluidité des espaces, l’organisation de continuités ou encore de prolongements entre intérieur et extérieur. Le stockage entre en conflit avec cet idéal. Au-delà de ce constat, la connotation négative du stockage s’est renforcée depuis quelques années, liée à une prise de conscience de l’impact écologique de notre surconsommation. Un discours émerge sur la nécessité d’entretenir un rapport plus sain et raisonné à la possession d’objets. Le best-seller international La Magie du rangement (2010) en est un exemple. Son auteure, la Japonaise Marie Kondo, nous conseille de ne conserver que les objets qui nous apportent de la joie. Ne pas traiter du sujet permet aux architectes d’éviter la polémique. Dans une étude de 2018, l’Ademe avait diagnostiqué un impact environnemental fort lié à l’encombrement de nos logements, considérant que 2,5 tonnes d’objets y sont en moyenne accumulées, ceux-ci ayant mobilisé 45 tonnes de matières pour leur fabrication.

En avril 2021, l’Ademe a donc lancé l’opération « Osez changer : Mieux consommer et vivre plus léger », qui visait à accompagner vingt et un foyers témoins dans le désencombrement de leur logement et les amener à une consommation plus raisonnée. Une équipe de home organizers a aidé chacun des foyers, de profils variés, à inventorier et trier six catégories d’objets. Les témoignages des personnes ayant participé au programme révèlent une différence souvent importante entre le nombre d’objets qu’elles pensaient posséder et le nombre d’objets qu’elles possèdent réellement : « j’étais choquée par les objets étalés », « je ne me rendais pas compte que j’en avais autant, et je ne pensais pas pouvoir en sortir autant ». D’autres témoignages mettent le doigt sur l’aspect inflationniste du rangement : plus on en a, plus on consomme sans que cela s’avère nécessaire. « Nous sommes arrivés dans une maison plus grande, et nous nous sommes dit, c’est bon, nous pouvons leur offrir des jouets, y a plus de place ! […] Puis, finalement, ce qui m’a fait tilter : nous nous sommes rendu compte que notre fille ne joue pas avec la moitié des jouets qu’elle a. Plus y en a et moins elle joue, elle ne sait plus quoi choisir pour jouer. » Le programme a conduit ses participants à considérer les « objets dormants » comme polluants, vecteurs de gaspillage. Ce désencombrement a eu des conséquences assez édifiantes. En moyenne, 31 % des objets ont quitté les logements des participants au programme, avec un gain de place estimé entre 30 et 60 % selon les foyers. Certaines personnes ont même renoncé à un déménagement à l’issue du désencombrement : « Nous pensions déménager dans un espace plus grand, mais nous avons finalement décidé de rester, car nous nous sentons beaucoup moins à l’étroit depuis le désencombrement. » À la lecture des résultats de cette étude, nous pourrions presque en conclure que le problème du rangement est mal posé : la question serait celle de notre surconsommation et non un déficit d’espaces de rangement ou de qualité des logements. Pour autant, l’opération de l’Ademe ayant été réalisée à l’échelle nationale, il semble que les conclusions diffèrent en ce qui concerne le logement collectif neuf, dont la qualité d’usage s’est suffisamment dégradée au fil des dernières décennies pour que le rangement reste un enjeu fort, au-delà des problématiques environnementales de surconsommation.

L’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) a publié en juin 2020 une vaste étude intitulée « Nos logements, des lieux à ménager », sur l’évolution de la construction de logements ces vingt dernières années. L’Institut a analysé l’ensemble des plans de vente d’une cinquantaine de bâtiments d’habitat collectif réalisés entre 2000 et 2020 en Île-de-France. Cette étude fait état d’une baisse généralisée de la surface des logements, avec des pertes en mètres carrés qui s’échelonnent de 3,4 m² dans les Yvelines à 14,8 m² en Essonne. Ce sont d’abord les pièces de rangement annexes qui disparaissent. Feu les celliers et autres buanderies ! En parallèle, alors qu’avant 2010, 65 % des logements construits disposaient d’une cave ou d’un grenier, après 2010, ils ne sont plus que 36 %. En moyenne, 2,3 % des surfaces d’un logement sont consacrés à du rangement intégré. Soit, pour la surface moyenne (63 m²) d’un appartement en immeuble collectif, même pas 1,5 m². La même étude établit que 17 % des logements sont prévus sans aucun rangement. Elle souligne aussi que les petits espaces sont les parents pauvres des (pourtant maigres) efforts consentis sur la question du rangement, avec une proportion moindre de leur surface consacrée à l’emplacement de placards. Si la surconsommation n’en demeure pas moins une question qui mériterait de ne pas être éludée, aucun risque de proposer une surcapacité de rangement quand l’on part d’aussi loin, à savoir, le plus souvent, un unique placard situé dans l’entrée.

Ceux qui souhaitent défendre une capacité de rangement favorable à la qualité du logement collectif se heurtent finalement à la difficulté de définir de nouveaux outils pour agir sans être normatif. Envisager la réalisation de rangements intégrés dès la conception initiale pose deux problèmes : le respect de l’économie des projets, souvent intangible, et une surdétermination des usages qui risquerait de ne pas convenir à une diversité des modes d’habiter. Passer d’un rôle de prescripteur à celui de garant d’un potentiel semble être une piste intéressante à explorer. Dans ce cadre, la responsabilité de l’architecte serait d’assurer la possibilité de meubler le logement avec suffisamment de rangements. Bien que cela puisse paraître évident, l’étude d'IDHEAL a mis en évidence que certaines pièces, à l’analyse des plans, s’avèrent totalement inappropriées à accueillir des meubles de rangement. L’étude propose d’ailleurs des indicateurs à utiliser pour juger de l’habitabilité des pièces au-delà de simples mètres carrés. L’indicateur de « périmètre meublable » permet de se rendre compte que les possibilités de placer un meuble contre un mur sont régulièrement limitées. L’indicateur de « surface d’usage » illustre en outre le fait que les circulations empiètent trop souvent sur la capacité à meubler et occuper son séjour. Face à ce risque d’impensés, le plan habité est un outil que l’architecte peut et doit mobiliser afin de vérifier, dès le début de la conception, la possibilité de meubler les pièces de manière satisfaisante : avec un dressing dans une chambre, un placard dans l’entrée, une colonne de rangement dans la salle de bains, une arrière-cuisine, etc. La simple analyse d’un catalogue d’une grande chaîne d’ameublement suffit à vérifier l’écart qui sépare les plans aujourd’hui élaborés par les architectes et la réalité d’une pièce entièrement meublée. En projetant un ensemble de meubles d’usage courant, un plan habité permet de tester les espaces, de remarquer les défauts de placement des radiateurs ou des portes qui entraveraient les possibilités d’aménagement. Ce document garantit donc une fonctionnalité des espaces. De plus, des propositions d’aménagement pourraient être communiquées aux futurs habitants. Un plan habité en complément du plan de vente ou un cahier d’appropriation illustrant les différentes manières d’aménager sa cuisine pourraient faire l’objet de missions complémentaires confiées aux architectes. En suggérant à la place de meubles types des rangements intégrés, il est aussi possible de retrouver une forme de conseil sur-mesure, adapté à la configuration de chaque logement. Libre à l’habitant par la suite de s’en saisir ou non.

23 septembre 2022

W comme Water-Closet

Subodh Gupta, Monnaie de Paris 2018

C’est la plus petite pièce de la maison. Elle sert à tous, mais à un seul à la fois. Son statut est éminemment privé et pourtant tout le monde y va. On y passe ou on y reste, on doit parfois y filer. A l’anglaise? Indeed, to the “loo”. Les rapports franco-britanniques sont étroits sur ce sujet-là aussi: nous parlons de toilettes, mais aussi de WC pour “water-closet” parce que plusieurs sujets de Sa majesté ont inventé puis modernisé la chasse d’eau entre le 16ème et le 18ème siècle: un clapet et des tuyaux permettant de faire couler de l’eau et de l’évacuer en rinçant la cuvette. Devenu automatique, le mécanisme est bientôt installé dans un élégant meuble en bois servant surtout à masquer la plomberie. Avant ce grand progrès, les mêmes sujets d’Albion parlaient français (enfin c‘est eux qui le disent) en criant “Gardy loo”, “gardez vous de l’eau” une sorte de “TIMBER!!!” bien urbain, pour prévenir des vidanges de pots de chambre par la fenêtre…

Fertilisateur intégré
L’histoire domestique des toilettes est ancienne. Elle remonte à la sédentarisation des peuples qui en posant puis en connectant leurs maisons, leur ont fait une place. Alignés ou en cercle dans de grandes salles partagées, pour pouvoir discuter, les Romains passaient du temps assis sur ces plaques de marbre, une fois leur place chauffée par des esclaves. Les latrines furent aussi astucieusement disposées dans certains édifices médiévaux en Europe ou au Moyen-Orient, en hauteur et en porte à faux, pour profiter de la gravité. La matière, déversée plusieurs mètres plus bas, était récupérée parfois séchée, puis redirigée, via des canaux, vers des champs à fertiliser. Encore fallait-il utiliser ces lieux, ce que beaucoup plus tard à Versailles, peu se donnaient la peine de faire, préférant faire, justement, dans les petits coins ménagés par les encoignures de porte ou les épaisseurs des tentures.
Toilettes king size
Les monarques eux n'allaient pas sur le trône, leurs chaises percées venaient à eux. Le meuble a fini par se fixer dans une pièce, et passer de la cabane au fond du jardin ou du palier, à l’intérieur. Il a même grandi sous nos contrées. Depuis 2005 et la loi pour l'égalité des droits et des chances, ces lieux d’aisance méritent mieux leur nom. Agrandis pour pouvoir y accueillir un fauteuil roulant et lui laisser la place de faire demi-tour, ils peuvent parfois désormais abriter une bibliothèque, une armoire et d’autres usages. Se pose alors la question cruciale de savoir si les toilettes doivent être ou pas dans la salle de bain ? Et comment les ventiler dès lors que l’architecture contemporaine les a souvent rapprochées des noyaux centraux des immeubles et éloignées des fenêtres.
Confort et progrès
De la planche en équilibre instable aux toilettes japonaises, en passant par les turques, chacun a ses préférences. Le confort et le progrès sont incomparables en termes d’hygiène individuelle et collective, mais rien de très nouveau dans le principe qui rapproche étrangement, plusieurs fois par jour, notre intimité de celle de nos habitations, à travers un savant système de tuyauterie également dissimulé. L’objet lui-même que l’on pourrait appeler le terminal des départs n’évolue plus beaucoup : la cuvette fut décorée, posée puis suspendue, parfois transparente, dotée de services multiples comme des jets multidirectionnels et à température variable qui économisent le papier mais pas l’électricité, de canaux différents pour trier la récup.... Mais fondamentalement, un chiotte reste un chiotte.
Hygiène et santé
Nous, qui en bénéficions, devrions savourer notre bonheur tous les jours. Car ce confort et ce progrès, généralisés il y a une petite centaine d'années, manquent encore à près de la moitié de l’humanité. Le sujet a du mal à mobiliser les médias comme les responsables politiques, pourtant il est essentiel et l’Organisation des Nations Unies le rappelle chaque année, le 19 novembre, lors de la journée internationale des toilettes: “Il suffit que quelques membres d’une communauté n’aient pas de toilettes pour que la santé de tous soit menacée. Faute d’assainissement, les sources d’eau potable, les rivières et les cultures vivrières sont contaminées.” En 2017, plus de 4 milliards de personnes ne pouvaient utiliser des latrines reliées à une quelconque forme d'assainissement, 367 millions d’enfants fréquentaient des écoles sans toilette.

9 septembre 2022

X comme Xénon

J’ai un nom grec court mais improbable, je suis à la fois noble et apatride, présent dans chaque bouffée d’air que vous inspirez mais si rare que vous n’avez peut-être jamais entendu parler de moi, je coûte cher mais je peux vous faire économiser des centaines d’euros cet hiver.
Qui suis-je ?

Je détends l’atmosphère
Mon nom provient du mot grec ξένος, « étranger » et j’ai été découvert à la fin du XIXe siècle par un duo de chimistes britanniques qui n’arrivaient pas à me rattacher aux autres éléments périodiques. Je constitue seulement un vingt-millionnième des molécules de l’atmosphère terrestre et je m’échappe facilement lorsqu’on tente de me capturer. Comptez 25 tonnes d’oxygène liquide pour isoler seulement 1 kg de moi-même. C’est bien plus que pour mes banals cousins, les autres gaz nobles (krypton, argon, néon), avec qui je daigne quand même cohabiter dans le tableau de Mendeleïev. Ma présence dans l’air est donc très rare et cela vaut mieux... Puissant narcotique et sédatif utilisé en chirurgie, je pourrais bien vous embarquer dans mon trip. Vous avez mon nom ?

Ça gaze dans vos doubles vitrages !
Alors que les interstices de vos doubles vitrages étaient remplis d’air dans les années 80-90, c’est désormais moi qu’on y enferme. Car si l’on préfère encore souvent mes cousins pour des raisons économiques, je suis bien plus smart qu’eux ! Grâce à mes excellentes propriétés calorifiques, j’offre la meilleure isolation à vos nids douillets. Doté du plus faible coefficient de transmission thermique (Ug), je ne laisse pas la chaleur se dissiper par vos ouvertures, responsables de 15% des déperditions en moyenne. J’isole mieux vos fenêtres dans une lame de 8mm que l’argon dans une lame deux fois plus épaisse ! A vrai dire, je suis tellement efficace que les experts techniques du bâtiment du CSTB estiment que je rends le triple vitrage inutile. Toujours pas trouvé ?

Faut pas me chauffer !
L’étendue de mes pouvoirs dépasse le domaine de vos baies vitrées. Je règne en maître sur vos domiciles, à commencer par vos éclairages. J’étais présent dans les premières ampoules de l’histoire, dites à décharge. J’étais là, dans les ampoules fluorescentes, très répandues dans vos intérieurs entre les années 1970 et 2000, aujourd’hui remplacées par les LED. Présent aussi dans les phares de vos voitures. Présent encore dans les tubes lumineux qui illuminent vos salles de bains, buanderies et bureaux, d’une lumière un peu terne ceci dit. Mais on ne peut pas m’accuser d’être maussade. Créature de la nuit, j’illumine vos soirées en ville. J’embrase les néons bleus ou violets qui constituent un élément esthétique essentiel de vos paysages urbains. D’ailleurs, justice doit m’être faite. Qu’on arrête de me voler la vedette ! Les néons n’ont aucune raison de s’appeler “néons” car ils n’en sont remplis que quand ils sont rouges. Ce sont bien plus souvent des… “xénons” ! Alors, vous m’aviez sur la langue ou pas ? Avouez que non.

De l’eau dans le gaz
Nombreux sont les écologues et thermiciens du bâtiment qui rêvent de m’injecter dans vos fenêtres. Dans un monde id(h)éal, je les remplirais toutes. Problème : je reste un produit de luxe. Je coûte environ 15 euros le litre, soit dix fois plus que l’argon ou le krypton. Ce prix exorbitant compromet mon usage, qu’on restreint aux fenêtres des projets immobiliers les plus haut-de-gamme, sauf en Suisse. C’est dommage parce que je pourrais vous permettre de baisser le chauffage cet hiver et vous faire économiser des centaines d’euros. J’ai des super pouvoirs, mais pas celui d'anesthésier la crise énergétique !

30 août 2022

L comme Loggia

Loggia animée au gré de l'ensoleillement. 49 logements à Paris. Bigoni et Mortemard pour Elogie-Siemp. Crédit photo : Bigoni et Mortemard

Roméo et Juliette auraient-ils connu une fin si tragique si la fille de la Maison Capulet avait demandé au fils Montaigu d’abdiquer son nom, depuis une loggia ? L’aurait-il aussi bien vue, entendue ? Elle le fit depuis un balcon et cela a peut-être à voir avec la postérité de cette histoire. Car cette petite dalle débordant de la façade d’une construction, a justement pour fonction de mettre en avant, celui ou celle qui s’y tient et vers qui tous les regards convergent. Aussi divers que le Pape bénissant les pèlerins depuis le balcon de la Basilique Saint-Pierre de Rome ; Michael Jackson, en roi de la pop, présentant son nouveau-né à la foule de fans massée au pied de son hôtel berlinois en 2002 ; « Je vous ai compris » lance le Général de Gaulle depuis le balcon du Palais du Gouvernement à Alger en 1958. Tous les châteaux ont des balcons pour que les familles royales puissent, d’un petit geste ou d’un sourire, contenter les badauds agglutinés dessous. C’est parfois de ces mêmes perchoirs que sont proclamées les révolutions. Les lieux demeurent aussi célèbres que les évènements qui s’y déroulent, car en ville, comme à l’opéra ou au théâtre, le balcon tient un rôle ambivalent : celui de donner à voir autant que d’offrir une vue imprenable.

Au panthéon des loggias, quelques belles pièces aussi
La loggia, n’a ni les mêmes atours ni le même rôle. Redevenue française après être passée par l’Italie, cette « galerie à colonnes », ordinairement construite sur un côté des palais italiens pour servir de lieu de loisir, c’était d’abord, une loge, venue elle aussi du théâtre et que l’on confond souvent dans le langage courant avec un… balcon. La loggia est pourtant moins vaniteuse, car construite en creux dans la façade. Ouverte sur l’extérieur, elle expose moins qu’elle ne protège, de la vue et des intempéries. Elle aussi a ses célébrités, comme « le balcon de l’Etat » qui désigne la majestueuse loggia de l’Hôtel de la Marine sur la place de la Concorde à Paris, restaurée en 2009, ou celle qui habille la façade du Palais Garnier ; à Florence, l’incontournable loggia des Lanzi, ou loggia de la Seigneurie sur la place du même nom, donne un toit au faste statuaire composé notamment de L’Enlèvement des Sabines (1579-1583) de Jean Bologne. Dans l’architecture moderne à la sobriété lisse, la loggia est un élément parfait. Elle habille sans que cela se voit bon nombre des grands ensembles et des immeubles construits dans les années 70.

Une pièce en plus ?
Un plancher et un plafond, trois murs, une ouverture vers l’extérieur qui apporte ventilation et vue… n’y aurait-il pas là, avant les fonctions d’apparat, de quoi ajouter à sa maison une pièce en plus ? Voilà en tout cas de précieux mètres carrés, alors que la taille moyenne des logements a diminué, en ville, en France au cours des dernières décennies. Une table et des chaises pour déjeuner, un matelas ou un lit dans les pays chauds où les régions qui le deviennent, et cet espace devient une cuisine extérieure, une salle à manger d’appoint, une chambre d’ami. Au Liban, de grands rideaux permettent d’y conserver l’ombre et un semblant de frais. L’architecture contemporaine dote souvent les loggias de volets ou de panneaux coulissants qui dessinent des façades mouvantes. Cet espace quasi clos fait aussi parfois office de cave ou de cellier quand les placards manquent. Depuis la rue, le bric-à-brac entassé se voit moins que sur un balcon, et surtout la loggia peut en supporter beaucoup plus. Intégrée à la structure de l’immeuble, elle n’est pas soumise comme le balcon aux limites du porte-à-faux. Elle ne peut pas tomber !
L’article R111-2 du Code de la construction et de l’habitation définit précisément cette surface entre extérieur et intérieur : même dotée d’un point d’eau et de prises électriques, elle ne compte pas dans la surface habitable d’un logement sauf si elle est close par des baies vitrées. Elle devient alors une pièce à part entière, habitable au sens de la loi Carrez selon la Cour de cassation, saisie à ce sujet à de nombreuses reprises. La différence entre ces mètres carrés « non habitables » souvent très habités, tient alors à leur prix, beaucoup plus élevé, lorsqu’ils rentrent dans le calcul de la surface du logement vendu.

Un instrument pour l’adaptation des logements au changement climatique
Tous ces avantages octroient à la loggia quelques longueurs d’avance, pour l’adaptation des logements au changement climatique. Car elle peut aussi servir d’espace tampon, entre un balcon et l’intérieur de l’appartement. Le système mis en œuvre dans plusieurs projets des architectes Lacaton-Vassal permet de mieux isoler l’intérieur qui exige alors moins de chauffage et offre un usage intermédiaire dans un espace très lumineux. La Charte de la construction durable de la Ville de Marseille la classe comme un élément « d’architecture bioclimatique méditerranéenne ». La référence était toute trouvée : les loggias qui prolongent chacune des pièces à vivre de la machine à habiter, la Cité Radieuse bâtie par Le Corbusier à Marseille en 1952, sont pensées comme des brise-soleils. Le fada ne l’était pas tant que ça, les loggias contribuent au confort thermique en été comme en hiver et remplissent une fonction de modulation de la lumière. Ajoutons que la loggia provoque moins de ponts thermiques et est moins coûteuse à construire que le balcon, cet élément-clé du répertoire de l’architecte a de beaux jours devant lui.

26 août 2022
ENTRETIENS D'INXAUSETA

Entretiens d'Inxauseta 2022 : Quelle politique du logement demain ?

Dans le cadre des Entretiens d'Inxauseta 2022 "Logement, habitat : ne perdons pas de temps !", 6 duos d’acteurs présents aux Entretiens ont fait part de leur point de vue sur des sujets d’actualité lors de débats enregistrés dans le studio des Entretiens.

Quelle politique du logement demain ?
Henry Buzy-Cazaux, président de l’institut du management des services immobiliers, et Catherine Sabbah, déléguée générale d’Idheal

4 juillet 2022

T comme Tente

Une tente… Que vous évoque cet objet-lieu de vie? Un week-end nature, un camp scout, un festival de rock, du glamping (glamourous camping…) ? La tente se fait écolo ou bobo dans sa version yourte voire chic lorsqu’on y ajoute des guirlandes et des sanitaires. Dans la rue, l’occupant d’une tente est un sans-domicile-fixe, sur une place, c’est un manifestant engagé, dans la nature un baroudeur, sur un théâtre de guerre, un militaire ou un médecin. Dans le désert, la tente témoigne d’une vie nomade et en ville, parfois d’un combat inégal avec des policiers qui piétinent et évacuent violemment ces bouts de toiles et leurs occupants, comme place de la République à Paris en novembre 2020.

Une tente et de multiples usages...
C’est que la tente est un objet difficile à catégoriser. Solution de logement temporaire et mobile pour qui veut, -ou doit- voyager en portant sa maison sur son dos, elle est également le premier lieu de sédentarisation, le premier seuil vers un espace « à soi », protégé du regard des autres et des intempéries. La tente est la première unité d’habitation, le premier logement construit. La plus ancienne a été découverte en Moldavie et daterait de -40 000 avant J.C.. Est-ce son côté pratique, léger et indispensable, elle n’a jamais cessé d’être fabriquée et peut l’être à l’aide de toutes sortes de matériaux. De nouveaux modèles apparaissent, toujours plus résistantes au froid, ergonomiques, ou écologiques. Les tentes belges ORIG-AMI distribuées aux SDF sont par exemple des abris en carton recyclé, facilement pliables et transportables. Elle change de taille: une personne se glisse dans la « Quechua 2 s » qui se déploie en un clin d’œil et se replie en à peine plus (une fois compris comment faire un 8). Il faut un peu plus de temps pour installer les tentes berbères aux sols recouverts de tapis, mais elles peuvent abriter des assemblées entières.
Une tente pour se loger
La tente permet aux SDF de soustraire du paysage urbain et à la vue des passants, la vision de leur corps fragilisé. Paradoxalement, le campement comme phénomène urbain mondialisé, issu de la précarité et des mouvements politiques qui la combattent, leur apporte, une visibilité nouvelle. En France, l’usage récent des tentes comme dispositif politique date de l’hiver 2006 avec l’installation des enfants de Don Quichotte le long du canal Saint Martin dans le 10ème arrondissement, pour faire réagir opinion publique et classe politique. En 2009, l’association Médecins du monde décide de distribuer ces abris aux démunis comme sur un lieu de catastrophe. La même année, au Japon, le village de tentes installé près du palais impérial par Renzo, la Confédération des syndicats du travail, dénonçait le sort des personnes qui perdaient leur emploi et n’avaient pas accès au chômage.
Une tente pour alerter
La géographe Djemila Zeneidi-Henry analyse ces mouvements qui mêlent l’usage des tentes, objet de survie et support d’action politique, comme une complexification des signifiants associés à la présence des SDF, et une politisation de l’ordinaire et de l’habitat. D’unité d’habitation, la tente s’impose comme « unité d’évaluation de la situation » pour dresser un état des lieux. La tente devient un symbole d’occupation de l’espace, non pas furtif et caché, mais revendiqué et militant, comme celui d’Utopie 56 qui accueille des mineurs sur la très touristique place de la Bastille, à Paris en 2022. Plus de 15 ans avant, le président de l’association Les Enfants de Don Quichotte déclarait: « on bougera s’il y a du concret. Chaque fois que quelqu’un sera relogé, on pliera la tente.». Pour le collectif Yes We Camp, l’accueil de touristes dans un camping au pied des centres d’hébergement, dans des projets d’urbanisme transitoire permet de replacer l’hospitalité au cœur des métropoles en occupant les interstices urbains et de montrer la tente pour ce qu’elle est, une étape intermédiaire entre le dénuement total de la rue et les lieux d’hébergement ou un vrai logement. Elle en possède parfois les attributs. Les tentes de la Jungle de Calais étaient décorées, « meublées » d’objets rappelant des ambiances ou des petits morceaux de la maison quittée.
Une tente pour protester
Le combat politique à travers cet objet ne se cantonne pas à la lutte pour le droit au logement. Le campement en ville est également associé aux grands mouvements de contestation. La tente y est utilisée comme le symbole d’une manifestation qui s’impose, via une infrastructure légère, durablement dans l’espace public. Elle s’installe souvent sur les lieux symboliques, places Tahrir au Caire, de la République à Paris avec le mouvement Nuit Debout, à New York avec Occupy Wall Street…
Une tente pour habiter ?
Héberger c’est loger, dit le sociologue Julien Damon. Et camper? Que nous dit une telle multiplicité d’usages, d’occupants, de dimensions sociales et spatiales? Si la tente peut constituer un « logement » pour ceux qui n’en ont pas, permet-elle d’habiter, dans le sens de se construire et se créer un rapport au monde ? Les sans-abris ou les sans-maison vivent à la rue, habitent un espace, une tente, dans l’attente de le quitter un jour.

29 juillet 2022

K comme Kibboutz

Arieh Sharon, study of functions and interrelations, 1940's (In Ronny Schüler: Forms, Ideals, and Methods. Bauhaus Transfers to Mandatory Palestine).

Revenir à la terre. À l’heure où la ville semble ne plus tenir ses promesses et où la spéculation immobilière rend l’Occident malade de ses sols, le K de « kibboutz » sonne étonnamment moderne

Le kibboutz remet la terre au centre, celle du pays, celle du jardin. Il évoque le don biblique, le rêve pastoral, le choix marxiste de la collectivisation du foncier et la modernité économique d’Israël, fondée sur une production agricole technicisée pour être autosuffisante. Le kibboutz, de l’hébreu « קיבוץ » (assemblée), est d’abord une organisation sociale et politique, une expérience de vie et d’habitat en commun. Il est structuré autour d’un village agricole, établi en régime de propriété mutualisée et anti-spéculative… “Grain de maïs”, “Degania” est le premier à germer en 1909, au bord du lac de Tibériade. Ses fondateurs sont des immigrants, sionistes et socialistes, membres du Bund, l’organisation des travailleurs, juifs et (mais?) laïcs. D’origine russe, lituanienne et polonaise, ils redescendent aux champs après être “montés” en Terre promise selon l’expression consacrée... Soixante-quinze ans après l’émergence du fouriérisme, dix après la publication des thèses de Théodore Herzl et la naissance des kolkhozes en URSS, ils défendent le collectivisme, l’agrarisme et l’idéal millénariste du retour à la terre. « Poussière tu es né, poussière tu redeviendras » dit Dieu à Adam et Ève dans le Livre de la Genèse. Le kibboutz (ou la Bible?) développe une pensée écologique avant l’heure.

Une terre très terre à terre
Le kibboutz est une façon d’« habiter la terre ». Il propose un modèle d’autogestion qui emprunte à l’anarchisme et organise les rapports sociaux de manière horizontale. Tous les kibboutznik (habitants) sont des égaux. Aucune tête n’y pousse plus haut que l’autre. Les décisions sont prises par une assemblée, sans chef, ni représentant élu, qui se réunit à chaque fois que se pose une question concernant la vie de la communauté ou la gestion de la copropriété. L’égalité des sexes y est revendiquée. Les hommes sont à la cuisine, les femmes labourent les champs et se forment à l’ingénierie agronomique et inversement. Les enfants, séparés de leurs parents la plupart du temps, sont éduqués par la collectivité-providence, que l’historien Moshe Lewin decrit comme « arbre faisant croître des fruits en abondance ».
Le kibboutz pense enfin et surtout l’oikonomia, la « science de la gestion de la maison », de manière très… terre à terre ! Les lieux sont organisés selon un modèle d’habitat collectif fonctionnaliste dont les plans sont minutieusement établis, parfois par des architectes issus du Bauhaus qui réfléchissent aux distances à parcourir dans la journée, à celles qui séparent parents et enfants, les lieux publics de ceux de l’intimité… Au centre se déploient les édifices de vie collective (réfectoire, auditorium, bureaux, bibliothèque), entourés des jardins publics et des logements privés. Les équipements sportifs et les bâtiments industriels sont en retrait. Enfin, les bâtiments agricoles, champs et vergers sont construits à la périphérie. Symbole d’une société égalitaire, le Kibboutz tient aussi par son organisation stricte, de la journée, de la vie matérielle, de la sociabilité, de l’éducation, des temps de loisir, d’intimité et de repos. et… son contrôle social.

Vaincu par le soft power et le rêve yankee
Les greffes du modèle prennent rapidement et des centaines fleurissent entre 1920 et la décennie suivant la création de l’État d’Israël (1948-1960). Mais le modèle régresse en Israël à partir des années 70. La terre est désertée par ceux qui préfèrent habiter la ville. Le labeur agricole ne fait plus rêver. Les kibboutzniks, à peine 4% de la population israélienne en 1960, n’en représentent plus que 0,8% en 2020. Dans « The Kibbutz Dwelling : Ideology and Design », Eyal Amir, Arza Churchman et Avraham Wachman, chercheurs au Technion montrent que ce modèle finit par s’éroder, à mesure que le soft power américain diffuse le rêve d’un mode de vie libéral et individualiste. Dans le même temps, le renouveau des mouvements religieux favorise le repli des femmes et des enfants de certaines familles vers la sphère intime du foyer.
Jadis portée aux nues, le modèle essuie les critiques contre ce qui fit un jour son succès : surveillance et coercition sociales, trop faible intimité ou égalitarisme jugé répressif. Dans un article intitulé « The Limits of Equality : Insights From the Israeli Kibbutz », le professeur d’économie à Stanford, Ran Abramitzky, montre qu’entre les années 80 et 2000, les kibboutzim n’ayant pas réussi à moderniser leur production agricole sont soumis à des appétits de privatisation des ressources collectives, comme le foncier ou l’eau. Certains kibboutzniks commencent à trouver un peu stérile , surtout pour eux, le partage égalitaire de la terre et de ses produits.

Le mur de la propriété
Les kibboutzniks ont rendu la clé des champs, pour aller vers les villes… L'expérience demeure toutefois source d’inspiration pour des formes d’habitat moins radicales, collectives, participatives, coopératives qui se développent sous nos latitudes. Nés de nouvelles utopies, de contraintes économiques ou environnementales, ces montages qui tentent de faire cohabiter partage et portage ont encore peu de poids face aux solides murailles de la propriété privée. Pas sûr qu’il suffise d’en faire 7 fois le tour pour les faire tomber…

19 juillet 2022

S comme Solastalgie

Si la vie est faite de mouvements, l’expérience spatio-temporelle après une longue absence, du retour dans un lieu où l’on a vécu est parfois plus marquante que le déchirement du départ. Singulière et pourtant universelle: la maison semble plus petite, la végétation dans la rue moins fournie, le paysage différent, comme si l’attachement aux lieux vécus leur conférait un impératif d’immuabilité. Peu importe, en réalité, que ceux-ci aient réellement changé en notre absence, loin des yeux, ils ont bougé, en tout cas pour la personne que nous sommes devenue.
La solastalgie est une autre forme de nostalgie. Celle des lieux que l’on n’a pas quittés, moins empreinte de nos propres mutations que de celles de notre environnement. Formé du latin solacium (le réconfort, le soulagement) et du suffixe grec algia (relatif à la douleur), ce concept développé par le philosophe australien Glenn Albrecht se définit comme l’« expérience d’un changement environnemental vécu négativement » La douleur de voir s’évanouir les lieux qui procurent du bien être ou rassurent. Une vue bouchée par une nouvelle construction, l’ambiance d’un quartier dont on s’aperçoit un beau jour qu’elle n’est plus la même, des changements brutaux et des évolutions lentes. Le logement, ancrage et refuge, est le lieu d'observation privilégié de ce mal du pays ressenti par ceux qui ne sont jamais partis.

Solastalgie+Eco-anxiété
Depuis toujours, les catastrophes naturelles ont un impact sur nos milieux de vie. C’est de l’intensification de ces phénomènes, notamment là où ils n’étaient pas anticipés, qu’est venu le besoin de nommer ce ressenti. Par les victimes d’inondations dans des villes aux rivières apparemment calmes, des feux en bord de mer, des canicules sous des latitudes tempérées... Et de phénomènes tout aussi dévastateurs pour les territoires et les paysages : la sécheresse, la désertification ou encore le recul du trait de côte. La solastalgie se double aujourd’hui d’une éco-anxiété? Certains de ces phénomènes sont prévisibles, même à moyen ou long terme. La startup Callendar, spécialisée dans l’évaluation des risques climatiques, permet par exemple de mesurer le risque de submersion de n’importe quelle adresse en France métropolitaine. Voire d’une éco-éco-anxiété, lorsque les risques climatiques ont pour conséquences immédiates et calculables, la dévalorisation de leur patrimoine immobilier, qu’il l’habitent ou le louent. Ou bien, si ces changements se traduisent dans les politiques publiques, par l’élaboration de documents d’urbanisme restrictifs et/ou contraignants qui rendent des terrains inconstructibles.

Solastalgie+exposition sociale
Si le réchauffement climatique et les mutations de l’environnement nous concernent tous, notre exposition à la solastalgie varie selon notre capital financier et les politiques publiques mises en oeuvre par ceux qui nous gouvernent. A quelques exceptions près, comme les belles villas en bord de mer, les quartiers défavorisés sont plus exposés aux aléas climatiques, parce qu'installés sur des sites moins protégés, constitués d’habitats plus précaires ou moins pris en charge par des préventions publiques. Le géographe Francois Mancebo, spécialiste de la justice environnementale attire notre attention sur le fait qu’une catastrophe naturelle est « fondamentalement, une catastrophe humaine, en ce qu’elle résulte de choix d’exposition ou non à l’aléa ». Il estime par exemple qu’un ouragan comme Katrina (Floride et Louisiane, 2005) ne constituait pas seulement une menace extérieure. A La Nouvelle-Orléans, les quartiers les plus élevés par rapport à la mer et les moins touchés par l’ouragan étaient les quartiers les plus aisés. Par ailleurs, dans des quartiers pauvres formés de maisonnettes en bois qui n’ont pas été les plus touchés par les inondations, comme le Lower 9th ward, peu de réhabilitations ont été menées faute de moyens de la part de leurs habitants mais aussi de fonds publics, plutôt orientés vers les sites les plus rentables. Pour les habitants restés sur place, la solastalgie s’est alourdie d’un sentiment d’abandon par les pouvoirs publics. Comme une continuité historique, une forme de fatalité solastalgique… « They are trying to wash us away » chante Aaron Neville. Ce ne sont pas les dégâts humains provoqués par Katrina qu’il évoque, mais des inondations de 1927, dont la répétition était prévisible…

11 juillet 2022

E comme Encorbellement

Rue Pastourelle à Paris

Attention la tête ! Vous risquez de vous prendre une poutre… Un encorbellement désigne, accrochez-vous, “une saillie portant à faux d’un mur, qui permet de supporter une charge en surplomb et en avant-corps de son nu”. A ce stade, il nous faut peut-être un dessin ! L’encorbellement vient du mot corbeille, en vieux français “corbeaux”, qui désigne en architecture des éléments posés les uns sur les autres, dont chacun est plus saillant que celui du dessous. Superposés, ces corbeaux en pierres taillées ou en poutrelles de bois, plus tard en métal, élargissent la maison ou l’immeuble d’étage en étage, au fur et à mesure qu’ils s’élèvent. De profil, les encorbellements dessinent une sorte d’ “escalier à l’envers”. Plutôt inconfortable donc, pour les volatiles qui pourraient s’y reconnaître et voudraient s’y installer !

Dans les villes européennes, l’encorbellement est typique de l’architecture médiévale tardive. Les immeubles bourgeois sont alors réalisés en pans de bois ou en colombages. Cette inversion apparente de la logique gravitationnelle des formes urbaines puise ses justifications dans des registres variés. Technique d’abord, avec des avancées qui font office de gouttière et protègent les façades inférieures en bois ou en torchis ainsi que les fondations et l’eau de pluie qui ne ruisselle plus sur les murs et ne stagne pas. Sécuritaire ensuite, puisque ces dépassements épargnent les passants et commerçants installés en rez-de-chaussée des solides et liquides dont la coutume est à l’époque de se débarrasser par la fenêtre. Urbanistique également, car les encorbellement servent à gagner de la place dans des villes souvent denses, dont l'extension est limitée par la topographie ou les remparts. Enfin et surtout, la fiscalité calculée sur la taille de la parcelle occupée au sol explique que certains propriétaires tentent d’en diminuer l’assiette en ajoutant quelques mètres carrés suspendus à leur bâtiment.
Elégance et opulence
Compte tenu de la faible avancée d’un étage sur l’autre, il est probable que les encorbellements, plus que réellement pratiques, furent aussi des prouesses d’architectes devenus signes extérieurs de richesse. Les styles sont variés, élégants et sophistiqués. Outre les traditionnelles terrasses à balustrades ou les auvents protecteurs, l’“AOC encorbellement” prend aussi la forme de loggias, des galeries situées en avant-corps de l’un des étages construites pour jouir d’un panorama, prendre l'air ou voir sans être vu derrière des croisées de bois, ou des moucharabiehs dans d’autres cultures. Il peut aussi soutenir des poivrières, tourelles coiffées de chapeaux pointus placées à l’angle d’un château ou d’un hôtel particulier, ou des échauguettes, plus souvent carrées, originellement réservées aux guetteurs, qui permettent d’ouvrir des vues bien plus larges que le seul coin d’une construction. Autant d’espaces où s’isoler, circuler, à la fois extérieurs et intérieurs, dont les fonctions redeviennent actuelles depuis notre expérience collective du confinement.
Dangereuse promiscuité
A la fin du Moyen- âge et à la Renaissance, l’architecture en encorbellement est tellement répandue qu’elle mène parfois à l’obstruction complète de rues et ruelles, réduites à l’état d’obscurs tunnels. Les échevins de Rouen interdisent en 1520 la construction de ces maisons, dont les étages supérieurs presque contigus privent les rues du soleil, de la pluie et de la nécessaire circulation d’air qui les rend praticables. L’encorbellement est ainsi jugé responsable d’une dégradation de la salubrité des immeubles et de l’espace public, et d’une augmentation du risque de propagation des incendies. En 1659, le chroniqueur, paysagiste et urbaniste anglais John Evelyn décrit la ville de Londres comme un « agrégat anarchique de maisons de bois s’avançant chacune davantage que l’autre sur la voirie ». Sept ans plus tard, 85% de la superficie de la ville est détruite par le Grand Incendie de 1666. Le feu se propage à toute vitesse en empruntant ces ponts de bois qui relient les étages supérieurs.
De beaux restes de ces beaux gestes
A Paris, on peut encore apercevoir des auvents en bois aux toits des immeubles médiévaux des 11 et 13 rue François Miron, dans le quartier du Marais. On retrouve aussi des encorbellements de pierre supportant les poivrières des hôtels particuliers, sur les façades de l’Hôtel des Archevêques de Sens, rue du Figuier, ou de l’Hôtel de Clisson-Soubise au 58 rue des Archives. De nombreux centres-villes médiévaux français ont aussi conservé des traces de cette architecture. A Vannes, Quimper, Saint-Brieuc, Rouen, Troyes, Bourges, Dijon, Strasbourg, Colmar, Bourg-en-Bresse, Albi, Cahors ou Figeac, on peut encore admirer de beaux encorbellements s’avançant sur des façades en colombage, de torchis ou de brique.

6 juillet 2022
CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE DES ARCHITECTES

Le CNOA recommande le Cycle de formation d'IDHEAL

L'institut IDHEAL héberge un lieu de formation, Les Ateliers de l'Institut, qui propose un cycle annuel de formation ouvert aux professionnels de l’habitat et à tous ceux qui s'intéressent aux interactions entre le logement et le reste de la société. Le cycle annuel de formation se décline en sessions mensuelles, dont les thèmes nourrissent une question générale posée chaque année. Les auditeurs seront invités à réfléchir à de nouveaux dispositifs ou pistes d’action en lien avec la thématique annuelle. Cette production a aussi pour vocation d’alimenter le débat public et de nourrir les réflexions de responsables politiques locaux et nationaux. Un voyage d’études est organisé (en fonction des conditions sanitaires), afin de confronter les expériences de différents territoires.

Intitulé Le logement en transition(s), le cycle 2022-23 des Ateliers de l’Institut propose une réflexion approfondie sur la volonté et la possibilité de l’ensemble des acteurs de se remettre en question. Peuvent-ils modifier leurs pratiques et habitudes ? Entamer un chemin vers l’économie des ressources et la frugalité ? Tout en remplissant la mission qui leur incombe, proposer à chacun un toit ? Les huit sessions et le voyage d’études du cycle se donnent pour mission de répondre à toutes ces questions.

5 juillet 2022

R comme ruine, ruineux, ruiné...

L'architecture c'est ce qui fait de belles ruines disait Auguste Perret. La bonne architecture en fait-elle de plus belles?

À l’heure du dynamitage, les uns viennent applaudir la disparition d’une «verrue urbaine», les autres pleurent leur enfance retournée à la poussière. Que reste-t-il quelques minutes après le grand boum ? La ville se sédimente de plus en plus vite, les ruines modernes en sont un précipité brutal, vite dissous. Vingt-cinq, trente ans, voilà le court horizon des constructions ordinaires.. Depuis plusieurs décennies, les immeubles de bureaux, de logements ou les locaux commerciaux existent parce que le «marché» les réclame. Des produits de consommation issus d’une société libérale et en croissance, peu durables et qui durent peu. Comme l’explique le philosophe Bruce Bégout, ils sont « in-signifiants», n’ont que la fonction d’abriter la précarité du travail ou de ses fruits, eux-mêmes fabriqués par une urgence spéculative, dont témoignent leurs murs trop fins, leur mode de construction trop rapide, leurs matériaux, leur caractère négligeable, même en pièces détachées. Irrécupérables, et pourtant si encombrants... Une fois vidées de leurs usages et de leurs usagers, ces ruines, car c’en sont, peuvent pourrir sur pied pendant des années.
Défaire
Les exemples sont partout. A Detroit, aux Etats-Unis, le dessin est encore net des parcelles de dizaines de milliers de maisons réduites à quelques tas, enterrées dans leurs sous-sols, vite recouvertes par la nature redevenue sauvage et conquérante. Comme après une guerre, celle-ci est économique. La ville, privée de contribuables, trop pauvres ou absents, n’a même plus les moyens d’assurer la démolition des ruines dont elle partage la propriété avec les banques qui les ont fabriquées.
Les traces de la crise sont aussi gravées à Sesena Nueva, en Espagne, au sud de Madrid, dans le paysage d’une ville nouvelle prévue pour 40 000 habitants, stoppée net en 2008, figée, faute de clients et de crédits. Ici, la ruine précède l’existence même. La crise, encore elle, explique la galerie mortuaire de deadmalls.com, un site américain dédié aux centres commerciaux vidés de leurs visiteurs et de leurs boutiques. L’urbex, exploration de lieux généralement fermés et interdits met en scène ce déclin photogénique. Les photos, les posts sur Instagram feront leur histoire. Car bien qu’elles témoignent d’une époque, la nôtre, ces ruines, sans passé ni avenir, ces bâtiments au service plutôt qu’à la gloire de... n’obtiendront jamais ni le titre de vestige, ni l’attention qui parfois l’accompagne. Quasi automatiques pour le moindre mur d’avant 1900, outrageusement patrimonialisé, les soins sont chichement prodigués aux édifices du 20ème siècle, en béton, en verre ou en pierre. Paradoxe de la modernité, l’innovation les rend aussi plus rapidement obsolètes : formes balayées par une nouvelle pensée urbaine, matériaux repoussoirs, performances thermiques minables… Il faut remonter plus loin, à des volumes pensés pour l’industrie, mais comme des cathédrales, pour tirer à nouveau parti de l’existant en en changeant l’usage. Mais la transformation ne vaut que sur des terrains valorisables, financièrement.
Refaire
« La ruine permet de prendre la mesure des stratifications et de l’appareillage qui ont présidé à l’édification. C’est parfait pour un professeur ou un archéologue, car c’est quand le malade est en train d’être opéré que la leçon devient intéressante », dit l’architecte chinois Wang Shu. Le réemploi promu par l’architecte Yves Ubelmann est plus vital encore. Les drones de sa société Iconem survolent et mitraillent les villes en guerre avant leur fin. Rien de mieux que les débris d’un bâtiment fraîchement détruit pour comprendre comment il a été construit. Et permettre de le reconstruire grâce aux milliers de photos et aux reconstitutions en 3D. L’image est ainsi la meilleure assurance-vie des monuments des grands sites, comme des lieux qui n’intéressent encore personne. Le groupe de recherche Forensic Architecture utilise aussi l’architecture des théâtres de guerre ou de guérillas pour documenter la violence urbaine.
Mieux faire
Faut-il conserver les ruines, les protéger, les exposer ? Ou pourrait-on éviter de se poser la question en retournant la critique de Bruce Bégout. Pour ne plus avoir à recycler notre propre gaspillage, pensons l’avant et allégeons le plus possible les traces qui resteront. En reconstruisant, en réutilisant ou en pensant l’architecture éphémère ou mutable, transportable dans certains cas. Banksy l’avait mis en scène à Dismaland en Angleterre près de Bristol : un parc d’attractions construit en ruines, comme mise en abîme d’un passé féérique post-apocalyptique. Comble de l’ironie ou du cynisme, le bois de ce happening a été réutilisé pour des abris dans la jungle de Calais, eux-mêmes démolis quelques mois plus tard.

30 juin 2022
INSTITUT PARIS RÉGION SANDRINE BEAUFILS, PHILIPPE PAUQUET

Vivre à l'étroit en Île-de-France

La crise sanitaire et les multiples périodes de confinement qui se sont succédé entre 2020 et 2021 ont rappelé le rôle primordial des conditions de logement pour la qualité de vie des Franciliens. Le télétravail et l’enseignement à distance ont encore renforcé cette prise de conscience car ils conduisent à intensifier l’usage du logement. Les différentes enquêtes menées depuis ont d’ailleurs mis en évidence le manque d’espace comme l’une des principales insatisfactions des Franciliens vis-à-vis de leur logement. Disposer d’un logement adapté à sa taille apparaît comme un facteur essentiel de bien-être, mais aussi de santé, qui participe à la capacité des ménages à se projeter dans leurs parcours de vie.

Les Franciliens apparaissent plus particulièrement concernés par cette problématique que leurs concitoyens. Selon le recensement de 2018, ils sont près de 2,7 millions à vivre à l’étroit, alors qu’un foyer sur dix se trouve dans cette situation en France métropolitaine, les cas de suroccupation sont deux fois plus fréquents en Ile-de-France (22 %). Les enfants et les jeunes sont les premiers concernés par ces situations : près de la moitié des personnes vivant en suroccupation a en effet moins de 25 ans. Parmi les ménages résidant dans un logement sur-occupé, 80 % sont composés d’au moins deux personnes. Il s’agit notamment de familles monoparentales, très touchées par le phénomène : 33 % d’entre-elles vivent à l’étroit, contre 19 % pour les couples avec enfant et 5,3 % pour les couples sans enfant.

L’analyse de la suroccupation chez les ménages constitués de plus de deux personnes montre qu’elle concerne principalement le secteur locatif qui, à lui seul, concentre 80 % des situations alors qu’il ne représente que 46 % des résidences principales. Entre 2008 et 2018, c’est d’ailleurs dans le parc locatif social que la suroccupation a le plus progressé : +2,2 points, contre +0,6 point pour l’ensemble du parc. Principale explication de cette hausse, l’absence d’alternatives financièrement accessibles dans le parc privé, que cela soit en location ou en accession. Situation qui contraint les ménages à rester dans leur logement et se traduit par des durées d’occupation qui s’allongent, ainsi qu’à des situations de cohabitations prolongées et parfois forcées (jeunes adultes chez leurs parents, couples séparés, etc.).
Le cœur de l’agglomération, où se concentre le parc locatif, privé comme social, est ainsi plus touché par les situations de suroccupation. Près de 1,5 million de Franciliens vivent à l’étroit dans leur logement à Paris ou en petite couronne, soit les deux tiers des Franciliens en suroccupation. La concentration spatiale de ces situations est une autre caractéristique de ce phénomène : 59 communes rassemblent 54 % des ménages et des personnes vivant à l’étroit. Ces mêmes communes accueillent 60 % des ménages vivant en suroccupation accentuée (situation où il manque au moins deux pièces au logement par rapport à la composition du ménage). Ces communes sont localisées dans des territoires caractérisés pour la plupart par des proportions élevées de logements dégradés dans le parc privé et/ou un parc social ancien, plus abordable qu’ailleurs en Ile-de-France. Il s’agit de 11 arrondissements parisiens, de 37 communes de petite couronne, dont 22 en Seine-Saint-Denis, et 11 situées en grande couronne. Loin de s’améliorer, la suroccupation des logements s’est encore accentuée et, surtout, spatialement polarisées entre 2008 et 2018.

Alors que le confort sanitaire n’a cessé de s’améliorer au cours des cinquante dernières années, comment mettre fin à ces situations difficiles à vivre au quotidien ? Une des réponses passe par la production d’une offre de logements abordables : des petites typologies pour l’accueil des jeunes et pour permettre aux ménages de petite taille de poursuivre leurs parcours résidentiels, mais également des grands logements pour que les familles puissent disposer d’un logement adapté à leur composition. Pour ce faire, des outils existent : le bail réel solidaire (BRS) mis en œuvre par les offices fonciers solidaires ou le prêt social de location-accession (PSLA) dans le domaine de l’accession ; dans le secteur locatif, cela passe par le développement d’une production sociale répondant réellement aux besoins des ménages demandeurs (70 % se situent sous les plafonds PLAI) grâce au soutien volontariste de l’ensemble des acteurs (État, collectivités, bailleurs sociaux, Action logement, …). Cette offre neuve devra également intégrer pleinement l’enjeu de la qualité d’usage offerte à leurs occupants, tant en termes de rangements disponibles que d’agencement et de modularité des espaces, d’exposition et de lien avec l’extérieur.

14 juin 2022
LE FIGARO MARINE RICHARD

À quoi ressemble le logement à temps partiel idéal à Paris ?

Vous êtes un adepte du télétravail et vous vous rendez deux à trois fois par semaine à Paris lors de vos retours ponctuels au bureau. Quel logement désirez-vous, même à temps partiel, pour éviter l’hôtel? Le télétravail concerne désormais un quart des actifs contre 7% avant la pandémie de Covid. Il s’est démocratisé et ne concerne plus uniquement des cadres, ce qui accélère le phénomène de double résidentialisation, qui concernerait 17% des Français.

L’agence d’architectes Majma a mené une enquête en ligne auprès de 600 répondants en partenariat avec le think tank IDHEAL, l‘institut des Hautes Etudes pour l’Action dans le Logement, un institut de recherche et de formation, pour connaître les attentes des Parisiens à temps partiel. Il en ressort que les participants souhaitent avoir leur propre espace dans leur logement à temps partiel, entre 17 et 20 m², équipé d’un lit, d’un bureau, d’une plaque de cuisson, d’un micro-ondes, un mobilier sommaire pour une question économique.

Près des trois-quarts interrogés (72% exactement) souhaitent pouvoir laisser des affaires personnelles sur place. «Nous avons été surpris par le nombre de personnes prêtes à mettre la main à la pâte dans leur logement à temps partiel pour réduire les coûts. 90% des répondants se disent prêts à faire leur lit en arrivant et à ôter les draps en partant et 84% à passer un coup d’éponge», explique Catherine Sabbah, déléguée générale d'IDHEAL.

Le prix est une donnée majeure pour les sondés: 41% chiffrent leur budget entre 40 et 60 € par nuit et 17% entre 60 et 100 €. «Or, il faut compter en moyenne 123 € par nuit en Airbnb, 137 dans un hôtel et 990 € par mois pour un pied-à-terre de 30 m²», assure Antoine Maitre, architecte à l’agence Majma.

Autre réponse qui a étonné IDHEAL, la capacité des sondés à s’engager sur la durée: 32% souhaitent s’engager sur 6 mois et 42% sur 12 mois pour contractualiser leur venue régulière dans un même lieu en signant un bail. 70% déclarent que le nombre de nuits passées à Paris ne varie pas. Ils peuvent donc s’engager dans un même logement à temps partiel sur la même durée, chaque semaine ou chaque mois. 75% des sondés souhaitent avoir un logement proche de leur lieu de travail. «Un endroit où dormir, basique, pratique, propre, chaleureux, fonctionnel, économique. Une petite surface bien connectée aux transports et abordable», résume Catherine Sabbah.

«Ce concept se différencie des offres qu’on a vu émerger sur le marché immobilier depuis quelques années. On n’est pas dans Airbnb où on ne peut pas laisser ses affaires et où rien ne garantit qu’on pourra trouver le même espace la prochaine fois qu’on viendra. On n’est pas non plus dans un système d’hôtel plus anonyme, plus coûteux», définit Catherine Sabbah.

Mais où trouve-t-on ce type de logements? «Notre objectif n’est pas de proposer ces logements en lieu et place d’autres logements étant donné qu’on manque de lieux d’habitation», assure l’architecte. Le but étant de remplir des logements vides ou de proposer cette offre lors de transformations de bureaux ou d’hôtels par exemple. «On voudrait que des opérateurs s’emparent de cette idée pour la tester: des promoteurs, des investisseurs institutionnels», conclut Catherine Sabbah.

7 juin 2022
LE MONITEUR CYRIL PETER

Le nouveau marché des logements à mi-temps

Promoteurs, bailleurs sociaux ou encore hôteliers pourraient se lancer dans les résidences à mi-temps, qui en est à ses balbutiements en France. L'opportunité a été étudiée par le cabinet d'architectes Majma, le think-tank IDHEAL et le Pavillon de l'Arsenal.

9 juin 2022
REVUE URBANISME RODOLPHE CASSO

La France urbaine est avant tout une France de ruraux déracinés

Catherine Sabbah, déléguée générale de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (Idheal), et Thibault Tellier, professeur d’histoire contemporaine à Sciences-Po Rennes, retracent ensemble l’historique des lois et des politiques pour le logement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’occasion de constater que si les aspirations des Français en matière d’habitat sont demeurées constantes, décennie après décennie, les prix n’ont, eux, jamais cessé de grimper.

1er juin 2022
REVUE TOPOPHILE COLLECTIF

« Reconstruire des communs : pour une foncière citoyenne »

Le logement est devenu un produit, une « marchandise comme les autres », à optimiser, rentabiliser, avec une obsolescence à programmer… En septembre dernier, l’architecte François Leclercq et le directeur de l’EpaMarne, Laurent Girometti, pointaient la dégradation de la qualité des logements neufs dans un rapport remis à Emmanuelle Wargon. Ils y dénonçaient la réduction de leur taille, de leur qualité en comparaison des constructions d’autres pays européens et de celles de la fin du XXe siècle : des surfaces réduites au minimum, parfois mono-orientées, mal ventilées, faiblement ensoleillées, des plafonds plus bas, des fenêtres plus petites pour des coûts de construction plus élevés que d’autres pays européens… Ce travail confirmait les résultats de l’enquête de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), « Nos logements, des lieux à ménager », publié fin août 2021, montrant précisément la diminution des surfaces des logements vendus sur plan entre 2000 et 2020.

Avec des bâtiments trop chers, trop souvent mal conçus, mal construits, les modèles actuels régissant la production du logement privé sont incompatibles avec la transition écologique et sociale. Cette question doit être réappropriée par les citoyennes et citoyens, habitantes et habitants, afin de permettre à chacune et chacun de se loger décemment, de s’épanouir dans des lieux de qualité, d’être écouté, entendu, pour participer pleinement à l’évolution des villes et à leurs transitions.

28 mars 2022
LE JOURNAL DU GRAND PARIS JACQUES PAQUIER

La revue Urbanisme se réinvente

Le 90 ans de la revue Urbanisme signent le renouveau d’un média qui entend demeurer une référence pour les acteurs qui réfléchissent, conçoivent, financent et réalisent la ville tout en réveillant son contenu afin d’élargir son lectorat, notamment en direction des collectivités territoriales. « Nous voulons à la fois rester ou redevenir la revue de référence des professionnels de l’urbanisme, mais aussi élargir notre lectorat, notamment en direction des collectivités territoriales » indiquait Julien Meyrignac, mercredi 23 mars 2022, lors du cocktail de lancement de la refonte de la revue à la librairie du Musée des arts décoratifs, rue de Rivoli, à Paris.

Fondée en 1932, la revue dont l’actionnaire est la SCET, filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, s’adresse toujours « à ceux qui réfléchissent, conçoivent, financent et réalisent la ville ». Des instituts de recherche et des bibliothèques universitaires françaises et étrangères des Conseils d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE), des SEM, des aménageurs ainsi que des urbanistes, architectes et paysagistes composent aujourd’hui l’essentiel de son lectorat.

« Alors que nous vivons dans un monde d’infobésité où l’on vous propose 50 webinaires si vous tapez ZAN sur Google, nous souhaitons nous distinguer en proposant une information concise dispensée par les meilleurs experts en la matière » souligne le rédacteur en chef. Qui entend aussi rompre avec la ligne éditoriale précédente, jugée insuffisamment attrayante. « Notre prochain numéro comprendra un dossier sur le logement, avec trois interviews croisées, de maîtres d’ouvrages, avec la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann et Jean-Baptiste Blanc, rapporteur logement au Sénat, d’opérateurs avec Alain Dinin (Nexity) et André Yché (CDC Habitat) ou d’experts, avec Catherine Sabbah (Institut des hautes études pour l’action dans le logement) et Thibault Tellier, professeur des universités à l'IEP de Rennes ».

1er mars 2022
AOC CATHERINE SABBAH

Des campagnes pas si mal habitées

Pourtant au cœur de notre quotidien et lié de nombreux problèmes (insalubrité, consommation énergétique, encadrement des loyers…), l’habitat se retrouve une fois de plus à la marge des programmes électoraux. Alors que la Fondation Abbé Pierre vient de publier son 27e rapport sur le mal-logement, il est intéressant de parcourir les quelques propositions des candidats, à la lumière de celles qui ont pu être faites, tenues ou abandonnées ces dernières décennies. Catherine Sabbah, déléguée générale d'IDHEAL, décrypte les propositions des candidats à l'élection présidentielle en matière de logement.

19 février 2022
REPORTERRE HÉLOÏSE LEUSSIER

Le pavillon est dépassé, ils choisissent l’habitat collectif

Ne pas grignoter trop de sols, ni multiplier les grandes tours… Comment satisfaire les besoins en nouveaux logements – entre 2,7 millions à 3,9 millions sur la période 2017-2030 [1] – tout en préservant l’environnement ? D’autant que chaque ménage occupe de plus en plus d’espace, en raison de la recomposition des familles et du vieillissement de la population. Selon l’Insee, on est passé d’un peu plus de trois personnes par ménage, en 1968, à 2,3 en 2016. Le nombre de mètres carrés par personne est passé de 31 en 1984 à 40 en 2006.

La réponse pourrait passer par la mutualisation : c’est ce que permet l’habitat participatif, qui consiste à partager sous diverses formes des espaces d’un logement collectif. On dit aussi habitat partagé ou habitat groupé. Ce mouvement se développe progressivement depuis les débuts des années 2000, et intéresse de plus en plus de citoyens et de collectivités. Il reste toutefois timide en France. Il y a aujourd’hui près de 270 habitats de ce type ayant abouti, 170 en travaux et 500 à l’étape de la réflexion ou d’étude, selon le mouvement Habitat participatif France.

La ville de Lille avait par exemple lancé, dès 2011, un appel à projets pour créer deux habitats participatifs dans le quartier de Bois-Blancs en plein renouvellement. Ces deux premiers projets, créés par des groupes d’habitants avec des bailleurs sociaux, sont sortis de terre il y a quelques années. L’un s’appelle Les voisins du quai et est constitué de onze logements ; l’autre, Les voisins et cætera, rassemble huit ménages. Les habitants, locataires ou en accession à la propriété, ont chacun des appartements de différentes tailles, mais partagent en plus un jardin et d’autres pièces comme un salon, une buanderie, un atelier et une chambre d’amis.

Chez les habitants que nous rencontrons, si l’entraide et le partage sont les motivations premières pour se tourner vers ce type d’habitat, les avantages écologiques sont aussi bien identifiés. Pour Camille, 36 ans, auteur et metteur en scène, habitant des Voisins et cætera, cela permet d’avoir « un mode de vie urbain moins consumériste ». Dans leur salon partagé ouvert aux habitants du quartier, ils accueillent des ateliers de réparation de vélo, du brassage de bière, une livraison d’Amap et également des commandes alimentaires groupées, en vrac, pour réduire les emballages et éviter d’acheter dans la grande distribution. Les espaces sont aménagés avec du matériel de récupération, les jardins et composts sont entretenus collectivement. Les voisins du quai ont même choisi de faire de la permaculture. « Un jardinier vient nous aider à faire des chantiers participatifs », raconte Sophie, 63 ans, retraitée. Plusieurs résidents des Voisins du quai partagent par ailleurs une voiture avec des habitants des Voisins et cætera.

Tout le monde pourrait-il vivre comme cela ? « Il faut avoir des aspirations à vivre un peu autrement », estime Éric, habitant des Voisins du quai. Ce responsable associatif, qui résidait auparavant dans une grande maison, qui « n’était plus adaptée et nécessitait des travaux », a opté pour l’habitat participatif afin « d’anticiper son vieillissement », mais aussi pour des valeurs de « solidarité ». Les Voisins du quai ont d’ailleurs décidé, au moment du montage de leur projet, qu’un studio au sein de leur immeuble serait proposé en location très sociale. Kévin, 30 ans, a ainsi rejoint l’habitat par le biais d’une association œuvrant pour les personnes en situation de handicap, les Papillons blancs. « Je trouve ça mieux que d’avoir un appartement tout seul », dit-il. Junie, 47 ans, elle, a choisi de rejoindre cet habitat pour que ses deux enfants côtoient d’autres jeunes, mais ils avaient déjà bien grandi quand le projet a finalement abouti.

« Des projets pour lesquels il faut six ans de montage, cela peut en décourager certains », observe Éric. « Le bailleur avec lequel nous avons créé notre habitat a trouvé que c’était très compliqué », explique Junie. « Il y a un mouvement assez structuré qui émerge, mais l’habitat participatif est beaucoup plus développé chez nos voisins en Belgique, en Allemagne, en Suisse, ou encore au Danemark. En France, on est plus individualistes », souligne Sophie. Il existe actuellement une dizaine de projets d’habitats partagés dans la Métropole européenne de Lille, aboutis ou en cours. « Pour la métropole, l’habitat participatif permet de densifier sur des parcelles dont les promoteurs ne veulent pas. Ce qui n’empêche pas la multiplication de constructions sur d’anciennes terres agricoles autour de la ville. Nous restons marginaux par rapport à l’extension de l’étalement urbain », regrette Camille. Pourtant, selon lui, tout le monde pourrait vivre en habitat partagé. « C’est comme une vie de quartier, ce n’est pas comme une colocation. On a tous nos appartements privés avec, en plus, des choses qu’on partage avec nos voisins ».

Aujourd’hui, des projets d’habitats participatifs se construisent partout en France, en ville comme en zone rurale, sous des formes très variées. Certains sont réalisés à l’initiative de collectivités, et/ou avec des bailleurs sociaux, d’autres rassemblent uniquement des particuliers. De plus, il ne s’agit pas forcément d’appartements. Certains projets sont constitués de petites maisons regroupées autour d’espaces partagés. Il peut même s’agir de villages composés d’habitats légers, qui ont l’avantage d’avoir peu d’emprise au sol.

Pour l’instant, l’engouement pour les habitats collectifs reste minoritaire. Pour lutter contre la hausse de construction de maisons neuves néfaste pour le climat, l’urgence est, déjà, d’améliorer l’offre de « grands » logements classiques. Une étude de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) portant sur des logements construits en Île-de-France entre 2000 et 2020 fait également le constat d’une diminution de la taille des appartements : « Les T4 réalisés avant 2010 sont en moyenne près de 10 m² plus grands que ceux livrés depuis dix ans ». Par ailleurs, les appartements actuels sont mieux isolés, mais 27 centimètres plus bas de plafond qu’il y a soixante ans, selon l’enquête Qualitel de mai 2021. Il y a par ailleurs de moins en moins d’appartements traversants : 32 % pour ceux construits après 2009, contre 50 % des appartements de plus de dix ans.

Cette baisse de qualité s’explique en partie par les politiques actuelles, basées sur des dispositifs de défiscalisation de type Pinel, qui incitent des particuliers à investir dans des logements qu’ils n’habitent pas. Dans l’ouvrage Réparons la ville ! Propositions pour nos villes et nos territoires (Apogée, 2022), l’urbaniste Sylvain Grisot et la présidente du Conseil national de l’ordre des architectes Christine Leconte concluent : « Les promoteurs disparaissent une fois les logements livrés et les propriétaires le restent rarement après la période de défiscalisation. Ne subsistent que des locataires habitant des logements dessinés sans eux et des bâtiments pas vraiment conçus pour durer. »

10 février 2022
LA GAZETTE DES COMMUNES SOPHIE LE RENARD

L'hébergement, un secteur en expansion perpétuelle

Le sociologue Julien Damon a réalisé une étude inédite pour IDHEAL (Institut des hautes études et d'action dans le logement) sur les multiples structures d’hébergement qui prennent une part exponentielle dans la politique du logement, une mise en perspective de cette question complexe.

« Être hébergé c’est ne pas avoir le droit d’héberger. » Telle est la caractéristique commune des nombreux types de publics qui sont hébergés. Non titulaires d’un bail, un million de personnes sont logées de cette façon.

En effet, sous le vocable « hébergement », il existe de multiples profils accueillis : des sans-domicile fixe (SDF), des demandeurs d’asile, des travailleurs sans-papiers mais aussi des jeunes actifs, des étudiants, des personnes handicapées ainsi que des personnes âgées dépendantes. Le sociologue Julien Damon, s’est penché sur ce secteur si particulier qui est devenu un sujet majeur faisant souvent irruption dans l’actualité. Ce professeur à Sciences Po, à HEC et à l’École nationale supérieure de sécurité sociale a réalisé une étude inédite pour IDHEAL, intitulée « Héberger, c’est loger ? Aux frontières du logement ordinaire » afin de mettre en perspective cette question complexe et riche de l’hébergement.

Il s’est penché sur la complexité de ces multiples structures pour les publics certes différents, mais qui peuvent selon les places disponibles passer d’un lieu à l’autre. Il s’agit (liste non exhaustive) des centres d’hébergement d’urgence, de réinsertion sociale (CHRS), centres d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) mais aussi de nuitées à l’hôtel, les résidences sociales, étudiantes, jeunes actifs, les EHPAD, les résidences autonomie, etc. « Il n’est pas toujours facile de savoir de quoi on parle. Les opérateurs comme les services de l’État n’ont pas toujours le même vocabulaire ni le même périmètre. Il s’ensuit des chiffrages différents sur ce que ces mots et signes désignent et sur ce qui alimente le débat public» déplore le chercheur, qui met en évidence une part de plus en plus importante de l’hébergement tant en termes d’offres que de financements publics.

Ainsi l’offre d’hébergement pour les personnes défavorisées représentait 1 % de l’offre HLM en 1990, c’est aujourd’hui 5% et cela monte à 10 % avec le logement accompagné et même 20% avec l’ensemble du secteur médico-social. Autres chiffres significatifs, l’hébergement qui inclut des dépenses de prestations sociales et sanitaires, équivaut à 2 % du PIB et 3 % de l’emploi. Ces proportions ont doublé en une trentaine d’années. « Par rapport aux dépenses publiques, 1/5 de la politique du logement est destiné à l’hébergement. Donc, nous pouvons considérer que l’Etat fait beaucoup plus pour l’hébergement que pour le logement. Depuis les années 90, le logement social a cru, mais pas dans les mêmes proportions» constate-t-il.

L’Etat paie chaque soir 100 000 places d’hôtel, notamment pour les demandeurs d’asile. « 20% des nuitées hôtelières en France sont financés ainsi. Cela représente 17€ par nuitées et par personne. En 1995, ce type d’hébergement n’existait pas » précise Julien Damon. L’hébergement d’urgence est principalement concentré en Île-de-France, même il y existe des centres de type CADA, dans certaines villes de province, les préfectures en particulier. Dans certaines structures comme les centres d’hébergement et d’insertion, il y a un encadrement social. Car un des objectifs est la sortie des publics hébergés vers un habitat ordinaire. Le plan quinquennal « le logement d’abord » pour les personnes sans-domicile ne permet pas encore de renverser la tendance. « Il n’y a pas assez de logements pour envisager cette option. Les collectivités devraient avoir plus la main, car souvent il y a un renvoi de balle avec l’Etat » note le sociologue, qui prône plus de décentralisation et une européanisation de la question...

28 janvier 2022
BATIACTU BASILE DELACORNE

Logement social : selon Emmanuelle Cosse, « la maîtrise d'ouvrage directe ne garantit pas la qualité ».

Invitée par Cadre de ville à s'exprimer sur la qualité du logement social, Emmanuelle Cosse, Présidente du Mouvement HLM, a pointé les difficultés d'accès à des fonciers de qualité, ainsi que la problématique de l'équation économique dans le cadre de la RE2020 pour "sortir les logements très abordables dont le pays a besoin".

La journée organisée par Cadre de ville autour de la RE2020 et du logement social, le 27 janvier, a été l'occasion de montrer de nombreux exemples d'opérations réussies, qualitatives du point de vue de l'usager et très ambitieuses sur le plan carbone. Invitées, en conclusion, à dialoguer sur la qualité du logement en général et des HLM en particulier, Catherine Sabbah, déléguée général d'IDHEAL (Institut des hautes études pour l'action dans le logement), et Emmanuelle Cosse, président de l'Union sociale pour l'habitat (USH), ont pu quelque peu calmer l'enthousiasme qui s'était exprimé jusque-là.

Catherine Sabbah a rappelé d'emblée que "les bailleurs sociaux sont-peut-être volontaristes, aidants et motivés, comme le montrent les nombreux projets présentés, mais la moitié ou plus des logements produits l'est par les promoteurs, avec des logements qui sont souvent de qualité moins convaincante". L'ancienne journaliste estime que "l'expérience des bailleurs dans la rénovation peut leur servir pour reprendre la main dans la maîtrise d'ouvrage directe, voire faire de la VEFA inversée". Pour la présidente de l'USH, si cette option est souhaitable, "la maîtrise d'ouvrage directe ne garantit pas la qualité" d'usage des logements. "J'ai visité des logements en maîtrise d'ouvrage directe où on ne pouvait pas mettre de meubles dans le salon", relate-t-elle.

IDHEAL a en outre comparé les plans de 50 opérations immobilières en Ile-de-France entre 2000 et 2020. Résultat : "les logements ont rétréci, la cuisine ne représente désormais le plus souvent qu'un petit coin du salon sans fenêtre, donc pas séparable, les chambres n'offrent pas de possibilités d'aménagement divers, et la moitié de l'échantillon est mono-orienté". Et cette dégradation de la qualité "a été pire entre 2010 et 2020 que dans la décennie précédente". Un constat qui rejoint celui du rapport Girometti-Leclercq, et dont Catherine Sabbah a pu faire part lors de la série de tables-rondes Habiter la France de demain, initiée par la ministre Emmanuelle Wargon.

27 janvier 2022
ENLARGE YOUR PARIS RENAUD CHARLES

Le logement à temps partiel, suite logique du télétravail ?

Un pied à Paris, l'autre ailleurs. En 2020, l’agence d’architecture Majma a entamé une réflexion sur le logement à temps partiel. Elle s’est associée à l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) pour mener une enquête en ligne afin de mieux cerner les besoins. Ce qu'exposent à Enlarge your Paris Antoine Maitre et Martin Jaubert, leurs co-fondateurs, ainsi que Catherine Sabbah et Jean Vannière, d’IDHEAL. L'entretien proposé est extrait du dernier numéro de Paris Projet, « La ville essentielle : quels changements attendre de la crise de 2020 ? » dans la section « La ville habitée : la crise aura-t-elle un impact durable sur les attentes des ménages concernant leur logement ? » coordonnée par l’urbaniste Stéphanie Jankel de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), l'agence d'urbanisme de la ville de Paris. La revue Paris Projet à laquelle a contribué Enlarge your Paris est éditée par l’Apur.

13 décembre 2021
LES ÉCHOS MATHILDE RIAUD

Comment inventer l'avenir du logement en Île-de-France ?

Qui pourra encore se loger en Île-de-France en 2030 ? La question ne manque pas d'inquiéter les acteurs du logement, comme l'a montré la première table ronde organisée par l'Etablissement public foncier d'Ile-de-France (EPFIF) lors de son colloque du mardi 7 décembre. « Dès 2017, les promoteurs ont tiré la sonnette d'alarme face à la baisse de production de logements dans la région », rappelle Fouad Awada, directeur de l'Institut Paris Région. Malheureusement, la situation ne s'est pas améliorée depuis. « Les prix de l'immobilier ayant été multipliés par trois en vingt ans, les ménages les plus pauvres connaissent de plus en plus de difficultés à se loger », souligne-t-il. En témoignent l'augmentation du nombre de logements suroccupés et l'explosion du nombre de demandes d'habitat social : de 400 000 demandeurs en 2010 à 750 000 en 2020, soit une hausse de 90 %.

Des efforts doivent donc être faits pour favoriser la rénovation urbaine. « En dehors des cas où l'on n'arrive pas à sortir des énergies fossiles après rénovation, le bilan environnemental est plutôt favorable à la rénovation qu'à la démolition ou reconstruction » rappelle Rémi Babut, ingénieur et urbaniste au Shift Project. Cela ne suffira cependant pas à couvrir tous les besoins, l'Île-de-France gagnant près de 50 000 habitants par an. Pour sortir de l'ornière, il n'y aura pas d'autre choix que de « financer beaucoup de logements sociaux et construire beaucoup de logements neufs », insiste Fouad Awada. Pas seulement pendant deux ou trois ans. « Il est indispensable d'arriver à stabiliser l'effort de construction sur une période d'au moins vingt ou trente ans » estime Jean-Claude Driant, professeur à l'Ecole d'urbanisme de Paris.

Construire plus, d'accord, mais quoi ? Pour quoi ? Pour qui ? « En 2016-2017, on a atteint un pic de production » note Jean-Claude Driant, « sauf que les logements qui sont sortis de terre à ce moment-là n'étaient pas destinés à fluidifier le marché mais à être vendus à bon prix par les promoteurs. » Résultat, beaucoup d'entre eux ne correspondent pas aux besoins des occupants. « Or c'est en réfléchissant à la qualité que l'on augmentera l'acceptabilité de ces opérations, et notamment de leur coût environnemental » souligne Catherine Sabbah, déléguée générale de l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL).

2 décembre 2021
L'OPINION MÉRIADEC RAFFRAY

Logement : comment les projets s'adaptent à la demande et aux nouveaux usages

« De la surface. De la lumière. Des accès à l’extérieur ». Ces trois besoins ont obsédé beaucoup de Français bloqués dans les grandes métropoles durant le confinement dur du printemps de 2020, résume Catherine Sabbah, la déléguée générale de l’Institut des Hautes Etudes pour l’Action dans le Logement (IDHEAL). Mais « quoi d’étonnant quand on est enfermé ? » En fait, nuance l’experte, « on connaît mal la demande des ménages en matière de logement, surtout dans les zones tendues où le prix est déterminant ». Une demande qui tranche avec la réalité du parc. Sur ce point, l’étude menée par IDHEAL en 2021 sur un échantillon de 1 700 plans montre des tendances de fond : « À l’intérieur des logements, des cuisines qui rétrécissent et finissent pas n’occuper qu’un morceau de mur du salon, des chambres trop exiguës pour y caser un bureau. Des fenêtres d’un seul côté, pas idéal pour la luminosité ou la ventilation naturelle. Enfin, les espaces communs sont souvent inexistants ou insuffisants. Pourtant, ils permettent à la fois d’élargir les logements et de bénéficier de nouveaux services ».

Depuis la crise, confirme Manuel Colleaux, directeur général adjoint d’Altarea, deuxième promoteur immobilier français, « deux préoccupations principales animent nos clients : le bien-être et la santé à l’intérieur du logement ; la problématique environnementale à l’extérieur ». Partout en France, complète Helen Romano, vice-présidente du pôle résidentiel de Nexity, « nos clients attendent de la qualité, et pas seulement un logement mais un usage ». Les projets sont amendés en conséquence. Altarea présente la feuille de route de sa filiale Cogedim sous la forme de dix engagements, parmi lesquels : améliorer la qualité de l’air par des mécanismes de ventilation optimisés, l’installation de fenêtres oscillo-battantes, des peintures écologiques ; renforcer l’acoustique des cloisons séparant les zones « jour » et « nuit » ; systématiser les balcons. Dès que c’est possible, Nexity injecte du bois dans ses constructions. A l’extérieur, le vert est de mise partout : toitures végétalisées, pelouses et arbres dans les espaces communs.

La question de la surface disponible des logements est plus complexe à résoudre. Leur taille a eu tendance à diminuer sous l’effet du marché. Il a été beaucoup soutenu par le dispositif Pinel. En Île-de-France, celui-ci favorise les surfaces allant jusqu’à 60 m2. Il s’est aussi adapté au rétrécissement de la taille des ménages du fait des divorces et du vieillissement de la population, souligne Jean-Claude Driant, professeur à l’École d’urbanisme de Paris. Un ménage compte 2,3 personnes en moyenne. Au cœur des grandes métropoles, 55 % d’entre eux sont composées d’un seul membre. « Moins que la multiplication des petits appartements », poursuit son collègue Martin Vanier, « l’avenir semble plutôt résider dans la construction d’immeubles plus collectifs. C’est une réponse pertinente pour les jeunes, forcés à cohabiter, mais aussi pour les seniors. Le marché est encore prudent mais il a compris que l’économie de service est l’avenir ».

Espaces partagés et services connectés. Sur le modèle des résidences de service pour les touristes, étudiants ou seniors, qui aiguisent l’appétit des investisseurs, les promoteurs esquissent le logement de demain. Les futurs programmes vont s’enrichir de chambres d’hôtes ou d’amis, de salles de convivialité ou/et de télétravail, d’installations sportives. Simultanément, les gestionnaires de blocs entiers d’immeubles déploient de nouveaux services dématérialisés. Nexity a lancé son application Eugénie qui, depuis son smartphone, permettra de contrôler à distance les équipements connectés de l’appartement : lumières, volets roulants, thermostats et radiateurs, système d’alarme ou de télésurveillance. A Paris, la foncière Gecina teste des boîtes aux lettres connectées et partagées dans deux immeubles afin de remédier à la perte des colis.

Diversification, personnalisation et maîtrise des coûts : la seule limite de cette révolution est le risque de déshumaniser le rapport entre l’occupant des lieux et le gestionnaire. « C’est bien pris en compte par les professionnels de la gestion des immeubles qui savent combien la solitude affecte de plus en plus de personnes », affirme Claire Flurin, directrice R & D du groupe Keys Asset Management. Chez Gecina, la présence d’un YouFirst Manager (gardien d’immeuble) contribue à répondre au besoin de relations humaines en faisant le lien avec les personnes qui vivent dans ses immeubles. L’autre frein à la massification des services est réglementaire. « Industrialiser a une vraie utilité pour les locataires puisque cela diminue les coûts. Encore faut-il que la loi autorise le gestionnaire à leur facturer les services. Or, en la matière, la législation est ancienne et manque de cohérence », note Pierre-Emmanuel Bandioli, directeur exécutif résidentiel de Gecina. Le principal décret qui encadre la liste des charges récupérables date de 1987 et n’a jamais été toiletté. Conséquence, selon son statut, un gestionnaire peut - ou non - facturer de la vidéosurveillance, une connexion internet ou encore des opérations de dératisation des immeubles.

9 novembre 2021
LE MONDE ISABELLE REY-LEFEBVRE

Hébergement des sans-abri : un investissement massif et croissant

La politique de logement des sans-abri, massive, est-elle sur la bonne voie ? Pour le sociologue Julien Damon, auteur d’une étude commandée par l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), parue ce mardi 9 novembre, « l’hébergement [provisoire] des personnes sans domicile est devenu, petit à petit, depuis quinze ans, une composante centrale de la politique du logement, qu’il s’agisse de l’offre, du budget, de l’intérêt politique et même de l’énergie et du temps que lui consacre le ministère du logement ». La priorité affichée est cependant plutôt le relogement pérenne, traduit, depuis 2017, dans la stratégie nationale « pour le logement d’abord ».

14 octobre 2021
LE MONITEUR JACQUES-FRANK DEGIOANNI

« La défiscalisation doit être fléchée vers le logement de qualité » selon Christine Leconte

Qu'est-ce que la qualité d'un logement ? Selon Christine Leconte, là réside toute la question de la création architecturale, de la plus-value apportée par l'architecte dans l'intelligence d'un plan de logement, dans la conception d'un bâtiment et de la fabrication de la ville. Une large part repose sur du ressenti, de l'immatériel : ambiances lumineuse, thermique, acoustique, sensation d'espace, usage, confort... La récente étude de l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL) montre l'importance des « mètres carrés du hasard », sans utilité préétablie. L'important, c'est la manière dont les gens s'approprieront leur logement. Ce sont ces « mètres carrés impensés » qui font la différence, et qui sont absents des espaces très contraints. L'architecte peut apporter cette qualité pour sortir du standard et habiter un lieu et un territoire.

11 octobre 2021
LIBÉRATION EVE SZEFTEL

Déconfinée, la fenêtre sort du cadre

Ténor qui chante de l’opéra, applaudissements à 20 heures, DJ pour un balcon-concert, cours de gymnastique, apéro entre voisins ou encore simple sieste au soleil : pendant le confinement, la fenêtre a été, pour les citadins cloîtrés, une échappée vers le monde extérieur, lieu d’évasion individuelle mais aussi de rencontres et d’expériences collectives. Objet de détournements fonctionnels, le cadre en bois ou PVC a allègrement outrepassé sa fonction initiale de source de lumière et d’aération. Pour «transformer l’expérience du confinement en potentiel architectural», le Pavillon de l’Arsenal, à la fois centre de documentation et lieu d’exposition, a lancé un concours dans le cadre de « FAIRE », son incubateur de projets urbains innovants.

Lauréat de FAIRE 2020, « Scénarios futurs. Dispositifs de façade post-confinement », porté par les architectes Cyrus Ardalan, Ophélie Dozat et Lucien Dumas, est visible jusqu’au 7 novembre. Il présente 60 dessins – et un prototype – de ces percées murales qui hybrident joyeusement l’intérieur et l’extérieur, l’intime et le social, le privé et le public.

Le prototype exposé au Pavillon est une « assise tournante, en balcon. Un isoloir domestique qui peut s’ouvrir à la ville grâce à un système de voile rétractable. Une structure qui fonctionne, autoportante, et qui peut être construite par chacun ». Les autres dispositifs font, eux, la part belle à l’imagination : un salon de thé, une « bulle d’apéro Skype », une balançoire coquine, un barbecue, un sauna, un studio de chants, une épicerie. Une dimension utopique assumée qui vise à repenser la relation à l’extérieur pour que la façade ne soit pas une prison.

En pratique, le confinement a servi de «crash-test» au parc de logements français. Une étude récente de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), qui a passé au crible des milliers de plans de programmes neufs, a montré qu’en vingt ans le «confort d’usage» des logements a baissé. Si 80 % des plans étudiés présentent «au moins un espace extérieur», ce qui est un progrès, deux tiers des balcons ont une profondeur de moins d’1,50 m, permettant difficilement d’y installer une petite table ou d’y faire sécher du linge. Quand la loggia ne sert pas de lieu de stockage, faute de placards...

27 septembre 2021
LA GAZETTE DES COMMUNES DELPHINE GERBEAU

Penser le logement autrement

Tous les signaux sont au rouge ! La production neuve de logements chute depuis 2019, ainsi que la délivrance de permis de construire – même si des signaux de reprise ont émergé au deuxième trimestre 2021. Les prix atteignent des sommets, tandis que les professionnels dénoncent la hausse des prix du foncier et la flambée des coûts de construction. La crise sanitaire a amplifié la prise de conscience d’un parc de logements de plus en plus inadapté à l’évolution des besoins des habitants et de l’environnement, et donné un coup d’accélérateur au télétravail.

« Le système atteint ses limites. Le bouclage des projets immobiliers se fait dans un modèle économique contraint qui doit concilier plusieurs un foncier cher, des élus qui ne vont pas au bout des possibilités de constructibilité de leur plan local d’urbanisme, la nécessité de rester dans des prix abordables » a admis la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, le 8 septembre, lors de la présentation du rapport de Laurent Girometti (directeur général d’EpaMarne) et de François Leclercq (architecte urbaniste) relatif au référentiel du logement de qualité.

Deux rapports récents ont tenté de mesurer l’évolution de la qualité du logement. L’association Qualitel a ainsi publié, le 1er juin, un « état des lieux du logement des Français ». S’il démontre certains points d’amélioration comme la généralisation des espaces extérieurs, il pointe également des dégradations. Depuis 1945, la hauteur sous plafond a chuté de 2,67 mètres à 2,40 mètres environ. La surface moyenne des appartements a baissé – un deux-pièces est passé de 48 mètres carrés à 45 mètres carrés, les appartements sont de moins en moins traversants – 50 % des appartements de plus de dix ans sont traversants, contre 32 % des plus récents. L’institut IDHEAL, de son côté, a présenté le 27 août une étude intitulée « Nos logements, des lieux à ménager », consacrée à l’Île-de-France, et qui va dans le même sens que le rapport de Qualitel. « Une part significative des logements produits en Île-de-France depuis vingt ans se trouve dans des situations défavorables : mal orientés, donnant seulement sur rue, en rez-de-chaussée ou dans des angles rentrants sur cour. Ces logements ont perdu en confort, les surfaces des cuisines, des séjours, de la deuxième chambre ont souvent diminué » expliquent leurs auteurs, Pauline Dutheil et Samuel Rabaté. Lors de la présentation de son rapport à la ministre du Logement, Laurent Girometti a ainsi résumé la situation : « depuis le début du XXIe siècle, on constate une tendance à la dégradation des surfaces habitables, avec une optimisation des surfaces vendues et des coûts. Le tableau Excel a parfois pris le pas sur la qualité des logements ».

22 septembre 2021
CHRONIQUES D'ARCHITECTURE PAUL CHEMETOV

Rien ne justifie de construire pour un siècle avec les règlements actuels

Les chroniques d’architecture ont publié deux lettres d’humeur, celle de Francis Soler et celle de Rudy Ricciotti. Tous deux ont reçu le Grand Prix national d’Architecture. À leur suite, Paul Chemetov détaille ce qui fâche dans l'actuelle condition des architectes et le travail qui leur est demandé.

Si tous les Grand Prix disaient ce qui les insatisfait dans leur vie, leur situation dans la société, les projets qu’ils dessinent et ceux qu’ils construisent, nous aurions sans doute un diagnostic irréfutable et nous verrions que, par-delà la lutte de tous contre tous qui découle de la forme actuelle des consultations, nos maux sont partagés et que ce que nous proposons aurait sens, nous l’espérons, pour les pouvoirs publics et les investisseurs privés.

Tout récemment, François Leclercq et Laurent Girometti ont remis à Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, un rapport sur le logement et ce qu’il devrait assurer. Le confinement a mis en lumière les insuffisances de bien des habitats, privés d’espaces extérieurs praticables et de surfaces intérieures capables d’offrir à chacun l’intimité de la chambre à soi chère à Virginia Woolf et des espaces de la vie commune conçus avec une attention nouvelle, attention portée notamment aux salles de bains comme aux cuisines, prenant jour par des fenêtres et à la ventilation naturelle de logements qui ne seraient pas mono orientés.

Son diagnostic vient confirmer et préciser le rapport Lemas sur la qualité des logements sociaux, comme le discours de la ministre de la Culture, l’étude d’IDHEAL ou les intuitions de celle initiée par l’Ordre des Architectes...

18 septembre 2021
LE POINT LAURENCE ALLARD

Vers un nouveau dispositif pour l'immobilier locatif neuf

C’est chaque fois la même chose ! À son arrivée au pouvoir, auréolé de ses certitudes, le gouvernement annonce qu’il va supprimer les avantages fiscaux attachés à l’investissement dans la pierre. Et trois ans plus tard, devant l’aggravation de la pénurie de logements, il décide d’en recréer un à sa sauce. Le gouvernement Castex n’échappe pas à la règle. Alors qu’elle avait décidé l’an dernier de raboter la réduction d’impôt sur le revenu liée au dispositif Pinel pour tous les investissements réalisés en 2023 et 2024, Emmanuelle Wargon, la ministre du Logement, a annoncé réfléchir à un nouveau dispositif applicable à partir de 2023. Une manière de tuer dans l’œuf les baisses annoncées ! La réduction d’impôt dite Pinel devait diminuer après le 1 er janvier 2023 de 21 à 17,5 % du montant investi pour un engagement de location de douze ans, de 18 % à 15 % pour neuf ans et de 12 % à 10,5 % pour six ans. Puis respectivement à 14, 12 et 9 % pour tout achat après le 1er janvier 2024.

Les taux actuels seraient conservés dès lors que le bien satisferait des conditions environnementales et surtout, fait nouveau, des standards en matière de confort. « Il n’est pas raisonnable de laisser l’ajustement des prix se faire par la baisse de la hauteur sous plafond, une diminution de la taille des chambres ou l’absence de lumière traversante » estime Emmanuelle Wargon, qui s’appuie sur les conclusions d’une étude de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) portant sur 1 703 logements livrés entre 2000 et 2021 par 24 promoteurs et bailleurs sociaux. Les appartements franciliens auraient perdu en moyenne 10 m2 pour les 4-pièces (passés à 89,20 m2), 2,5 m2 pour les 3-pièces à 63,4 m2 et 2,8 m2 pour les 2-pièces à 43,1 m2. La moitié des logements n’auraient qu’une seule exposition, ce qui nuirait à la luminosité et à la ventilation.

17 septembre 2021
BUSINESS IMMO TRIBUNE

« Pour des États Généraux du Logement » : le point de vue d'Emmanuel Launiau

« Organisons ensemble des États Généraux du Logement » : c’est l’appel d’Emmanuel Launiau, président de Quartus promotion. Un appel lancé aux citoyens, élus, puissance publique, promoteurs, opérateurs urbains, architectes, chercheurs, acteurs économiques et sociaux, afin de fabriquer une ville belle et désirable.

17 septembre 2021
LE PARISIEN DELPHINE DENUIT, MAXIME FRANÇOIS

Plafond plus haut, superficie, extérieur... les pistes pour améliorer la qualité des logements

Trop petits, bas de plafond, mono orientés… Les confinements et la généralisation du télétravail ont mis en lumière le manque de confort d’une très grande majorité de nos logements, neufs comme anciens. « Il faut sortir d’un cercle vicieux et créer des logements désirables. Les villes doivent devenir plus accueillantes qu’elles ne le sont » alerte la Ministre du Logement, Emmanuelle Wargon. Elle a ainsi missionné l'architecte François Leclercq et l'aménageur Laurent Girometti en vue de créer un nouveau référentiel de qualité d'usage des logements neufs et anciens. « Le logement a fait un bond en avant important d'un point de vue technique et technologique, mais a clairement régressé en matière de qualité », constatent François Leclercq et Laurent Girometti. Dans leur rapport, remis la semaine dernière, tous deux proposent des pistes pour ce que pourrait être l'habitat de demain. Et plutôt que de rendre leur référentiel contraignant, les deux rapporteurs suggèrent de conditionner l'octroi d'une aide publique à son respect afin d'éviter, comme c'est trop souvent le cas trop, que l'habitat ne se résume pas qu'à « un produit financier ». Aussi étonnant que cela puisse paraître, le rapport ne préconise en revanche aucune augmentation, même minime, de la superficie des logements actuels, par comparaison à la moyenne constatée dans l'étude d'IDHEAL parue en août.

17 septembre 2021
LE MONITEUR MILENA CHESSA

En Île-de-France, le président de l’Ordre des architectes entre en action

Fabien Gantois, élu à la tête du CROAIF (Conseil régional de l'Ordre des architectes d'Île-de-France) au printemps, a fait sa première rentrée médiatique le 16 septembre. La qualité architecturale des logements figure parmi les priorités de son mandat. « La France est un pays où l’on produit des rapports sur le logement (Rebsamen, Lemas, IDHEAL, Leclercq-Girometti), mais il ne se passe pas grand chose après. Maintenant, il faut agir et fédérer l'écosystème qui fabrique notre cadre de vie ! »

17 septembre 2021
IMMOWEEK TRIBUNE

Emmanuel Launiau (Quartus promotion) : « Pour des États Généraux du Logement »

Ce serait donc une affaire réglée... Les logements construits en Île-de-France depuis 20 ans sont de moins bonne qualité. À la diminution de la taille des chambres, à l'ouverture des cuisines, à la réduction des espaces de rangements, un responsable est désigné : le promoteur immobilier. Il serait celui qui réduit le logement à un produit financier en oubliant que sa mission est de loger le plus grand nombre dans des espaces de vie de qualité. La caricature est grossière et les commentaires que suscite la par ailleurs sérieuse étude menée par les équipes d'IDHEAL auraient sans doute ravi l’anthropologue René Girard qui a tant décrypté la logique du bouc émissaire.

Au passage, on stigmatise cette profession à un moment où tous les acteurs de la chaîne de production de la ville sont devenus généralistes, chacun exerçant tour à tour les métiers d’aménageur, de foncière et de promoteur, et on oublie que ce dernier est devenu en France le premier producteur de logements sociaux.

Oui, la qualité d’habitation n’est pas un ressenti et elle peut s’objectiver. Lumière, espace, volume, habitabilité, qualité d’usage, espace de rangement, espace extérieur, orientation, qualité de l’air, acoustique… sont autant d’éléments qui font qu’un logement est agréable à vivre ou non. Si cette étude dresse une photographie sans concession, elle a le mérite de poser le débat sur ce qui produit de façon mécanique une moindre qualité dans un logement. Le tout est de ne pas tomber dans la caricature.

Le système de production du logement en France ne sert pas toujours la qualité d’habiter. Ce n’est pas s’exonérer que le reconnaître. Nous sommes dans un marché ouvert et le déséquilibre entre l’offre qui reste bien inférieure à la demande dans les grandes métropoles, alimente un enchérissement qui n’est bon pour personne.

Les prix augmentent, la capacité d’emprunt n’est pas extensible et, mécaniquement, les acquéreurs paient chère une surface plus petite qui finit par rogner certains usages, même si elle s’accompagne dans le neuf d’espaces extérieurs ou de parkings en sous-sols, autant d’atouts que ne propose pas souvent l’ancien.

Aujourd’hui, la qualité de la production des logements n’est pas dissociable de celle de la superficie. Autrement dit, c’est bien le prix de vente qui conditionne la taille et la qualité du logement. Ce mécanisme est connu et malheureusement, nous nous y noyons.

Pourtant, nous connaissons et partageons ces blocages. D’abord, un coût du foncier trop cher qui contraint d’emblée le projet censé s’y fabriquer. Quand le prix du terrain pèse 40 % (voire jusqu’à 50 % à Paris !) du prix de vente, c’est le programme immobilier lui-même qui est contraint de s’adapter. Le foncier n’est pas rare dans les grandes villes, il est cher. Cher à transformer, cher à recycler de ses usages précédents pour permettre de réparer et régénérer la ville, rendant ainsi plus complexe la production de logements pour tous, la limitation de l’étalement urbain et le retour de la nature en ville. Une vraie politique publique foncière dans les zones dites tendues devrait permettre de rééquilibrer un marché devenu de pénurie.

Car, finalement, l’augmentation des prix de vente des logements en France a profité en premier lieu, pour ne pas dire exclusivement, aux propriétaires fonciers, qu’ils soient publics ou privés. Rares sont encore les consultations à prix de cession foncière fixe, limitant la spéculation en contrepartie d’un effort supplémentaire demandé aux opérateurs sur l’innovation, la qualité d’usage attendue et l’empreinte carbone du projet.

Ensuite, le temps de fabrication d’un projet urbain s’est considérablement allongé. Si le temps démocratique de participation, de débats et de concertation est essentiel et utile, les temps réglementaires et administratifs de procédures ou de délivrance des permis ont doublé en 20 ans, avec des potentiels de constructibilité réduits à la clé. Le PLU (plan local d’urbanisme) qui fixe les règles de constructibilité d’une parcelle n’est plus un droit, mais est devenu un maximum pour les élus, alors qu’il est déjà l’expression d’une volonté politique et que l’instruction d’un permis de construire, au regard de ses règles, devrait être purement mécanique. Cet allongement des durées de production de l’offre en France participe, lui aussi, à l’augmentation des prix et donc à la réduction des surfaces et de la qualité des logements.

Enfin, l’empilement de normes et de réglementations a contribué à réduire la qualité d’usage des logements en réservant trop de surfaces à un usage trop faible ou encore en limitant leur confort. En illustration, la réglementation handicapée et l’augmentation démesurée des surfaces des toilettes ou encore la règlementation thermique et la réduction des surfaces vitrées dans les logements.

L’État s’apprête à nouveau à réglementer sur l’accroissement des surfaces et les volumétries des logements, quand de leur côté les collectivités veulent réglementer sur la réduction des hauteurs d’immeubles et de la densité urbaine ; le résultat est écrit d’avance, ce sont les concitoyens, nos clients, qui paieront leurs logements encore plus chers en zone dense, là où les prix ont déjà considérablement augmenté, désolvabilisant une large partie de la population et précarisant les plus fragiles.

Est-on à ce point englué dans ces injonctions contradictoires ? L’étalement urbain a cru trois fois plus vite que la population, comme le démontre si bien Sylvain Grisot quand il parle d’urbanisme circulaire. On veut zéro artificialisation nette, mais ne pas construire en ville. On veut bien construire, mais pas en face de chez soi. On veut bien de la nature en ville, mais sans densité et sans libération d’espace au sol… et, pourtant, il faut bien loger les gens.

Le ressort est-il (encore) de légiférer pour déterminer ce qui est de qualité et ce qui ne l’est pas ou au contraire d’accorder un peu plus de liberté pour construire mieux avec plus d’audace ? Cette habitude française de rajouter de la prescription à tous les maux n’est peut-être pas le meilleur moyen de hisser le niveau de qualité d’usage. Quant à savoir si c’est à la puissance publique de définir ce qui est de qualité et ce qui ne l’est pas, la question pourrait être posée. Si les chartes territoriales sont prises pour une opportunité de fabriquer une ville plus belle, l’enjeu est de laisser de la liberté pour proposer, imaginer, innover, rendre possibles différentes manières d’habiter. La qualité exige une expertise, elle demande aussi de la confiance. De la confiance aux architectes qui pensent des espaces évolutifs pour que les gens s’en emparent. Aux promoteurs qui conçoivent et construisent des lieux de vie adaptés à leurs clients. Aux habitants qui devraient avoir le choix de faire eux-mêmes chez eux, de privilégier une « family room » à des grandes chambres, un salon ouvert à une cuisine fermée ou l’inverse.

14 septembre 2021
CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE DES ARCHITECTES

Vers un référentiel du logement de qualité

Le 9 février 2021, la Ministre déléguée au Logement Emmanuelle Wargon a annoncé la mise en place d’un référentiel de la qualité des logements, dont elle a confié le pilotage à l’architecte urbaniste François Leclercq et au directeur général de l’EpaMarne, Laurent Girometti. L’objectif était de « permettre de faire évoluer nos pratiques, d'inverser la tendance au logement toujours plus petit, en tenant compte des enjeux sociaux, économiques et environnementaux ». Ce rapport a été présenté à la Ministre lors de la deuxième table-ronde de la démarche « Habiter la France de demain », le 8 septembre 2021. Il confirme la baisse de la qualité des logements depuis les années 1980. Néanmoins, le développement des « chartes de qualité » mises en place par les collectivités territoriales, à destination des acteurs de la construction et notamment de la promotion, témoigne d’une volonté de contrôler la qualité. Ce rapport concorde avec d’autres documents, tels que l’étude « Nos logements, des lieux à ménager » d'IDHEAL qui confirme également la perte de qualité du logement. L’ensemble des acteurs interrogés par François Leclerc et Laurent Girometti pointent les défaillances actuelles de la production du logement : pression foncière, fiscalité lourde, logique de rentabilité et surtout existence de dispositifs fiscaux générant de moindres attentes de la part des acquéreurs qui « achètent pour louer ». « La majorité des entretiens réalisés s’accorde à dire que la principale cause de diminution de la qualité des constructions neuves aujourd’hui est liée aux effets induits des dispositifs de défiscalisation type Pinel, qui incitent à considérer le logement comme un simple produit financier », précise le rapport.

14 septembre 2021
CHRONIQUES D'ARCHITECTURE ALICE DELALEU

Logements urbains trop petits, citadins dans les champs ? La gentrification 2.0

Deux études concernant le logement des Français sont parues à l’été 2021. La première, présentée le 27 août et menée par l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) analyse la baisse de la qualité d’usage des logements en Ile-de-France. La seconde, à l’initiative de SeLoger avec OpinionWay et dévoilée le 31 août, analyse les envies d’évasion des Français en matière d’immobilier. Concordance des temps ?

Avec ces travaux, alors que le gouvernement a lancé début septembre six semaines de débats dans le cadre de son programme de réflexion « Habiter la France de demain », promoteurs et agents immobiliers, dressant le constat d’une réalité pas si neuve, enfoncent les portes ouvertes (malgré tant de conflits de portes dans nos intérieurs trop petits).

Scoop : en vingt ans, les logements franciliens sont devenus trop petits et trop chers ! Conclusion ? Les Franciliens quittent Paris pour aller non pas en banlieue – nous ne sommes plus dans les années ’70 – mais dans les villes moyennes. Celles-là mêmes, temples érigés à la gloire des voitures, des centres commerciaux et de la maison Phenix, qui étaient désertées il y a quelques décennies à peine. Le Covid serait-il passé par là ? A moins que le monde de la promotion immobilière accoquiné aux courses politiques n’ait aussi joué un petit rôle dans le film ?

L’étude d’Idheal, intitulée « Nos logements, des lieux à ménager : études sur la qualité d’usage des logements collectifs, construits en Ile de France entre 2000 et 2020 » est au demeurant bien documentée. A l’échelle de la ville, c’est long vingt ans. Surtout pour découvrir que l’eau mouille toujours autant quand il pleut. Mais cela, les promoteurs participant au Think Tank Idheal le savent bien.

De l’art de faire passer une tempête tropicale en crachin breton, l’étude de 77 pages, hors bibliographie – c’est du sérieux – analyse à coups de jolis schémas et de pourcentages 52 opérations livrées ou en cours depuis 2000 sur le territoire francilien. Soit 1703 logements construits par 45 architectes, en zones aménagées ou dans le diffus. La caution de la neutralité ?

Pour apprendre quoi ? La faute de l’Etat qui fixe des objectifs de constructions aux maires sans plus vraiment planifier quoi que ce soit ? La faute aux lois fiscales ? La faute aux labels tous plus farfelus les uns que les autres ? Aux normes PMR et environnementales toujours plus contraignantes ? Sans doute mais, jusque-là, rien de vraiment neufs. Le feu, à l’inverse de la pluie qui mouille, ça brûle.

En revanche, la faute aux promoteurs, c’est à quelle page ? Sans doute, les lois, chartes et autres normes nivèlent par le minimum acceptable pour le commun des mortels les exigences des opérateurs économiques obnubilés par le bilan de leurs opérations. Cependant, et jusqu’à présent, il n’a jamais été interdit d’imaginer améliorer les minima. Ainsi page 58 de l’études, il est écrit que selon la Charte promoteur de la Ville de Saint-Germain-en-Laye (78), un T3 doit faire au minimum 55 m². Ce qui est petit pour une famille de trois personnes. 55m² ! Quid alors dans cette étude de l’hypocrisie ambiante, du promoteur renvoyant la balle au politique quand bien même tous s’entendent sur les prix, toujours à la hausse ?

La faute aux politiques publiques, c’est à quelle page ? L’étude d’Idheal dessine en négatif les vrais fautifs de la baisse de la qualité des logements en Ile-de-France, et pas seulement sur les vingt dernières années : la politique politicienne et la course à l’habitant, le développement territorial comme Graal des mandatures, encouragé par la baisse historique des taux d’emprunt.

A titre d’exemple, pour acheter un modeste T3 à Paris, il faut pouvoir justifier de près de 8 000 euros mensuels de revenus pour cette année 2021 (à condition d’avoir déjà un petit pécule). Les citadins quitteraient donc la Ville seulement à cause du Covid ? Allons-bon !

Quant au site seloger.com, les sondés semblent corroborer sans trop d’audace ce que les observateurs ont déjà compris depuis un an et demi au moins : que les citadins néo-bobos en ont marre des cages à poules, même de luxe. Ils veulent des jardins pour le basilic et un vrai parc avec de vrais arbres dedans pour que s’ébroue en sécurité la chair de leur chair. C’est beau comme les années ‘60. Bref, les 35-49 ans veulent une maison, aussi pour pouvoir y télétravailler. Au regard de l’argument, chacun a compris que les sondés, donc la cible, ne sont pas ouvriers dans le bâtiment ou femme de ménage (technicienne de surface en novlangue) dans des bureaux.

Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement, protégeant ses ouailles, tempère cependant*. « Plusieurs centaines de réalisations en France montrent que nous sommes capables de proposer des habitats respectueux de l’environnement, économes en espaces naturels, confortables et de grande qualité. Les Français connaissent peu ces réalisations mais ceux qui y habitent en sont pleinement satisfaits. Les modèles collectifs évoluent, ils sont plus écologiques, ouverts sur l’extérieur, lumineux », explique-t-elle. Il serait en effet un peu compliqué de gérer en plus une crise immobilière, mais le rôle d’un ministre est-il vraiment de se soustraire à un agent immobilier ?

Un tiers des acheteurs recherchent un bien dans une ville comptant entre 20 000 et 150 000 habitants. Les fameuses villes moyennes telles Angers, Saint-Etienne ou Libourne. Dans les faits, tandis que des acheteurs à fort pouvoir d’achat investissent la région, d’autres acheteurs ne désertent pas leur région mais déménagent vers les campagnes. C’est un autre exode urbain, l’exode des urbains, tant que les lignes à grande vitesse pourront remplacer le métro ! D’aucuns se poseront alors la question du bilan environnemental de ces déménagements qui oblige les ex-citadins à vélos à désormais se déplacer en voiture quotidiennement ou encore à chauffer des maisons plus grandes (malgré l’engouement noté pour le dispositif MaPrimRenov). La France de l’étalement urbain, épisode 2, est en marche.

A l’aune de ces deux études et à quelques semaines du verdict de la consultation citoyenne « habiter le monde de demain », quelle géographie se dessine progressivement depuis quelques mois ? Avec le retour en grâce des villes moyennes, c’est la France de Napoléon, découpeur régionaliste avant l’heure qui retrouve les grâces des Français, 170 ans après Haussmann, 150 ans après la première révolution industrielle et… 30 ans après la naissance d’internet.

Dans les années 1860, les grands travaux menés par Napoléon III et le Baron Haussmann avaient vu l’avènement d’une ville mixte et verte conçue par des promoteurs pour tous les habitants. Les classes populaires sous les toits, les bourgeois en bas. Puis il y eut l’invention fantastique mais aussi dramatique d’un point de vue urbain de l’ascenseur qui en apportant la lumière des hauteurs à la bourgeoisie, relégua les classes les moins aisées de la population d’abord dans les sombres cours d’immeuble, puis dans les arrondissements périphériques et enfin en banlieue.

Pendant les vingt ans scrutés à la loupe par Idheal, l’Ile-de-France a toujours un peu plus érigé ces distinctions de classes en modèle urbain, amplifiées sans doute par l’augmentation et l’ambition des CSP+ venus des régions et attirés par les fastes de la métropole. Aujourd’hui ce sont les mêmes, devenus néo-ruraux mais issus comme avant des catégories aisées, protégées et opportunistes, qui en fuyant vers les régions vont augmenter la tension foncière au point que la population historique de ces territoires ne pourra plus se loger.

Que signifie une hausse de 16% en un an de l’immobilier à Tourcoing, par exemple, où le revenu net moyen est de 1 927 € ? D’autant que le télétravail, qui permet de s’extraire des contraintes de déplacements et de temps, fera émerger une nouvelle dialectique entre télétravailleurs et travail en présentiel qui laisse présager une augmentation des inégalités entre ceux qui vivront dans des espaces agréables en télétravail et ceux obligés de se coltiner embouteillages et transports bondés version Grand-Paris avant de rentrer dans des banlieues dortoirs toujours plus éloignées des centres-villes. Car le luxe de l’espace retrouvé, c’est aussi du temps gagné.

Le « droit à la Ville » ou la gentrification globalisée…

13 septembre 2021
LE FIGARO JEAN-BERNARD LITZLER

Améliorer la qualité des logements : un chemin semé d'embûches

Plusieurs études montrent que les logements urbains n’ont cessé de voir leur surface et même leur hauteur sous plafond se réduire, ces 20 dernières années. Dans le même temps, la crise sanitaire a rendu plus forte que jamais l’envie de disposer de plus d’espace et de plus de verdure. C'est dans ce contexte que la Ministre du logement, Emmanuelle Wargon, a lancé l’initiative « Habiter la France de demain ». Une table ronde organisée dans les locaux du ministère à l’occasion de la publication du rapport sur la qualité d’utilisation du logement rend compte des nombreux obstacles à surmonter pour améliorer la situation. Le président de l’association Qualitel, Bertrand Delcambre, a rappelé qu’une vaste enquête qu’il avait commandée à Ipsos l’an passé montrait que les logements français ont perdu 27 cm de hauteur sous plafond en 60 ans alors même que les Français ont grandi de 7 cm durant cette période. De son côté, Catherine Sabbah, déléguée générale d'IDHEAL, think-tank dédié au logement, est parvenue à des conclusions similaires en Île-de-France avec son étude. L’examen de 1700 plans de logements franciliens construits entre 2000 et 2020 a permis de constater le rétrécissement des logements, la perte de « périmètre meublable » et la transformation de bon nombre de cuisines en un simple « pan de mur dans le salon ».

10 septembre 2021
TÉLÉRAMA XAVIER DE JARCY

Avec la spéculation foncière, les logements de mauvaise qualité gagnent du terrain

Alors que la surface des logements français est déjà l’une des plus faibles de l’Europe de l’Ouest, les appartements neufs rétrécissent. Quelques jours après une première enquête en région parisienne de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), un nouveau rapport, rédigé par l’architecte François Leclercq et le haut fonctionnaire Laurent Girometti, vient confirmer ce constat à l'échelle nationale. Appartements non traversants, disparition des entrées, des cuisines séparées et des placards, chambres minuscules, hauteur sous plafond inférieure à 2,50 mètres. Les plans sont pourtant établis par des architectes diplômés par le gouvernement et censés faire respecter les règles de l’art. C’est l’une des rares professions à être représentées par un ordre, mais elle a de moins en moins de pouvoir face aux promoteurs, aux constructeurs, à l’empilage des normes et à la loi du marché foncier. Quant aux permis de construire, ils sont accordés par les maires qui ont les moyens d’imposer des chartes de qualité mais ne le font pas assez. Le gouvernement annoncera des mesures en octobre pour rectifier le tir. Mais on ne voit poindre aucune politique cohérente de lutte contre la spéculation foncière. Or on observe depuis longtemps que lorsque le prix des terrains s’envole, les promoteurs sont contraints de diminuer surface et qualité pour préserver leurs marges et ne pas trop augmenter les tarifs. On n’obtiendra aucune amélioration si l’on ne règle pas le problème du coût. De plus, il ne faut pas seulement penser construction, mais aussi urbanisme. De bons logements collectifs en centre-ville sont le meilleur remède au désastreux étalement urbain. Il est grand temps d’en faire une priorité nationale.

10 septembre 2021
CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE DES ARCHITECTES

Référentiel sur la qualité du logement : redonner de meilleures conditions de vie aux habitants !

Le rapport sur la qualité des logements neufs remis mercredi 8 septembre par François Leclercq et Laurent Girometti à la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon constitue une étape importante dans la nécessaire révision de nos manières d’envisager et de construire l’habitat aujourd’hui. Ce rapport s’inscrit dans une prise de conscience collective et salutaire, qui n’est plus seulement celle des architectes, mais aussi des élus locaux et des citoyens : celle d’une dégradation de la qualité des logements construits depuis deux décennies dans notre pays. Les logements récents sont plus petits, plus bas de plafond, trop souvent mono-orientés, plus difficiles à meubler. Les confinements récents ont remis en lumière la valeur de ces qualités essentielles pour bien vivre dans son logement. Le constat est partagé avec les parutions récentes de l’étude "Nos logements, des lieux à ménager" publiée par IDHEAL, du dernier baromètre de l’association Qualitel, et du rapport de Pierre-René Lemas sur la qualité des logements sociaux.

9 septembre 2021
BFM IMMO DIANE LACAZE

Le nouveau dispositif Pinel devrait prendre en compte la surface et la qualité du logement

Le Gouvernement souhaite que le dispositif qui succèdera au Pinel intègre des critères de qualité du logement. "Les critères retenus seront dévoilés mi-octobre", précise un communiqué du Ministère, qui a présenté mercredi un référentiel sur la qualité du logement réalisé à sa demande par Laurent Girometti, directeur général d'EpaMarne et François Leclercq, architecte-urbaniste. Le référentiel propose notamment d'établir un critère d'une "surface minimale par typologie de logement, gage d'un meilleur confort et de plus de polyvalence dans le temps". Une récente étude de l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL) montrait en effet que les appartements neufs étaient de plus en plus petits en Île-de-France et que le dispositif Pinel renforçait cette tendance. Le référentiel suggère également de considérer la luminosité et l'agencement intérieur. "Sans établir une nouvelle norme, il constitue une base équilibrée dont les élus et les opérateurs pourraient se saisir", a commenté Emmanuelle Wargon.

9 septembre 2021
LE MONITEUR MARIE-DOUCE ALBERT

Référentiel du logement de qualité : pour Emmanuelle Wargon, « il faut améliorer collectivement le système de production de l'habitat »

Lors de la 2e session du programme « Habiter la France de demain », tenue le 8 septembre, la Ministre déléguée au Logement a appelé à une « prise de conscience » globale de tous les acteurs sur la dégradation de l'état de la construction neuve. Emmanuelle Wargon a confirmé que le décret d’application sur le maintien du dispositif Pinel pourrait rependre des éléments du rapport Leclercq-Girometti. Pour la Ministre, le temps est venu de prendre conscience que le système de production du logement « atteint ses limites », victime d'un cercle vicieux amenant à produire des appartements toujours plus petits et bas de plafond. Ces défaillances étaient pointées dans le « Référentiel du logement de qualité » que venaient de lui rendre l’architecte-urbaniste François Leclercq et le directeur général de l’établissement public EpaMarne/EpaFrance, Laurent Girometti. Emmanuelle Wargon a aussi souligné la concordance de ce rapport avec d’autres documents, tel que le rapport Lemas ou les études produites par Qualitel ou par L’Institut des Hautes Etudes pour l'Action dans le Logement (IDHEAL).

8 septembre 2021
LE MONDE ISABELLE REY-LEFEBVRE

Le Gouvernement envisage un nouvel avantage fiscal pour améliorer la qualité des appartements neufs

La qualité des appartements récemment construits – leur superficie réduite, leurs plafonds de plus en plus bas, leur conception incohérente, leur mono-orientation qui réduit la luminosité et empêche tout courant d’air en été, voire l’absence d’espaces de rangements et de cave –, régresse depuis vingt ans. Ce constat inquiétant est établi, une fois de plus, dans le rapport de l’architecte François Leclercq et du directeur de l’Etablissement public d’aménagement EpaMarne, Laurent Girometti, remis, ce mercredi 8 septembre, à la ministre du logement, Emmanuelle Wargon. Ce travail vient corroborer les résultats d’une récente enquête de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), intitulée « Nos Logements, des lieux à ménager », et rendue publique le 27 août dernier. Elle mesurait ce recul entre 2000 et 2020, à propos des logements vendus sur plans. Pour remédier à cet état de fait, le gouvernement envisage de concevoir un nouveau dispositif fiscal qui prendrait le relais du Pinel dès 2023 et imposerait le respect de certains critères architecturaux et urbanistiques par les promoteurs.

8 septembre 2021
FRANCE INTER CLAIRE CHAUDIÈRE

Comment enrayer la baisse de superficie et de qualité des logements neufs ?

Un rapport, commandé par le gouvernement à l'architecte et urbaniste François Leclercq et au spécialiste de l'habitat et de l'aménagement Laurent Girometti, confirme la dégradation de la qualité des logements ces dernières décennies et propose des pistes pour inverser la tendance. La dérive est également pointée du doigt dans une étude de l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL) ,rendue publique ces derniers jours, et qui s'est intéressée aux immeubles résidentiels construits en Île-de-France entre 2000 et 2020.

8 septembre 2021
VIE-PUBLIQUE.FR

Rapport de la mission Girometti et Leclercq sur la qualité du logement

7 septembre 2021
MÉDIAPART FRANÇOIS ROCHON (BLOG)

20 ans de politiques du logement à Bunus

Moment incontournable de la fin de l’été, les Entretiens d’Inxauseta se sont tenus ce dernier vendredi d’août, dans le camping de Bunus, un petit village de cent cinquante habitants, perdu dans les collines des Pyrénées-Atlantiques. La journée est organisée par une association locale – le mouvement associatif est très actif dans le Pays basque – grâce à l’implication d’une centaine de bénévoles. 97 exactement qui ont pris part cette année à la préparation, comme le souligne dans son mot d’accueil Jean-Luc Berho. Ancien Vice-Président d’Action Logement et aujourd’hui directeur des analyses et débats du média en ligne News Tank Cities, cette figure bien connue des acteurs nationaux du logement est depuis près de quarante-cinq ans, au plan local, l’animateur de ce lieu original. Au départ consacré à des événements culturels, notamment musicaux, c’est en 2002 que la première manifestation à coloration citoyenne sur le thème du logement y est organisée. À l’époque, Marie-Noëlle Lienemann quitte le ministère du Logement où lui succède Jean-Louis Borloo. Le programme de rénovation urbaine est alors en incubation, suite à la décision d’engager la démolition de certains bâtiments des grands ensembles, dans les quartiers de logement sociaux. Pour donner de l’ampleur à cette dynamique, un plan de financement puissant doit être trouvé, auquel Action Logement entend prendre part. C’est notamment lors des échanges à Bunus que la logique de ce montage se formalise. L’épisode contribue ainsi à la mise en récit du rôle potentiel des entretiens d’Inxauseta dans le débat national. Il en découlera ensuite la volonté de contribuer sur le long terme à la question contemporaine du logement en France, d’autant que la problématique ne cessera de devenir plus préoccupante sur la période, comme l’ont mis en avant les deux premières tables-rondes de l’édition 2021. En matière d’architecture, deux importantes études ont ainsi été présentées par leurs coordinateurs respectifs au début de matinée, l’une achevée, sur l’Île-de-France, l’autre en voie de finalisation dans le cadre d’une commande de l’actuelle Ministre du Logement Emmanuelle Wargon. Les conclusions de la première, énoncées par Catherine Sabbah, Déléguée générale du think-tank IDHEAL, comme les pistes de travail de la seconde, dévoilées par l’architecte François Leclercq, sont clairement convergentes. Sur les deux dernières décennies, la France a certes connu une augmentation du niveau de construction, mais dans le même temps une régression globale de la qualité des logements neufs.

7 septembre 2021
BFM IMMO JEAN-LOUIS DELL'ORO

En région parisienne, les appartements neufs ont rétréci

Les logements neufs rétrécissent et la surface habitable de la plupart des pièces diminue, selon une étude de l'IDHEAL. Ces chiffres sont contestés par les promoteurs. Des cuisines plus petites, un séjour étriqué, des espaces de rangement qui disparaissent… Une étude de l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL) publiée fin août épingle l'évolution des logements neufs au cours des 20 dernières années en région parisienne. L'institut a ainsi épluché 1703 plans de 52 immeubles collectifs d'Île-de-France sur la période 2000-2020.

6 septembre 2021
LE PARISIEN ANNE-LAURE ABRAHAM, DELPHINE DENUIT

Logements neufs en Île-de-France : pourquoi leur surface a rétréci en 20 ans

Diminution de la taille des appartements, chambres trop exiguës, rangements en voie de disparition… En vingt ans, la qualité des logements neufs a baissé en Île-de-France. C’est en tout cas le constat dressé par l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL). Cet organisme, qui se veut un lieu de réflexion, vient de présenter une étude sur deux décennies de construction de logements en région parisienne.

6 septembre 2021
LE PARISIEN SÉBASTIEN THOMAS

Diminution de la surface des logements neufs : « J’aurais préféré des sanitaires plus petits et un salon plus grand ! »

Claire vient d’emménager dans un T3 au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis). Comme elle, de nombreux propriétaires d’appartements neufs ont l’impression d’une grande perte de place dans leur logement : salles de bains et sanitaires trop grands, séjours trop petits... Ces aménagements tant décriés sont toutefois imposés par la loi, afin de respecter la norme PMR (pour personnes à mobilité réduite).

6 septembre 2021
RADIO CLASSIQUE - LA REVUE DE PRESSE DE 8H30 DAVID ABIKER

En Île-de-France, les logements franciliens rétrécissent depuis 20 ans

Selon l'Institut des Hautes Études pour l'Action dans le Logement, en vingt ans les nouveaux logements en Île-de-France ont perdu jusqu'à 15 mètres carrés en moyenne dans les grandes typologies. Plusieurs explications peuvent être avancées à cet état de fait : la demande de logements, toujours plus forte dans la région capitale, qui a poussé les promoteurs à produire plus dans un marché de plus en plus contraint, la loi Pinel et les dispositifs de défiscalisation qui procurent un avantage fiscal pour l'achat d'un logement de moins de 300 000 euros et ont poussé mécaniquement les promoteurs à proposer des logements plus petits, ou encore les prix du m2 de plus de 5000 euros qui encouragent la construction de logements de 60m2 ou souvent moins.

6 septembre 2021
ATLANTICO RÉDACTION

Depuis 2001, la taille et l'habitabilité des logements neufs en Île-de-France ont diminué

Diminution de la taille des appartements, chambres trop exiguës, rangements en voie de disparition… En vingt ans, la qualité des logements neufs a baissé en Île-de-France. C’est en tout cas le constat dressé par l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL).

6 septembre 2021
CONSEIL NATIONAL DE L'ORDRE DES ARCHITECTES

Les logements en perte de qualité depuis 20 ans

La qualité des logements neufs en Ile-de-France s’est dégradée au cours des vingt dernières années, révèle une étude de l’IDHEAL publiée le 27 août 2021. Les logements situés en dehors de Paris intra-muros ont « le plus perdu d’espace et de confort », précise sa déléguée générale, Catherine Sabbah, « avec une accélération de la dégradation de la qualité » depuis 2012. Au total, 1700 logements livrés depuis 2000 ont été examinés à travers un référentiel de qualité inédit, intégrant plus de 200 critères et dont plusieurs portent sur « la qualité d’usage » du logement (surface d’usage, « périmètre meublable », etc.). L’étude formule en outre un ensemble de propositions réalistes, que soutient souvent le Conseil National de l'Ordre des Architectes, pour définir et améliorer la qualité des logements.

2 septembre 2021
LIBÉRATION EVA SZEFTEL

Plus petits, mal fichus... La qualité des appartements franciliens a baissé en 20 ans

Dans la foulée du confinement qui a servi de crash-test au parc français, une étude de l'IDHEAL révèle une baisse du « confort d’usage » des logements neufs, et propose des pistes d’amélioration.

2 septembre 2021
ENLARGE YOUR PARIS JOSÉPHINE LEBARD

Depuis 20 ans, les logements franciliens rétrecissent

Après avoir passé au crible les plans de 1703 appartements construits au cours des vingt dernières années en Île-de-France, l'Institut des Hautes Études pour l'Action dans le Logement fait le constat d'une diminution de la taille de nos habitations.

31 août 2021
LE MONITEUR CYRIL PETER

En 20 ans, la qualité des logements franciliens a baissé

Recul des surfaces consacrées au rangement, absence de fenêtre dans l'espace cuisine, etc. La dernière étude de l'Institut des Hautes Études pour l’Action dans le Logement (IDHEAL) constate une dégradation généralisée et continue de la qualité des logements en Île-de-France au cours des vingt dernières années.

31 août 2021
LES ÉCHOS ELSA DICHARRY

Débat houleux autour de la qualité des logements neufs en Île-de-France

Au fil des ans, la qualité des appartements neufs en Île-de-France n'aurait cessé de se dégrader, alors même que leur prix augmentait. C'est le constat sévère dressé par l'Institut des Hautes Études pour l'Action dans le Logement (IDHEAL) dans une étude basée sur l'analyse de 1 700 appartements livrés entre 2000 et 2020 par 24 promoteurs, et publiée le 27 août. Un constat que la profession, de son côté, réfute...

31 août 2021
CHALLENGES ÉRIC TRÉGUIER

Comment nos logements ont rétréci en quelques années

Les logements en Île-de-France ont perdu entre 3,4 m² (dans les Yvelines) et 14 m² (dans l'Essonne) en moyenne en vingt ans, selon une étude de l'institut IDHEAL.

27 août 2021
Le Monde Isabelle Rey-Lefebvre

En 20 ans, les appartements franciliens ont perdu jusqu'à 15% de leur surface dans certains départements

Vue de l’île aux Cygnes, du pont Bir-Hakeim et des immeubles du Front de Seine, 31 juillet 2012. PIERRE VERDY / AFP

La qualité des logements neufs baisse depuis vingt ans, quoi qu’en disent les promoteurs. Leurs superficies se réduisent et les espaces de rangement disparaissent. Les appartements sont moins lumineux et de plus en plus souvent mono-orientés, ce qui est préjudiciable au confort d’été, sans oublier les parties communes des immeubles, de plus en plus mesquines. C’est l’implacable démonstration d’une étude de l’Institut des Hautes Études pour l’Action dans le Logement (IDHEAL), révélée le 27 août au cours des Entretiens d’Inxauseta qui réunissent tous les acteurs français du logement, un week-end par an, au Pays basque.

27 août 2021
Entretiens d'Inxauseta à Bunus

Entretiens d'Inxauseta 2021 : Evolutions des attentes des habitants et qualité de l'habitat en France

Après un an de pandémie, les attentes des habitants des villes ont évolué, exacerbées par les confinements et par le télétravail. Elles questionnent la qualité de l’habitat mais aussi la densité, les formes urbaines et les services accessibles. À partir de l’étude conduite par IDHEAL et des premières conclusions du rapport Girometti/Leclercq sur la qualité de la production : quelles sont ces
nouvelles attentes ? Sont-elles compatibles avec l’impérieuse nécessité d’agir pour le climat et l’environnement ? Peut-on « produire local » en matière d’habitat ?

› Catherine SABBAH, Déléguée générale de l’Institut des Hautes Études pour l’Action dans le Logement (IDHEAL).
› François LECLERCQ, Architecte-urbaniste.
Animateur : Cyrille POY, Chargé de cours à l’Université du Havre, ancien journaliste.
Rapporteure : Audrey CHARLUET, Architecte-urbaniste.

22 juillet 2021
LE MONITEUR COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Logement : création d'un groupe de réflexion

Le 16 juillet 2021, le Conseil national de l’Ordre des architectes (CNOA), désormais présidé par Christine Leconte, ainsi que l’Union nationale des syndicats français d’architectes (UNSFA) ont été auditionnés par la Commission pour la relance durable de la construction de logements, dite « Commission Rebsamen ». Celle-ci, qui ne compte pourtant aucun architecte dans ses rangs, a été chargée par le Premier ministre d’établir un diagnostic des freins à la construction de logements et de proposer des mesures pour les lever.

Afin de parler d'une même voix pour l’ensemble de la profession, un groupe de réflexion a été constitué qui réunit le CNOA, l'UNSFA, le Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France (CROAIF), l’association Architectes français à l’export (AFEX), l’Académie d’architecture, le Syndicat de l’architecture, l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) et la Mutuelle des architectes français (MAF), ainsi que des personnalités qualifiées.

Dans un communiqué de presse commun, le groupe fait part de son intention de poursuivre une réflexion à long terme appelant à prendre compte la qualité architecturale et la durabilité dans la réalisation de logements et à faire du logement un sujet d’intérêt général. Au delà des propositions émises par le CNOA et l'UNSFA devant la Commission, le groupe de réflexion affirme la nécessité d’une nouvelle politique du logement autour d'objectifs détaillés dans le communiqué.

22 juillet 2021
BATIWEB CLAIRE LEMONNIER

Commission Rebsamen : les architectes s'allient pour porter leurs propositions

Dans le cadre de leur audition par la Commission Rebsamen, le 16 juillet dernier, huit organisations d'architectes ou en lien avec la profession se sont alliées pour constituer un groupe de réflexion et émettre leurs recommandations pour concevoir « une nouvelle politique du logement ». Le point sur ces propositions.

12 juillet 2021
SUD OUEST THOMAS VILLEPREUX

Les débats de Bunus autour du logement se précisent

Les Entretiens d’Inxauseta reviennent le 27 août ! Chaque année à Bunus dans le Pays basque, ils réunissent des élus de tous bords politiques et des professionnels du secteur immobilier pour discuter des nombreuses questions politiques liées au logement. Initié en 2001 par Jean-Luc Berho, ce rendez-vous accueillera la Ministre du logement, Emmanuelle Wargon. Le cru 2021 revêtira en outre des contours particuliers, à seulement neuf mois de l’élection présidentielle de 2022.

Parmi les intervenants, on citera l’ex-ministre Emmanuelle Cosse, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), Pascal Boulanger, la directrice générale d’Action logement, Nadia Bouyer, le président de la société d'assurance du bâtiment SMABTP, Jacques Chanut, le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, la déléguée générale de l’Institut des hautes études pour l’action dans le Logement (IDHEAL), Catherine Sabbah, les chercheurs spécialistes des politiques du logement, Jean-Claude Driant et Pierre Madec, les architectes-urbanistes François Leclercq et Audrey Charluet, l’administratrice territoriale Anne-Laure David, la chargée de mission auprès du président de la Fédération française du bâtiment, Claire Guidi, ou encore l’urbaniste François Rochon.

25 juin 2021
LE PARISIEN ANNE-LAURE ABRAHAM

Le logement partagé, une solution pour les nouveaux travailleurs hybrides

Avec l’essor du télétravail, de plus en plus de salariés déménagent loin du bureau. Mais la question de l’hébergement près du lieu de travail se pose parfois pour quelques jours par mois. Le logement partagé est en train de se développer.

17 juin 2021
LE MONITEUR CYRIL PETER

Île-de-France : les HLM manquants sont « le fait de 250 municipalités »

Une cartographie des HLM réalisée par l'Observatoire de la mixité sociale (OMIS) et l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL) dans le cadre de leur étude sur la mixité sociale en Île-de-France publiée ce 16 juin, met en avant leur répartition inégale entre communes franciliennes. Ce travail de deux ans a débouché sur une cartographie des logements à loyers très bas, fixés dans l'enquête à moins de 6,22 € le m² mensuel, soit 622 € pour un 100 m². Moins de la moitié du parc HLM francilien (43 %), soit 512 000 unités, respecte ce tarif. Insuffisant pour loger les 762 000 ménages pauvres de la région la plus riche de France. Ces 250 000 HLM manquants sont « le fait de 250 municipalités qui demeurent récalcitrantes à la mixité sociale » selon les enquêteurs. « L’insertion des plus fragiles n’a de sens que si on est capables d’installer des familles en centre-ville, ainsi que dans tous les quartiers et territoires d'habitation ». Pour Olivier Launay, directeur général de l’association Habitat et Humanisme Île-de-France, le compte n’y est pas...

16 juin 2021
LE MONDE ISABELLE REY-LEFEBVRE

Le parc de logements sociaux d’Île-de-France de moins en moins accessible aux familles très modestes

Selon une cartographie dressée par l'Observation de la mixité sociale (OMIS) et l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL), la part des appartements à bas prix diminue et ce type de logements est concentré dans quelques communes, notamment en Seine-Saint-Denis.

15 juin 2021
LE FIGARO JEAN-BERNARD LITZLER

Après le flex office, les logements partagés ?

La SNCF a bien repensé ses abonnements pour séduire les télétravailleurs effectuant deux à trois allers-retours par semaine, en leur proposant des tarifs intéressants ! Et si le logement faisait de même ? Le think-tank dédié au logement IDHEAL (Institut des hautes études pour l’action dans le logement) participe justement à une réflexion sur une nouvelle typologie de logement, un pied-à-terre mutualisé que se partageraient plusieurs utilisateurs pour y habiter quelques jours de la semaine.

4 juin 2021
LE MONDE ISABELLE REY-LEFEBVRE

Un pied en ville, un pied à la campagne : la vague des « bi-résidentiels » dans les régions françaises

La double résidentialité ne date pas d’hier, mais avec le Covid-19 et ses confinements à répétition, elle séduit toujours davantage d’urbains. En tête : des Franciliens qui cherchent à combiner activité et vie citadines avec espace et verdure. A condition d’en avoir les moyens et de s’organiser...

10 mai 2021
LE MONITEUR ANONYME

« Viens chez moi, j’habite dans un logement à temps partiel ! »

Et si la montée en puissance du télétravail faisait émerger un nouveau besoin de logement : celui à temps partiel, avec un minimum de service ? Une équipe composée d’architectes (Majma), chercheurs (IDHEAL) et notaires (Cheuvreux) planche sur ce projet.

3 mai 2021
BUSINESS IMMO SANDRA ROUMI

Quels logements pour les Parisiens à temps partiel ?

L’Institut des Hautes Etudes pour l’Action dans le Logement (IDHEAL) vient de lancer un nouveau sondage sur le thème « Quel logement pour les Parisien(ne)s à temps partiel ? ». En collaboration avec l’agence d’architecture et d’urbanisme Majma, lauréat du concours « Faire Paris 2020 », le Lab de l’Étude Cheuvreux et le Pavillon de l'Arsenal, ce think and do tank s’attache à cerner les contours d’une nouvelle demande de logements, celle des Parisiens et des habitants de régions (ils sont déjà très nombreux) qui viennent travailler à Paris quelques jours seulement par semaine et qui ont élu domicile ailleurs, à la ville ou à la campagne.

30 mars 2021
BATIACTU ANONYME

Habitat durable : découvrez les lauréats du concours d'architecture Archi Jeunes

Comment envisager l'habitat de demain à la lumière des enseignements de la crise du Covid ? C'est pour tenter de répondre à cette question que l'agence Valode & Pistre a lancé, fin 2020, un concours autour de l'habitat durable, ouvert aux étudiants en école d'architecture et aux jeunes diplômés de moins d'un an. Pour sélectionner les lauréats, un jury composé évidemment d'architectes mais aussi de personnalités diverses s'est réuni autour de Denis Valode et Jean Pistre : Najoua Arduini, directrice du développement chez Nexity ; Aldrick Beckman, architecte ; Nicolas Bouzou, économiste et directeur-fondateur d'Asterès ; Thomas Coldefy, architecte ; Marie Godard Le Beux, directrice générale adjointe de Paris Habitat ; Gaëlle Hamonic, architecte ; Guillaume Poitrinal, président de Woodeum et de la Fondation du patrimoine ; ainsi que Catherine Sabbah, déléguée générale d'IDHEAL (Institut des hautes études pour l'action dans le logement).

17 mars 2021

P comme Pereire, ou les débuts de la pierre liquide

Gustave Caillebotte, Un balcon (1880), huile sur toile, collection permanente du Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid.

En portugais, leur nom signifie « poirier », dont on se régale des fruits juteux. De fait, personne n’a su mieux qu’eux faire fructifier un capital financier sous le règne de Napoléon III. Émile et Isaac Pereire sont des entrepreneurs et banquiers français d’origine portugaise ayant joué un rôle majeur dans la modernisation financière et le développement industriel de la France du Second Empire. Promoteurs immobiliers, ils ont financé de vastes opérations d’aménagement dans les 8e et 17e arrondissements de Paris, à Marseille et à Arcachon, décrites par Jean Autin dans Les frères Pereire : le bonheur d’entreprendre.

Émile et Isaac Pereire, c’est d’abord une vision renouvelée de la finance. Jusqu’alors gérée en « bon père de famille », la Grande Banque était dominée par les Rothschild et finançait ses opérations en fonds propres. Les Pereire généralisent le crédit et encouragent la spéculation immobilière. En bons précurseurs de la financiarisation du marché immobilier, ils participent à la « liquéfaction du capital ». Selon eux, pour prospérer, l’argent doit circuler, « couler, s’infiltrer partout » et « être le ferment de toute végétation sociale » pour reprendre les termes de Zola dans La Curée, récit à peine déguisé de l’entreprise des deux frères dont le personnage principal, Aristide Rougon dit Saccard, est inspiré. Auparavant considéré comme un bien solide et « ancré » auquel le destin des familles était attaché, le logement devient un simple véhicule de placement financier et de spéculation.

Les Pereire, c’est ensuite le quartier résidentiel de la Plaine-Monceau à Paris. Sous le Second Empire, durant l'expansion économique frénétique que connaît la France entre 1852 et 1873, les deux frères se font un nom et une fortune liés à la pierre. En 1852, pour financer ses travaux de construction à Paris, Haussmann a besoin d’argent. Crédits d’État, crédits municipaux, investissements privés, etc. : toute ligne de financement est bonne à prendre. Émile et Isaac créent alors le Crédit Foncier pour financer la transformation architecturale et urbanistique de la capitale.

Toujours début 1853, Haussmann leur vend 17 hectares de terrain à viabiliser et reconstruire donnant sur la rue de Rivoli à prix préférentiel — 380 francs le mètre carré alors qu’il en vaut déjà 1000 à la Concorde, porte d'entrée des beaux quartiers, seulement un kilomètre plus loin ! En contrepartie, le préfet impose un cahier des charges strict : toits en dos d’âne et zinc, pierres de taille pour les façades des immeubles, galeries piétonnes, arcades équilibrées, frises linéaires. Il exige aussi l’achèvement des travaux pour le 1er mai 1855, date de l’Exposition universelle, soit moins de deux ans de chantier ! Les Pereire acceptent et créent la Société Anonyme de l’Hôtel et des Immeubles de la rue de Rivoli en 1854…

... Qui devient Société Immobilière de Paris en 1858. Rapidement, l'entreprise achète, bâtit, échange et revend des terrains d'un bout à l'autre de la capitale ! Elle construit les grands magasins du Louvre, participe à la rénovation du quartier de l’Opéra, acquiert des immeubles déjà bâtis pour 98 millions de francs le long du boulevard Voltaire (11e), des rues du Caire, Saint-Denis, Réaumur, des boulevards de Sébastopol (2e), des Capucines, des Italiens (9e), des rues Marbeuf, François-Ier, de Marignan, de l’avenue Montaigne (8e), du boulevard Malesherbes et de la rue de Courcelles (17e). Servant d’intermédiaire foncier, elle achète aussi des terrains non-bâtis à Levallois et Clichy qu’elle revend à prix d’or. Enfin, elle fait construire les célèbres hôtels particuliers de la Plaine Monceau dans le 8ème, dont on admire encore les luxueuses façades en se promenant aux abords du Parc Monceau, ainsi que bon nombre d'immeubles de rapport dans le 17ème.

L’entreprise des Pereire laisse un impressionnant héritage bâti à Paris, surtout résidentiel. Toutefois, les dépenses faramineuses des grands travaux haussmanniens auxquels les frères prennent part créent une dette béante et sont critiquées de toutes parts par la Banque de France alors conservatrice, l’aristocratie catholique moralement hostile à la modernisation de la finance, les Rothschild et le milieu de la Haute banque majoritairement ashkénaze, qui considèrent avec mépris ces parvenus sépharades.

À partir de 1863, à cause de tensions politiques à l'international, les difficultés des Pereire se multiplient. Les investisseurs deviennent craintifs. Les immeubles ne se vendent plus. Déjà volatiles, les cours boursiers deviennent instables. En 1866, le Crédit mobilier qui détient des créances considérables sur le patrimoine de la Société immobilière en est réduit à lancer une augmentation de capital en bourse pour se refinancer, suscitant la défiance d’actionnaires anxieux. La panique boursière provoquée par la victoire de la Prusse contre l’Autriche à Sadowa scelle définitivement le sort des deux frères qui doivent démissionner de leurs propres banques en 1867, démis par leur actionnariat. Six ans plus tard, en 1873, la première bulle immobilière de l’Histoire éclate et les loyers parisiens s’effondrent brutalement. Comme le disait Marx, « tout ce qui est solide se volatilise » un jour. Même la valeur de la pierre, liquide, qu’Émile et Isaac pensaient maîtriser...

9 mars 2021
LA CROIX STÉPHANE DREYFUS

Le logement, un espace pour être bien avec les autres

Les confinements ont souligné l’importance d’ouvrir le logement sur l’extérieur mais aussi de pouvoir moduler les espaces au gré des besoins, explique Monique Éleb, psychologue et sociologue de l’habitat. Une étude de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement vient confirmer cette affirmation. IDHEAL a recueilli, du 25 mars au 5 mai 2020, 8 000 réponses à son questionnaire sur la manière dont chacun avait vécu le confinement dans son logement. 11 % des répondants considèrent que leur logement a rendu la période difficile à vivre. Parmi eux, 92 % vivent en appartement. « Nombre de réponses évoquent l’étroitesse des pièces, le manque de lumière, le besoin ou l’envie de pousser les murs, de sortir, tout en restant chez soi, sur son balcon, sa terrasse ou dans son jardin », analyse Catherine Sabbah, déléguée générale d'IDHEAL.

3 mars 2021

O comme Ostiarium, obscur objet fiscal

Façade murée du quartier des Carmes à Toulouse.

Il transforme votre maison en grotte et vous, en chauve-souris ou en rat cavernicole. L’ostiarium est une taxe frappant les portes des maisons. Pas bête, toutes en ont une ! Rendons à César ce qui est à César : cette idée lumineuse date de 46 avant Jésus-Christ et de la promulgation de la Lex Julia Sumptuaria, une des lois « somptuaires » réglementant et imposant les habitudes de vie et de consommation résidentielles des citoyens romains. Officiellement, cet instrument fiscal vise à mettre à contribution l’ensemble des propriétaires de l’Empire. Officieusement, son dessein est plus sombre... À propos de l'ostiarium et du columnarium (impôt similaire sur les colonnes), le sénateur romain et gouverneur de Syrie, Metellus Scipio, déclare cyniquement vouloir : « suffoquer les provinciaux et oppresser le peuple par l’impôt ». L’étouffement fiscal se double d’une réelle asphyxie. Pour ne pas payer, les Romains se calfeutrent dans des logements moins ouverts, aérés et éclairés, qui favorisent le développement de maladies infectieuses, pulmonaires et articulaires liées à l’air vicié ou au manque de vitamine D.

Quelque siècles plus tard, à l’époque des Lumières où le fruit de l’impôt dont bénéficie la Noblesse est perçu comme une injustice par le Tiers-État, l’ostarium, pourtant disparu, est toujours cité comme instrument de tyrannie par les intellectuels de la bourgeoisie éclairée. Ces derniers souhaitent faire souffler un vent frais et nouveau sur une société d’ordres nécrosée par les inégalités. Dans l’Encyclopédie, Diderot et d’Alembert le définissent comme « tribut que l’on faisoit payer de porte en porte et qui étoit très injuste, puisqu’il étoit égal pour le pauvre et le riche ». Injuste mais rentable... Ironie du sort, juste après la Révolution, le Directoire réinstaure un prélèvement exactement similaire, appelé sans détour « impôt sur les portes et fenêtres ». Le Législateur ne manque pas d’air ! Le principe d’inviolabilité de l’habitat privé venant d'être sanctuarisé par l’article 2 de la DDHC en 1789, ce dernier fourbit le sombre dessein de comptabiliser le nombre d’ouvertures des logements comme signe extérieur de richesse et donc comme base de l'assiette fiscale, plutôt que la surface habitable ou le nombre de cheminées intérieures.

L’impôt sur les portes et fenêtres fait partie des « quatre vieilles ». Avec la contribution foncière (revenus des terres), la mobilière (rente locative) et la patente (revenus industriels et commerciaux), il est l’une des quatre contributions directes aux finances publiques établies à la Révolution qui sévissent tout au long du XIXe siècle : siècle des « maisons meurtrières » et du repli sur la sphère de la domesticité, de la famille bourgeoise mononucléaire, confinée et étriquée et des plus sordides affaires civiles qui lui sont liées, comme celle de la Séquestrée de Poitiers décrite par André Gide. La principale victime de cet impôt indexé sur la surface totale des portes et fenêtres (encadrements compris) d’une habitation est la classe ouvrière, emmurée par les bailleurs-Thénardier qui condamnent les fenêtres des logements mis en location afin de réduire leurs charges. Dans Les Misérables, Victor Hugo fait d'ailleurs dire à l'un de ses personnages, l'évêque de Digne : « Il y a en France trois cent quarante-six mille maisons qui n'ont qu'une ouverture à cause d'une chose qu'on appelle l'impôt des portes et fenêtres. Mettez-moi de pauvres familles dans ces logis-là, et voyez les fièvres et les maladies. Hélas ! Dieu donne l'air aux hommes et la loi le leur vend ».

L’ostiarium moderne est accusé de pousser à la construction de logements insalubres, sombres, mal aérés, munis de trop petites ouvertures et dans lesquels les locataires pauvres se sentent emprisonnés. Il faut attendre la première moitié du XXe siècle pour que cet impôt fasse l’objet d’une première dispense, d'abord en 1921 dans les habitations à bon marché (HBM). Sous l’influence des hygiénistes, sa suppression définitive est obtenue cinq ans plus tard, en 1926. Il a toutefois laissé des traces dans le patrimoine historique bâti, par la condamnation de nombreuses ouvertures dont ne subsistent souvent que les encadrements, parfois juste le linteau et les jambages, et parfois les meneaux.

3 mars 2021
MIES (WEBMAGAZINE)

Logement : rencontre avec Catherine Sabbah d'IDHEAL

24 février 2021

H comme Habiter

Le terrain est mouvant... Nombre d’illustres se sont essayé à creuser cette notion et ont tracé de profonds sillons dans la philosophie comme dans les théories de l’architecture et de l’urbanisme. Désignant et pour longtemps ce que dans l’Histoire, « Habiter » pouvait bien signifier pour l’Homme, avec 3 grands « H ». Commençons par du concret : mettons que j’habite la terre… C’est un peu vague, néanmoins c’est encore pour l’instant la seule possibilité. Et ce simple constat me place dans un endroit unique de l’univers. Où et dans quelles conditions ? Mes possibilités sont subitement multipliées par cinq puisque je peux choisir un continent. Vertige de la multiplication, plus de 140 pays me tendent les bras et des centaines de milliers de villages, des millions de quartiers dans des centaines de mégalopoles.

Me voilà dans une rue ou ce qui y ressemble, étroite ou large, plus ou moins goudronnée. Quelqu’un a-t-il déjà calculé le nombre et la longueur de ces bandes qui cheminent entre deux rangées d’habitations ou qui mènent généralement jusque chez quelqu’un, jusqu’à une porte ? Puis-je me rapprocher davantage? Il me semble difficile de compter : quelque 7 milliards d’humains, combien cela ferait-il de maisons, sachant qu’un certain nombre n’en ont pas. Ça se complique : est-ce à dire qu’ils n’habitent nulle part ?

Moi, J’habite là. C’est chez moi avant d’être un logement, un logis, un foyer, un appartement ou une maison, affublé de tous les noms que lui donnent nos langues, nos cultures et les formes que lui assignent nos architectures. C’est là que je me sens bien, si je peux m’y reposer, m’y réjouir, y grandir, seul ou avec d’autres, m’y abriter de la pluie ou des ennuis de la vie. C’est là que j’ose me dévêtir, me confier et m’abandonner. Je peux vivre là parce que j’y ai un toit. Mais s’abriter suffit-il à habiter ?

Il serait trop simple et un peu rapide d’enfermer le concept entre des murs et un toit et de retirer au verbe sa forme active. Si le logement s’arrête juridiquement pour chacun au pas de la porte de son appartement ou à la grille de son jardin, habiter consiste bien à être au monde, aux autres, donc à agir. En prenant soin du déjà-là, suggère Heidegger, sans abîmer le monde. En le ménageant, ce qui laisse pensif sur le sens de ce « a » privatif qui nomme « a-ménagement » toutes les actions de transformation du territoire ayant pour but, précisément, de le rendre habitable, pour notre espèce et pour les autres.

Habiter représenterait ainsi un contrat social défini à la fois par un système de règles collectives que l’on pourrait nommer «cité» dans laquelle se nouent et se dénouent des relations humaines ; et par un tracé entre espaces vides et bâtis que l’on pourrait nommer «ville», suivant la distinction qu’en fait le sociologue américain Richard Sennett. Les politiques décident du premier, les ingénieurs, les urbanistes et les architectes du second, plus visible. Même si elles le reflètent souvent, les constructions transforment plus sûrement et plus durablement les paysages qu’un régime politique, qui lui peut basculer. La nature de ces deux structures qui organisent le monde et attribuent à chacun une place dans l’espace et dans l’échelle sociale définit pourtant bien la manière de co-habiter, collective et individuelle. La brutalité des sociétés se mesure, entre autres critères, à l’attention qu’elles portent à cet « habitat », compris comme un espace et un temps que l’on ne peut réduire à ses seules dimensions physiques. Revenons au concret, la qualité des Etats se jauge aussi à la manière qu’ils ont d’entasser leurs membres ou de leur permettre, depuis chez eux, une barre de 1000 logements, une cabane perdue dans les bois ou l’espace qu’ils s’approprient dans leur ville, d’ouvrir une perspective sur un autour visible et intelligible et de développer une pensée sur le monde.

23 février 2021

B comme Bâdguir, le double effet « kiss cool »

Les capteurs de vent du Complexe Amir-Chaghmagh à Yazd. © Jean Vannière.

Brrrr… Fujitsu, LG, Mitsubishi, Panasonic, Toshiba et autres fabricants de clims peuvent bien aller se rhabiller, au sens propre comme au figuré ! Place au bâdguir, l'attrape-vents dont le nom, aussi évocateur que poétique, désigne les tours émergeant des villes basses de certains déserts. Le bâdguir est une sorte de cheminée qui fonctionnerait à l’envers, une tour rectangulaire, hexagonale ou octogonale percée et exposée de façon à intercepter les vents qui soufflent à son sommet. Encore faut-il qu’ils ne soient pas brûlants, moins, en tout cas, que l’air stocké à l’intérieur. Ces constructions millénaires ont été pensée pour capter les courants les plus froids, et permettent d'apporter un air vif et frais dans les logis sous la chaleur de l’été indien… ou plutôt iranien ! C’est dans la région de la Perse historique en particulier à Yazd, ville « du désert » et « capteurs de vent », qu’ont été construits les plus beaux bâdguirs. Le palais Dowlat-Âbâd y abrite le plus haut du monde, dont la colonne octogonale s’élève à 35 mètres. La plupart mesurent plutôt de 5 à 20 mètres, taille optimale pour un refroidissement de 13 degrés celsius à la base.

Simple et efficace
Deux principes, l’un climatique, l’autre mécanico-thermique, confèrent aux bâdguirs leur simplicité et leur génie écologique. Susan Roaf, architecte, écologue et enseignante à Oxford, s’est prise de passion pour ces édifices, jusqu’à leur consacrer une thèse et un ouvrage, Ecohouse, explorant les techniques architecturales vernaculaires au service de la transition écologique au XXIème siècle. Tout est pensé pour accentuer l'effet réfrigérant : leur matériau, de l'adobe, un mélange d'argile et de paille isolant, leur forme longue et étroite qui oriente la circulation descendante de la moindre brise d’air jusqu’à la base de l’édifice creux. Au contact de la cavité plongée en permanence dans la pénombre, l'air se rafraîchit. En l’absence de vent, le second effet, l'effet « cheminée», prend le relai. La dépression créée par la différence de température fait remonter l’air chaud dans les pièces de la maison et dans la tour. Il s’en échappe en créant un courant d’air qui ventile les pièces reliées à la base du bâdguir.

Simple et sain
L’effet réfrigérant est encore plus efficace si le bâdguir est relié à un « qânât », canal sous-terrain approvisionnant les habitations des zones désertiques en eau potable au contact de laquelle l’air se refroidit. À la base des bâdguirs les plus performants et avant l’apparition des congélateurs, les familles bourgeoises iraniennes avaient d’ailleurs aménagé des « yakhtchals », pièces isolées par des murs de plusieurs mètres d’épaisseur, dans lesquelles on parvenait à conserver de la glace ! En plein été, dans des villes du désert où le thermomètre peut monter jusqu’à 50 degrés, le bâdguir garantit ainsi une température avoisinant les 15 degrés au niveau de l’orifice distribuant l’air réfrigéré au rez-de-chaussée. La qualité de l'air sans cesse renouvelé surpasse aussi celle de l'atmosphère « en conserve » nourri de microparticules passé par les filtres encrassés de nos clims.

Simple et plein d'avenir
Pourrait-on remplacer les climatiseurs hideux et monstrueusement énergivores qui mitent les façades des logements de nos métropoles? À l’heure où nos centre-villes anciens et minéralisés se révèlent particulièrement vulnérables au réchauffement climatique et au phénomène résultant des îlots de chaleurs, la technique du bâdguir peut apparaître adaptée à des zones plus tempérées, en ajoutant un clapet qui permet de les fermer l’hiver. Ces tours « réfrigérantes », très répandues dans l’industrie, pourraient trouver un large usage domestique... et le trouvent en fait déjà, notamment au Royaume-Uni et aux Pays-Bas ! Adaptées aux climats chauds et neutres en énergie, pas besoin de chercher très loin pour leur garantir un avenir !

5 février 2021
LA GAZETTE DES COMMUNES VALÉRIE LIQUET

Loi SRU : une mixité sociale de façade ?

L'Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), créé le 25 novembre dernier, a présenté mardi 4 février sa première étude. Réalisée par deux économistes spécialistes de l’évaluation des politiques publiques, elle s’attaque à mesurer l’efficacité de l'article 55 de la loi SRU du point de vue de l'objectif de réduction de la ségrégation spatiale et conclut à une mixité « de façade ».

4 février 2021

A comme Airbnb...zzness

Trois siècles après la mort de Bernard Mandeville, une autre « fable des abeilles », moins heureuse, mériterait de nous être contée. L’abeille en question s’appelle Airbnb. Elle souhaite disrupter le modèle économique de nos « ruches » afin de produire plus de miel. Elle a révolutionné le fonctionnement du parc locatif de nos villes. Moderne et individualiste, rebelle mais capitaliste, Airbnb fait son nectar de l’ubérisation de la ville et du droit locatif, à l’ombre des fleurs d’amandiers et de jacarandas de Californie. Au pays du lait, du miel… et des business angels !

Fin 2007, avec l'aide de l'investisseur et homme de réseaux Nathan Blecharczyk, deux jeunes designers, Brian Chesky et Joe Gebbia, créent la société « matelas gonflable et petit déjeuner », « AirBed & Breakfast » . Ils vivent alors à San Francisco, immense et vrombissant couvain à ciel ouvert, incubant les jeunes cadres créatifs de demain. Ces deux-là ont l'idée de proposer des locations de courte durée aux touristes et à ces abeilles solitaires d’un genre nouveau que sont les nomadic workers : ces jeunes surdiplômés, hyper-mobiles trimballant leur bureau dans un laptop et leur maison dans une valise. Ils se déplacent en essaim, au rythme des vols internationaux entre deux villes-monde où le prix d’une nuitée hôtelière dans une chambre simple dépasse 100 euros, d’où l’intérêt de leur proposer un pool de logements locatifs à bas prix. À l’époque, San Francisco connaît déjà une fièvre démographique et immobilière liée au développement des startups informatiques qui ont colonisé toute la Silicon Valley. Les prix des logements se sont envolés ! L’équation marchande d’Airbnb est alors toute trouvée : pour les propriétaires ou les locataires, le service proposé offre l’occasion d’accueillir un « hôte » et d’empocher un joli pactole en louant ou sous-louant son logis à un loyer mensuel plus élevé que celui offert par la location traditionnelle. Les voyageurs en transit trouvent un toit moins onéreux que l’hôtel et la promesse d’une expérience, authentique et locale. Il y en a pour tous les goûts et budgets, de l’alvéole minable à la loge digne de la reine des abeilles !

Du buzz au bizz
Rapidement, Airbnb essaime partout dans le monde. Des centaines de milliers de logements du parc locatif traditionnel sont transformés en locations touristiques, pour quelques jours ou pour de bon. Le « bzz » de l’abeille devient « buzz », puis « bizz’ ». Le chiffre d’affaire et la capitalisation boursière de l’entreprise s’envolent avec le volume du précieux pollen qu’elle extrait, en butinant les frais de services facturés aux usagers. Alors que l'entreprise ne possède même pas un mètre carré. Situés dans les cœurs des principales villes, les grands logements, et plus encore les petits, sont massivement convertis en locations touristiques et mis en ligne sur le site de la firme. Le modèle se développe partout, même dans les territoires ruraux et peu tendus, où il représente ceci-dit l’opportunité d’entretenir et valoriser des résidences secondaires ou des logements anciens sous-utilisés ou désaffectés.
Dans la ville cependant, le bilan d’Airbnb est moins vertueux. Pêchant par excès de gourmandise, l’abeille est aujourd’hui responsable d’une raréfaction de l’offre locative dans les quartiers centraux des grandes villes. Vorace, elle a en réalité tout d’un faux bourdon : sa promesse vaporeuse annoncée dans sa formule marketing « belong anywhere » (« chez soi partout dans le monde ») est une supercherie et surtout une menace pour les vrais habitants. Plus prompte à extraire le miel qu’à le produire, elle est responsable d’une forte inflation des loyers et d’« expropriation différée » qui prive les ménages locataires en début de parcours résidentiel d’une partie du parc auquel ils pouvaient prétendre.

L'abeille vrombit moins fort
La chute de la fable pourrait changer. Aujourd’hui, de nombreuses municipalités tentent d’encadrer ou d’interdire les locations touristiques dans leurs centres. A Paris, Londres, Madrid, Seattle, San Francisco, Amsterdam… il est illégal de louer son bien plus de 60, 90 ou 120 jours par an. Berlin interdit de louer plus de 50% de la surface de son logement pour une courte durée. Tandis que Vienne a purement et simplement interdit toute location Airbnb dans plusieurs de ses arrondissements. L’adversité administrative n'est pas seule à menacer l'insecte. La crise du Covid remet également en cause la pérennité du modèle économique somme toute très « liquide » et précaire de la ruche Airbnb. Le déclin massif du nombre de clients internationaux, lié à l’effondrement des voyages l’a fortement fragilisé en l’espace de quelques mois. Trop gloutonne la reine a dû licencier un quart de son personnel -1900 employés-, afin de faire face à un bilan commercial annuel lourdement déficitaire.

6 janvier 2021
LE JOURNAL DU GRAND PARIS ANONYME

CITY Linked publie « Questions à toits multiples »

L’ouvrage, co-écrit par Catherine Sabbah, déléguée générale de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), et CITY Linked, agence de conseil en stratégies urbaines au service des créateurs de la ville, offre un large panorama de la situation du logement en France. A travers différentes questions thématiques autour du « toit » des Français, l’ouvrage interroge un élément essentiel : l’habitation comme lieu de vie.

6 janvier 2021

Z, de la Zone au Zan, le zig-zag du Z urbain

C’est la zone… interlope, dangereuse, attirante et dérangeante. La zone des trafics, de la débrouille. A Paris, juste au-delà de la ceinture des boulevards des Maréchaux, déjà plus tout à fait la ville, pas encore la banlieue. « No man’s land », « non aedificandi », plutôt définie par ce qu’elle n’est pas lorsqu’elle n’est suivie d’aucun adjectif. Elle fut aussi rouge et interdite, libre ou occupée.

Ainsi qualifiée, la "zone" détermine un périmètre, dont les limites fixent certaines règles, parfois à l’écart du droit commun, ce qui est bien pratique pour aménager le territoire. Le terme est si prisé par l’administration qu’il est, depuis des décennies, ré-utilisé pour désigner des lieux qui troquent leur nom contre un statut facile à repérer, à classer et souvent avantageux. Il n’est plus ici question de lieux dit, de paysage, de topographie ou d’histoire, mais d’avantage fiscal, de taux bonifiés ou de prix au mètre carré.
Ainsi, des grands ensembles : les « ZUP », ou les zones à urbaniser en priorité à partir de 1959 pour accueillir les populations nouvelles, font oublier qu’on est à Marseille, à Bron ou à Clichy. Ainsi des nouveaux quartiers qui les suivent à partir de 1967, les « ZAC », les zones d’aménagement concertés qui définissent un mode de faire et bientôt des typologies urbaines, se ressemblent et finissent pas zaccager le paysage. Ainsi des « ZRR », les zones de revitalisation rurale dans lesquelles les constructions de résidences de tourisme censées relancer ou retenir l’économie, sont encouragées par des avantages fiscaux entre 1995 et 2005. Et encore les merveilleuses « ZPPAUP » entre 1983 et 2010, zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (devenues AVAP). Plus récemment, les zones ont gagné une personnalité, presqu'un caractère. Elles sont tendues, stressées, et forcément peu amènes, quand la demande de logement y est forte, détendues, relax, quoi -ou désertes-, et à nouveau accueillantes lorsque personne ne veut plus y habiter.
A l’exception des enclaves qui visent à préserver les vues, l’espace, bâti ou pas, dans la « zone AU » (à urbaniser), il est toujours question de construire. Sauf pour ceux qui luttent contre les grands projets plus ou moins utiles, au nom de la défense de l’environnement, d’un mode de vie ou d’une opposition frontale au capitalisme. Avec défi et humour ils ont gardé les codes tout en détournant les « zones d’aménagement différé », en « ZAD », différé à jamais et surtout à défendre.
Ces « Z » administratifs dont on finit par reconnaître les images standardisées racontent en deux dimensions les méandres de la ville moderne et banale qu’Apollinaire a si bien su capter dans le long poème qui ouvre Alcools. Il parvient à rendre à la Zone toute sa richesse, sa diversité, son humanité habitée en évoquant des bribes de villes qu’une errance peut laisser entrevoir. En 2020, le Z urbain a pris un sacré virage sémantique en passant de la zone au zéro artificialisation nette des sols. Il faudra bien du zèle pour passer de la zone au zan.

18 décembre 2020

F comme Foncier

Le "foncier" a le pouvoir magique de transformer sa valeur...

Comme foncier ou comme "F word..." ? Restons polis, mais tout de même, ce foncier est bien embêtant! Un vrai souci. Car il est presque toujours flanqué de quelques acolytes comme "pollué", "enclavé", et surtout ses deux inséparables, “trop" et “cher". Le foncier est toujours trop cher. Sinon, on emploie un autre mot et on parle d'un beau terrain, d'une parcelle, en laissant aux spécialistes de l’aménagement urbain ou de l’immobilier ce "foncier". Il sonne un peu technique et ôte à la terre toute la symbolique archaïque et poétique. La notion est pourtant simple: le foncier, c’est le sol, la condition même de toute construction, puisqu’il faut bien la poser quelque part. Mais ce mot-là n'évoque ni la douceur de l'herbe qui y pousse, ni le goût de la pomme qui finit toujours par tomber, il ne parle que d'argent. Car le foncier a un super-pouvoir, celui, selon l'endroit où il se trouve, de multiplier sa valeur.

Ce n’est évidemment pas le prix de la pelletée de terre à excaver qui varie, mais selon les documents d’urbanisme en vigueur dans le secteur, ce que l’on peut construire sur ces mètres carrés. Un projet d’immeuble et un PLU transforment ainsi le foncier en "charge foncière" ou en "droits à construire", qui représentent la surface constructible maximale autorisée, et déterminent son prix. L’alchimie est d’autant plus troublante qu’une fois bâti, le "foncier" disparait, mêlé à la valeur intrinsèque du bâtiment, jusqu’à son éventuelle démolition. Le cycle magique peut alors recommencer.

Selon que sa parcelle est située en rase campagne où personne ne veut vivre, ou bien au coeur d’une agglomération où tout le monde se précipite et où les promoteurs se livrent une concurrence acharnée, selon la hauteur ou le volume autorisés, le vendeur de foncier verra ses gains s’envoler. Et aura tout intérêt à céder son terrain à celui qui lui offrira le plus gros chèque. A priori, un promoteur capable de bâtir un immeuble de 4 étages plutôt que son voisin désireux d’agrandir sa propriété. Est-ce juste? Ce n’est pas une question que se pose la spéculation immobilière qui encourage cette "rente", elle aussi "foncière". Elle désigne le prix atteint par des terrains qui, sans bouger -par définition-, profitent de tout ce qui se passe autour d’eux: changement du plan local d’urbanisme qui transforme en un secteur constructible une zone jusque là réservée aux betteraves, arrivée d’une route, d’une gare ou d’un métro... Ces décisions politiques, publiques et financées par la collectivité, (c'est à dire nous), ont ainsi presque toujours pour effet de faire exploser les prix de foncier, augmenter les prix de vente des bâtiments construits dessus, tout en enrichissant des propriétaires qui parfois n’en attendaient pas tant.

Le foncier est-il condamné à être toujours “plus“ ou “trop“ cher? La main invisible du marché peut tasser les prix, si la demande disparait ou si des nuisances provoquées par exemple par le changement climatique rendent des terres,-même constructibles- inhabitables. Des gestes politiques et autoritaires peuvent aussi limiter le prix des terrains à vendre, dans des secteurs d’aménagement. Mais plus l’urbanisation se développe, plus le foncier devient rare, là où il est convoité. Et plus les promoteurs sont prêts à le payer cher sans menacer leurs bénéfices, puisqu'ils répercutent cette valeur du sol dans les prix de vente des bâtiments construits dessus. ce qui mène à un intéressant syllogisme faisant de l'achat d'un foncier toujours une bonne affaire: après tout, ce qui est rare est cher, un foncier bon marché est rare donc un foncier bon marché est cher, mais vaut le cou(t)... CQFD.

11 décembre 2020
LIBÉRATION SIBYLLE VINCENDON

Pourquoi les logements neufs sont petits et mal fichus

Aucune fatalité. En mettant face-à-face un promoteur et un chercheur, l'Institut des hautes études pour l'action et le logement (IDHEAL) donne les clés économiques de cette néfaste évolution.

8 décembre 2020
LE MONDE ISABELLE REY-LEFEBVRE

Loi solidarité et renouvellement urbain : 20 ans de volontarisme au nom de la mixité sociale

Il y a vingt ans, le 13 décembre 2000, la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) était adoptée. Avec une mesure très emblématique : l’article 55 qui imposait (et impose toujours) aux communes urbaines de se doter, sur leur parc de résidences principales, de 20 % de logements sociaux d’ici à 2020, un seuil concernant 60 % des communes depuis la loi Duflot de 2013, et porté à 25 % en 2025. Vingt ans après, où en est-on ? Entre 2000 et 2020, 900 000 logements sociaux ont été construits dans les communes déficitaires. Mais il aura fallu vingt ans de volonté politique ferme et repousser plusieurs tentatives parlementaires – et sur le terrain – de contourner cette loi ou d’en réduire la portée.

« Les logements HLM sont indéniablement mieux répartis dans les agglomérations urbaines et la loi SRU a stimulé leur construction là où ils manquaient » observe Tristan-Pierre Maury, économiste et coauteur de l'étude intitulée « Vingt ans après, la loi SRU produit une mixité de façade » et publiée par l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL). « Cependant, le mouvement a été contrarié par l'appauvrissement, dans la même période, des locataires de ce parc social qui se spécialise peu à peu dans l'accueil des plus pauvres. De plus, les 20% des ménages les plus riches se rassemblent plus que jamais dans des enclaves de prospérité et, lorsque la loi SRU a permis la construction de logements sociaux dans les quartiers chics, ils sont plutôt occupés par la frange la moins précaire des publics éligibles à un HLM », une population qui correspond aux 4ème, 5ème et 6ème déciles de revenus des ménages français, c'est-à-dire aux classes moyennes. La ségrégation socio-spatiale est particulièrement exacerbée en région parisienne et s'y renforce encore plus fortement qu'ailleurs, comme l'a montré une récente étude de l'Institut Paris Région.

9 novembre 2020

F comme Fenêtre

«Le mur a beaucoup fait pour l’homme. Par son épaisseur et sa résistance, il l’a protégé de la destruction. Mais bientôt, la volonté de regarder au dehors a poussé l’homme à faire un trou dans ce mur», écrit l’architecte Louis Kahn. Ouvrant une brèche dans la structure, la fenêtre fragilise l’édifice tout en lui offrant une fonction: la lumière rend les lieux habitables, comme la possibilité d’y entrer ou d’en sortir. Par la fenêtre la pensée s’évade et, plus subrepticement ceux qui font...le mur. La transparence ouvre des perspectives, une vue ou, comme dans l’architecture japonaise, s’arrange pour mettre en scène l’extérieur, à l’intérieur, en encadrant un tableau naturel qui change avec les saisons.

Ces jours-ci, la fenêtre retrouve ses fonctions : ventilation naturelle prônée par le courant hygiéniste des années 20, vital en milieu confiné; mesure du temps qui passe à l’aune de la luminosité, et... contrôle social : les va-et-vient de lumières et les ombres chinoises disent qui n’est pas là et révèlent les rythmes de vie de nos voisins. Appuyé au bâti, ou assis sur le bord de leur fenêtre, les uns se saluent. Les autres, postés derrière un rideau s’épient. Ils ont, un temps, applaudi un drame qu’ils ne voyaient pas, mais dont ils voulaient remercier les acteurs, Ces protections varient avec le soleil : vitres entièrement dégagées au nord de l'Europe, grande ouvertes, "à l’anglaise" dit-on, les battants dirigés vers l’extérieur pour capter le moindre rayon. L’ouverture à la française se fait vers l’intérieur déjà dissimulé par l’épaisseur du mur et "mange" de la surface lorsque les fenêtres sont ouvertes. Encore plus au sud, les moucharabieh diffusent une douce lumière filtrée par la dentelle de pierre ou de bois qui permet surtout de voir sans être vu, tout comme les jalousies qui portent bien leur nom. Les réglementations sur le climat ont rajouté une dimension moins poétique aux fenêtres. Considérées comme des zones de déperdition d’énergie, elles ont parfois tendance à rétrécir, comme les pièces qu’elles éclairent. Et à devenir les meurtrières d’une architecture généreuse.

9 novembre 2020

M comme Mètre Carré

Ce n’est pas bien grand un mètre carré, une grande taie d’oreiller, un carré d’un mètre de côté. Mais cette surface a tendance à fuir les villes denses à tire-d’aile. Au point qu’aménageurs et promoteurs courent toujours derrière, prêts à dépenser des fortunes pour en attraper quelques-uns. Le plus simple consisterait évidemment à aller les cueillir là où ils poussent en pagaille, les campagnes en sont pleines. Le hic, c’est que même petit, le mètre carré est intransportable. Il faut faire avec, là où il est. Or le mètre carré naturel a deux contraintes majeures. D’abord, il fait partie des réserves agricoles ou de terres non bâties qu’il faudrait laisser intactes, Ensuite, et malgré cette valeur refuge qu’on lui attribue désormais, loin des gares, des routes et des villes, il ne vaut pas un clou.

Bizarrement, le mètre carré pollué, se vend un peu mieux, à condition qu’il soit bien situé et briqué. Les villes ont grandi, absorbant peu à peu les terrains et les bâtiments des usines dont l’activité était reléguée plus loin. Ces anciennes halles, ces grands vides, ces «trous noirs» font d’excellents sites à rebâtir ou à rénover, malheureusement souvent bourrés de métaux lourds et d’hydrocarbures. Une fois frotté et astiqué, plus propre que jamais, le mètre carré industriel devient un intéressant placement. Le mètre carré bâti, plus ou moins ancien, à agrandir ou rénover ne fait pas toujours rêver les opérateurs. Ils aiment apercevoir l’horizon et imaginer le leur... Ici il faut faire avec l’existant, tenir compte du déjà là, d’un quartier, de bâtiments, et même d’habitants encombrants qui voudraient aussi donner leur avis. Ce mètre carré là, parfois un peu cabossé, pas très droit est pourtant désormais le plus abondant dans les villes.

Faut-il encore le mesurer. A Paris officie un notaire au nom prédestiné: depuis 1997, Maître François Carré, comme tous ses pairs, s’assure qu’un texte presqu'aussi géométrique que lui, est bien respecté lorsqu’il scelle la vente d’un appartement. La loi «Carrez», du nom de son rapporteur, prédestiné lui aussi, certifie que le nombre de mètres carrés vendus est bien le bon. Elémentaire... Il suffirait de prendre un mètre. Pas tout à fait, le législateur a tous les droits, même de changer la manière de faire des additions, dans le but utile, ont dû penser députés et sénateurs de l’époque, de ne compter -et donc ne payer- que la surface «habitable». Ainsi disparaissent les épaisseurs des murs, les surfaces où les grands ne tiennent pas debout, à moins d’un mètre quatre vingt, les balcons, les trémies d’escaliers, les embrasures de portes fenêtres...C’est faire bien peu de cas de tout un tas d’endroits bien réels. Des coins où l’on se sent bien, des greniers où l’on s’invente des vies, des balcons où l’on prend le soleil ou des nouvelles de son voisin, des entre-deux portes où l’on se cache, tout un univers spatial qui prend ces jours-ci une autre dimension. La loi ne s’applique d’ailleurs toujours pas aux maisons individuelles, sans doute trop pleines de ces recoins non mesurables donc inexistants? Etalon du prix de l’immobilier, le mètre carré a aplati tout ce qui fait l’unicité d’un chez soi et mené à la fabrication de boites de plus en plus carrée, simples et efficaces. A un marché dont le cours monte et descend selon les cycles économiques et n’a plus grand chose à voir avec le plaisir d’habiter. Faut-il passer au mètre cube, pour tenir compte des volumes ? Ou inventer une autre unité de mesure, le «mètre coeur» par exemple qui tiendrait compte pour fixer le prix d’un logement de quelques critères qui n’en ont justement aucun.

6 novembre 2020

C comme Confinement

Le lien est récent. L’avenir dira s’il était conjoncturel. Ou bien si confinement rimera désormais avec logement. En 2020, d’un bout à l’autre de la planète, plusieurs milliards de personnes ont été renvoyées à leurs pénates, cloitrées chez elles, plus ou moins strictement et plus ou moins longtemps. Enfermées, entre 4 murs, dans un espace souvent trop petit pour accueillir, 24 heures sur 24, tous ses occupants, y travailler, y faire l’école, du sport et la cuisine. Qui a le premier employé ce mot ? "Confinée" se dit «d'une population animale trop nombreuse dans un espace trop restreint», ce qui renvoie parfaitement au sentiment d’oppression que peuvent provoquer des séjours trop longs dans l’espace souvent exigu de l’habitat en ville. Le terme était jusqu’alors plus usité, d’après la sémiologue Mariette Darrigrand, dans la sphère juridique et pénitentiaire, donc punitive. Cette connotation renvoie aux anglo-saxons, plus directs -ou plus francs- qui emploient le «lockdown», et même «The Great Lockdown» pour évoquer la période, en assumant la dimension, coercitive et brutale d’enfermement et de verrouillage. Le mot a suivi le virus autour du monde pour s’imposer au détriment des expressions locales. Le «lockdown» a pris de nombreux accents. Pas en France. Nous avons conservé notre confinement. Il n’a rien d’agréable, alors qu’un «chez-soi» devrait l’être, tant ce terme contient d’intimité et d’identité.

Cette injonction à y rester était sidérante début 2020, lorsqu’elle fut d’abord déployée en Chine, à l’échelle de mégalopoles de plusieurs millions d’habitant.e.s, «aux confins» d’un monde que l’on regardait de loin et, avouons le, un peu goguenards. Elle l’est devenue plus encore quelques mois plus tard lorsque des pays entiers ont été comme figés par l’interdiction au plus grand nombre de sortir de chez soi. Pour se mettre à l’abri ou pour sauver des vies, selon la teneur du message politique jugé le plus efficace. Le confinement saison 1 a renvoyé chacun.e à sa condition d’habitant.e, faisant ressortir pour les un.e.s, le confort d’un lieu choisi et aménagé avec soin, pour les autres, la promiscuité, le manque d’intimité, l’envie d’être ailleurs. Faisant des logements des refuges ou des prisons, dans lesquels, selon son lieu de résidence ou ses revenus -ce qui va souvent ensemble-, le risque sanitaire n’était pas le même. «Au sein de la métropole du Grand Paris, l’épidémie au printemps a d’abord tué les personnes âgées des villes pauvres. L’habitat surpeuplé et souvent dégradé a joué un rôle décisif», expliquait Luc Ginot, le directeur santé publique de l'agence régionale de santé d'ile de France, au Monde. En sortaient les travailleurs.es «essentiel.le.s» au bon fonctionnement, des hôpitaux bien sûr, et de ces grandes villes qui ne tournent pas rond sans commerces alimentaires, ni réseau électrique, eau, ramassage des ordures... Etaient donc sémantiquement exclu.e.s de cette «utilité essentielle» tou.te.s ceux/celles sommé.e.s de rester «au foyer», y compris les femmes ainsi nommées, quand elles arrêtent de travailler pour élever leurs enfants. Pour tou.te.s, le moment a aussi été celui d’une apnée de 55 jours au coeur d'une vie personnelle privée des soupapes habituelles, les autres et l’ailleurs.
Rester chez soi a été l’occasion d’observer que notre habitat n’est pas toujours pensé pour justement être... habité. Chambres exiguës, bureaux ou espaces de travail inexistants, cuisines ouvertes et trop petites, manque de lumière, absence d’un balcon digne de ce nom, ou d'un jardin... Tous ces défauts nous ont subitement sauté aux yeux, révélant de façon frappante, ce dont nous manquons, et, en creux, la faiblesse de l’innovation et la médiocre qualité des appartements construits depuis plusieurs décennies. Paradoxalement, le confinement fut un révélateur qui devait pousser à faire mieux, au cas où... peut-être un jour, il se reproduirait.

15 octobre 2020

A comme Abordable

Le logement « abordable » est directement issu de la notion anglo-saxonne "d’affordable house". Littéralement, le logement qu’un ménage peut "se permettre" d'acheter ou de louer, sans mettre en péril son pouvoir d’achat quotidien. Il commence bien notre alphabet... Comme toute politique publique de l'habitat qui devrait, d'abord, rendre suffisamment de logements « Abordables ». Pour y parvenir, il faut d'abord s'assurer que tout le monde puisse rembourser ses mensualités d'emprunt ou payer son loyer. Et ne pas oublier les charges, notamment en copropriété, les impôts locaux et les dépenses d’éclairage et de chauffage. La charge, aussi appelée le taux d’effort, c'est-à-dire la part de revenus qu'un ménage dépense pour habiter quelque part est considérée comme trop lourde au-delà de 30% . C’est d’ailleurs peu ou prou la limite au-delà de laquelle les banques ne prêtent plus.

Fabriquer des logements abordables est devenu une obsession des différents gouvernements depuis plus d’une décennie, comme un aveu d’impuissance face à un marché qui ne se régule pas seul et dont les prix en hausse permanente excluent de plus en plus de ménages des zones qu’ils convoitent car c'est là que se trouvent les emplois. Plusieurs dispositifs organisent la production de ces logements plus ou moins « abordables », plus ou moins accessibles, un autre A . Le logement social en est un et la France dispose d’un stock de HLM de 5,5 millions pourtant, insuffisant : ceux qui sont bien situés sont occupés, les autres parfois ne trouvent pas de locataire. Les logements intermédiaires créés en 2014 par la loi ALUR appartiennent à de grandes foncières qui les louent à des tarifs plafonnés. D’autres systèmes se mettent en place comme l’intermédiation locative ou le "bail réel solidaire". Ces montages parfois complexes, qui exigent plusieurs acteurs, fractionnent la propriété dans le temps ou dans l'espace font baisser le coût d’accès au logement. Ils sont encore trop expérimentaux, ou pas assez connus pour faire du logement en France un bien « abordable ».

9 novembre 2020

I comme Intérieur

Le printemps a fleuri en vase clos cette année. Carrés, plus ou moins encombrants, posés sur des consoles, des tables ou des commodes et allumés en permanence... qui dévoilent, sans pudeur, des intérieurs confinés mais ouverts à tous les  vents. Que disent de nous ces nouveaux Espèces d’Espaces dont George Perec aurait dressé une géniale classification? Le bureau, pour qui en possède un, est le meuble roi et la pièce maîtresse de ce nouvel échiquier. Les chambres ne sont plus privées, si c’est là qu’il est possible de s’isoler pour s’ouvrir au monde. Le salon devient salle de sport ou de cours, à pratiquer à plusieurs. La cuisine, si elle est assez grande fait office de communs. Lieu de retraite solitaire, les toilettes seules garantissent encore l’intimité. Mais vite fait, car derrière la porte, les autres attendent. Dès lors qu’il faut au même endroit, faire l’école et l’amour, travailler et cuisiner, se réunir en s’isolant, que peut-on montrer, que doit-on encore cacher?

S’installe une acceptation forcée et presque enjouée, accompagnée d’une mise en scène de chez-soi, ce miroir impossible à critiquer sous peine de se renier soi-même. Le désordre devient un sympathique signe de vitalité de la famille, les bibliothèques fournies signalent la culture, les moulures l’aisance, la lumière, le confort. Chaque détail parle... La distance déjà diminuée entre nos vies professionnelles et privées n’a plus que l’épaisseur d’un écran, traversé parfois par de familiers intrus en pyjama. Les fenêtres sur le monde se sont retournées, mobiles et fouineuses, à toute heure. Attirantes comme un «trou noir» dit Mona Chollet dans son Chez-soi, Une odyssée de l’espace domestique, un manuel de survie utile ces jours-ci. Par-là, on peut sortir dans l’espace public, mais ce canal est désormais ouvert dans l’autre sens, aux collègues pourtant jamais conviés à la maison, à la chaîne hiérarchique subitement aplatie par un sort commun. La foule domestique et extérieure est envahissante. Elle entre partout et souvent sans frapper. Les caves, zone blanche des villes connaîtront peut-être un nouvel engouement. Ou le refuge dans le refuge, à l’abri des ondes, du son et de la vue. Le printemps c’est aussi le temps des cabanes. L’hiver qui vient, celui des igloos...

26 octobre 2020
BATIACTU BASILE DELACORNE

L'agence Valode et Pistre lance « Archi Jeunes », un concours à destination des étudiants

« Habiter, demain », c'est le thème du concours « Archi Jeunes » que lancent les architectes Denis Valode et Jean Pistre pour faire plancher les étudiants en architecture sur les nouvelles attentes sanitaires, sociales et environnementales dans l'habitat collectif.
L'objectif ? Les faire réfléchir aux conséquences de la crise sanitaire, mais aussi des crises sociale et environnementale. "Une des conséquences de cette pandémie devra être l'impérative prise en compte, dans la conception de l'habitat, des nouvelles attentes" dans ces trois domaines, expliquent-ils. C'est aussi parce qu'ils sont conscients des difficultés d'insertion professionnelle de cette jeune génération, directement impactée par les effets de la crise (quasi absence de stages, formation à distance, etc.), qu'ils ont souhaité réagir concrètement et tendre la main aux talents de demain.

Le projet architectural attendu est « une proposition d'habitat collectif innovant apportant des réponses au constat d'inadaptation des logements et de leur environnement, ainsi qu'aux aspirations apparues à l'occasion de la crise du COVID et du confinement en particulier » : contradictions entre vie professionnelle, scolaire et familiale, entre vie collective et distanciation, entre confinement et aspiration au contact avec les éléments naturels et la végétation et diffusion des préoccupations écologiques sont notamment cités. Le contexte, la localisation, les caractéristiques urbanistiques (densité, dimensions, etc.) et le choix entre réhabilitation et construction neuve sont laissés à l'appréciation des candidats.

Le jury est composé de Najoua Arduini, directrice de développement du Groupe GA, Aldrick Beckman, architecte, Nicolas Bouzou, économiste et directeur-fondateur d'Asterès, Thomas Coldefy, architecte, Marie Godard Le Beux, directrice générale adjointe de Paris Habitat, Gaëlle Hamonic, architecte, Jean Pistre, architecte, Guillaume Poitrinal, président de Woodeum et de la Fondation du Patrimoine, Catherine Sabbah, déléguée générale d'IDHEAL (Institut des hautes études pour l'action dans le logement) et Denis Valode, architecte.

6 octobre 2020
LE MONITEUR MARIE-NOËLLE FRISON

Les logements actuels répondent mal aux besoins des Français

Les Français sont trop à l’étroit dans leur logement. L’enquête menée pendant le confinement par l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) l’avait révélé. Les résultats du quatrième baromètre Qualitel consacré à la qualité du logement, présentés le 6 octobre 2020, viennent aujourd'hui le confirmer.

29 septembre 2020

Bien vieillir sur sa planète

Architectes | Badia Berger
Maîtrise d'ouvrage Maison Alfort Habitat/ gestionnaire Coallia
70 logements| R+2
Maisons-Alfort | 94700
Livraison Juillet 2020

C’est à se demander si les EHPA, établissement d’hébergement pour personnes âgées, portent bien leur nom. Si ces structures sont faites pour "héberger" des résidents temporairement, par exemple lors de l’absence d’un proche aidant, ou bien pour "loger" leurs occupants. Si elles peuvent devenir, pour des personnes vieillissantes encore autonomes, un nouveau chez-soi, désirable et agréable à vivre

C’est ce qu'a tenté l'agence Badia Bergé avec sa Résidence du Soleil , nouvelle planète du quartier éponyme, une cité de logements sociaux, construite dans les années 50, tout près des berges de la Marne à Maison-Alfort. Le bâtiment construit sur trois niveaux a remplacé un foyer. Il prend la forme d’un pentagone irrégulier, souple, aux angles arrondis. Ici les locataires peuvent meubler leur appartement à leur goût ; inviter chez eux qui bon leur semble ; aller et venir à leur guise ; continuer à vivre leurs passions, comme cet écrivain tout juste septuagénaire rencontré dans le hall du rez-de-chaussée. On n’intègre pas un EHPA contraint par des problèmes de santé ; on s’y installe pour rompre avec sa solitude. Pas pour y mourir, mais pour y vivre, bien. Ce type d’habitat de transition, entre logement classique et établissement médicalisé, semble appelé à se développer. Dès lors, comment concevoir et aménager ces lieux pour que nos aînés se les approprient et s’y sentent bien ? L’architecture peut les aider à y vieillir autrement

Comment être bien chez soi ? L’enquête Aux confins du Logement, menée par Idheal pendant le confinement, apporte trois réponses qui montrent, en creux, ce qui manque aux constructions récentes : plus d’espace, un accès à l’extérieur, de la lumière. La résidence du Soleil semble avoir suivi ces préceptes. La taille d'abord... On y trouve des T1 de 35 m² et des T2 de … m², superficies honorables, complétées par un cellier, utile pour stocker et mieux gérer l’espace disponible. Il faut y ajouter les lieux mutualisés (salle de gym, bibliothèque, salle à manger), qui peuvent être vécues comme des extensions des logements. L'accès au dehors ensuite... Tous les appartements disposent d’un balcon privatif qui ouvre des perspectives sur le parc et les occupants profitent aussi de spacieuses terrasses collectives, orientées plein sud, aux premiers étages ; le jardin est accessible, tout comme le parc public qui s'étend tout autour. Enfin, la lumière... Les fenêtres sont nombreuses et généreuses. Les architectes ont choisi une gamme de couleurs à l'harmonie apaisante: trois teintes de rouge le long des coursives vitrées, le vert du cuivre patiné en façade, le gris texturé du béton sur les terrasses, le bois clair aux entrées des logements.
Les locataires de Coallia, -gestionnaire de la résidence pour le compte de Maison-Alfort Habitat-, paient des loyers de 788 euros par mois pour un T1 et 888 pour un T2. Elevé, le coût de construction, de 2 200 euros par mètre carré s'explique par l'importance des surfaces communes. L’intérêt de la maîtrise d’ouvrage pour le projet a été décisif. La ville a suivi assidûment le chantier, jusqu’au choix du mobilier. Les architectes ne se plaignent pas de cette "intrusion" qu'ils mettent sur le compte de la sensibilité des commanditaires pour l’architecture contemporaine, trop peu souvent partagée, à leur goût, par les maîtrises d’ouvrages et élus.

26 août 2020
LIBÉRATION SIBYLLE VINCENDON

Télétravail : sitôt adopté, déjà délaissé ?

Le retour des vieilles habitudes ? Selon une étude du cabinet YouGov rendue publique ce mercredi par Les Échos et réalisée début août, les travailleurs qui avaient été renvoyés chez eux en quarante-huit heures début mars sont revenus au bureau presque aussi brutalement, et en gros bataillons.

Ainsi, alors que 27% des personnes en situation d’emploi en France s’étaient retrouvées en télétravail du jour au lendemain, le chiffre serait tombé à 15% une fois le déconfinement achevé. La chute serait encore plus nette en Ile-de-France avec un passage de 39% de télétravailleurs à 14%. À Paris, où l’on décomptait 45% de salariés travaillant de chez eux pendant le confinement, ils seraient seulement 22% à y être restés.

De tels chiffres viennent contredire les plans de la ministre du Travail, Élisabeth Borne, qui estimait mi-août dans une interview au Journal du dimanche qu'il fallait mettre le télétravail en place à «chaque fois que c'est possible dans les zones de circulation active du virus». L'Ile-de-France, où les nouveaux cas de Covid-19 ont fortement augmenté cet été, voit effectivement le virus circuler de plus en plus activement mais, si l'on en croit les données fournies par YouGov, cela ne frappe pas les esprits.

Toutefois, sur le terrain, ces données suscitent le doute. Directeur chargé de la transformation des environnements de travail chez JLL, l'une des plus importantes sociétés de conseil en immobilier d'entreprise, Rémi Calvayrac, les trouve surprenantes. «L'idée d'un retour massif au bureau est très contraire à ce que vivent nos clients, explique-t-il. Nous avons de grands groupes américains et quelques groupes français du CAC 40 qui parlent de ne faire revenir leurs salariés qu'en fin de premier trimestre 2021, voire au deuxième trimestre».

Après le confinement, certaines entreprises «avaient annoncé des plans de retour pour le mois de septembre», dit Rémi Calvayrac. Depuis, en août, les cas de Covid-19 ont augmenté et la perspective d'annonces gouvernementales sur l'obligation du port du masque ont freiné les élans. «Aujourd'hui, tout le monde est dans le flou, résume-t-il. Mais on ne peut pas imaginer que la demande de télétravail diminue et encore moins si le masque est obligatoire. En tout cas, nous n'avons pas rencontré d'entreprises qui voudraient imposer un retour au bureau à leurs collaborateurs.»

Depuis les ordonnances Pénicaud de 2017, le télétravail est un droit. Toutefois, fin juillet, une étude d'Ipsos démontrait qu'il n'était guère revendiqué. N'examinant que la situation des salariés «en bureau» (et non pas «en emploi» comme dans l'enquête YouGov), l'institut constatait que, même si 65% avaient basculé en télétravail lors du confinement, ils étaient désormais 55% à être retournés pour de bon au bureau, quoique pas forcément tous les jours. Pour ceux qui ont continué à œuvrer chez eux, le nombre de jours par semaine passés à domicile a quand même diminué de moitié.

D'une certaine façon, les salariés ont un rapport ambivalent au télétravail. «Ils y ont trouvé une forme d'équilibre et un gain en temps de transports», dit Rémi Calvayrac. Les chiffres de fréquentation de la RATP en témoignent : seuls 60% des voyageurs sont revenus à une semaine de la rentrée.

Néanmoins, selon Ipsos, seules 15% des personnes interrogées pensent que le télétravail va se généraliser, tandis que 28% se disent certaines que la fin de l’épidémie marquera aussi la forte diminution de la pratique. En fait, plus que le tout ou rien, de nombreux salariés semblent rêver d’un mélange des deux situations : 45% d’entre eux travailleraient volontiers moitié au bureau, moitié à la maison.

Le retour massif des employés sur les lieux de travail serait-il un soulagement pour les employeurs ? Pas forcément. «Personne ne veut prendre de risque avec la santé de ses salariés», remarque Rémi Calvayrac. Début juin, face à la perspective d'une situation potentiellement durable, le patronat acceptait d'entamer une série de réunions avec les syndicats sur le sujet. «Pour se documenter», dit-on au Medef, où l'on ne veut pas communiquer avant les deux dernières réunions prévues les 3 et 11 septembre. L'organisation patronale a déjà fait savoir qu'elle refuserait d'aller plus loin que le diagnostic et d'ouvrir une négociation interprofessionnelle. Côté patronal, une source citée par le Figaro résume : «Si les syndicats veulent nous faire payer la moitié de la maison des salariés en réclamant la prise en charge d'assurances ou de factures de chauffage, ils trouveront une fin de non-recevoir.»

Sans être aussi caricaturale, la question est pourtant bien celle des conditions de travail. Une enquête menée pendant le confinement par IDHEAL, un laboratoire d'idées consacré au logement, avait montré les invraisemblables bricolages d'installation des télétravailleurs pour assurer le boulot de chez eux. Si le télétravail s'ancre dans les habitudes, les employeurs devront bien équiper leurs salariés d'une manière ou d'une autre. Sauf s'il n'a été qu'une parenthèse, comme l'étude YouGov semble vouloir le montrer. Quant au risque de contamination dans les lieux de travail, il semble absent du débat.

2 juillet 2020

Le retour en grâce des immeubles des années 1970

Le Monde Isabelle Rey-Lefebvre

Ils sont souvent jugés moches, parfois détestés. Mais les immeubles des années 1960-1970 sont dotés de grandes qualités que le confinement a permis de redécouvrir. Leurs logements sont spacieux et confortables, deux atouts précieux pendant les deux mois d’enfermement. L’enquête d’Idheal auprès de 8 000 personnes (par questionnaires écrits, du 25 mars au 5 mai 2020) sur le ressenti durant le confinement révèle que ceux qui ont mal vécu cette période vivent à 86 % en appartement, dont 66 % sans espace extérieur.

1er juillet 2020
LE MONITEUR MARIE-DOUCE ALBERT, MILENA CHESSA, MARIE-NOËLLE FRISON

Des idées ambitieuses pour habiter mieux

Concilier ces usages multiples dans un espace contraint a été une épreuve, notamment en zone urbaine dense. Selon une étude menée par l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL), 86 % des personnes qui ont mal vécu le confinement dans leur logement habitent en appartements, dont 66 % sans espaces extérieurs. Ce constat appelle les professionnels à imaginer des logements compatibles avec un nouveau confinement mais surtout en phase avec les modes de vie actuels.

18 juin 2020
LE PARISIEN PHILIPPE BAVEREL

Paris : une exposition qui imagine un nouveau demain

« Et demain, on fait quoi ». Sous ce titre, le pavillon de l'Arsenal présente les contributions d’architectes, ingénieurs, paysagistes... sur les logements, les transports, les jardins dans les villes d’après le Covid-19. Qu’en pensent les Parisiens ?

30 juin 2020

Télétravail : ces entreprises qui se passent déjà de bureaux

La Story - Podcast des Echos Pierrick Fay

Il s'est étendu et popularisé auprès des salariés durant le confinement mais le télétravail est aussi une opportunité de réaliser des économies pour les sociétés qui l'adoptent à grande échelle. Pour « La Story », le podcast d'actualité des « Echos », Pierrick Fay et ses invitées nous font découvrir ce phénomène grandissant des « remote companies », les entreprises sans bureaux.

15 juin 2020

Aux confins du logement : des idées simples, dont les acteurs de la ville devraient s’emparer … tout de suite

Confinews Le média du confinement

Alice Chevalier

Plus de place, de la lumière, un accès à l’extérieur… Les résultats du sondage « Aux Confins du Logement » lancé par l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement, IDHEAL[1], sont d’une édifiante simplicité. Ils révèlent ce que l’on sait sans trop le dire, mais qui a fini par sauter aux yeux de tous au bout de 55 jours d’enfermement : la taille compte !

7 juin 2020

Confinement : «Aussi grande soit-elle, la maison finit par étouffer»

Libération Sybille Vincendon

Une étude sur la façon dont le confinement a été vécu au regard du logement confirme l'importance des conditions d'hébergement, tout en soulignant la pesanteur incompressible de l'assignation à résidence prolongée.

19 mai 2020

La politique du logement n'est pas à la hauteur de l'enjeu

Le Moniteur Marie-Douce Albert

Alors que 67 millions de Français étaient assignés à résidence pour cause de crise sanitaire majeure, l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement, l’Idheal, lançait une enquête en ligne pour comprendre comment les gens vivaient cette période. Quelque 8 000 personnes ont répondu au questionnaire. Catherine Sabbah, la déléguée générale de l'organisme créé en novembre dernier, voit dans l’après-confinement un moment rare de réflexion collective sur l’habitat et plaide pour une mobilisation générale.

6 mai 2020
LE TEMPS (SUISSE) ÉMILIE VEILLON

L'habitat en temps de crise

Des villas individuelles derrière leur haie de thuyas aux écoquartiers coopératifs, les logements ont révélé leurs forces et faiblesses pendant la pandémie. Autant de pistes pour mieux construire demain. Les acteurs de l’immobilier devront redéfinir les priorités, en se basant sur les expériences architecturales et urbaines les mieux vécues pendant la crise. Des études sont déjà en cours, en France (IDHEAL) et en Suisse (EPFL), sur la manière dont les logements ont été habités pendant le confinement.

29 avril 2020

À la maison, le télétravail fait chambre à part

Libération Sybille Vincendon

Les logements, a fortiori quand ils sont exigus, ne sont pas forcément pensés pour le boulot. Comment réorganiser nos lieux de vie quand le travail s’y invite ?

24 avril 2020
LIBÉRATION SYBILLE VINCENDON

Mon logement à l’heure du confinement

L’Institut de réflexion Idheal lance une grande enquête auprès des confinés afin de mesurer comment ils vivent leur domicile à l’heure de l’assignation à résidence et du télétravail. Une expérience en vraie grandeur.

18 juin 2020
LE PARISIEN PHILIPPE BAVEREL

Une exposition qui imagine un nouveau demain

Sous le titre on ne peut plus évocateur « Et demain, on fait quoi? », le pavillon de l'Arsenal* présente jusqu'au 6 septembre, les contributions imprimées sur de grandes affiches qu'il a reçues sur son site web depuis le 16 avril. Rédigés par des architectes, ingénieurs, paysagistes, promoteurs, urbanistes, etc., ces textes constituent autant de boîtes à idées fourmillant de propositions pour le monde d'après le coronavirus. Logement, transports, environnement et climat constituent les principaux thèmes abordés.

Claire Flurin, directrice recherche et développement de Keys Am et Catherine Sabbah, déléguée générale d'IDHEAL, livrent notamment le fruit de leur réflexion après deux mois de confinement : « La cuisine est-elle vraiment utile quand tout le monde dîne dehors ou se fait livrer ? La réponse est oui. Avec une fenêtre et des portes ? Oui. Faut-il que le logement dispose de surfaces supplémentaires où s'isoler ? Encore oui. Peut-on vivre confortablement dans des micro-appartements ? En aucun cas. ».

Locataire pendant dix ans d'un studio de 15 m2 dans le XVe, Théophile, 31 ans, n'en disconvient pas: «habiter une si petite surface vous conduit à n'y être que la nuit pour dormir. Et à passer vos journées à travailler au café ou en bibliothèque». Lorsque ce doctorant en anthropologie a dû partir poursuivre ses recherches en Ecosse, il fut très surpris de constater que «pour le même loyer, 600 € par mois, j'ai pu louer un trois pièces de 60 m2 à Aberdeen! Il m'a fallu plusieurs mois pour apprivoiser l'appartement et notamment utiliser le salon», confie-t-il. De retour à Paris depuis la mi-mars, il a préféré se réinstaller chez ses parents, propriétaires d'un logement de 80 m2.

«L'espace public doit d'abord prendre en compte les piétons (que nous sommes tous) et les vélos. Et ensuite organiser les circulations motorisées dans les artères qui le permettent», affirme l'architecte Elise Arnoux, associée de l'agence Urbanica.

En reconversion dans une école d'informatique, Florian, 28 ans, estime que «la situation des piétons s'est améliorée à Paris depuis dix ans». Et de citer «la piétonisation des Champs-Elysées un dimanche par mois ou de la voie Georges Pompidou». Cycliste, il plébiscite l'élargissement de la piste cyclable rue de Rivoli qu'il emprunte chaque matin pour aller en cours.

«La crise du Covid-19 rend indispensable la démultiplication des jardins, terrasses, balcons, individuels et collectifs. Il s'agit de planter partout où cela est possible», estiment les architectes Guillaume Sibaud et Olivier Raffaelli.

Guide-conférencière, Aurélie qui habite le XIe, ne l'envoie pas dire: «Créer plus d'espaces verts en ville, ça fait des années qu'on en parle mais on ne voit pas grand-chose venir...» Avant de se raviser: «A Paris, il y a un peu plus de verdure qu'il y a dix ans. Même les réalisations les plus minimes comptent, comme les pelouses sous les rails du tramway ou les fleurs que les riverains plantent au pied des arbres sur les boulevards...»

7 avril 2020
LE MONITEUR JACQUES-FRANCK DEGIOANNI

« Aux confins du logement », une enquête de l'IDHEAL

Votre logement est-il trop petit ? Adapté ou inadapté à la période actuelle de confinement ? Est-il parfait pour télétravailler ? etc. L’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) a lancé une enquête en ligne (dix minutes à y consacrer, réponses anonymes) sur les conditions de logement en période de confinement afin de faire remonter assez de données pour nourrir des analyses ultérieures sur le sujet. Plus de 6000 réponses ont été collectées à ce jour qui donneront lieu, d’ici quelques semaines, à une présentation des résultats.

6 avril 2020
BUSINESS IMMO ANONYME

Covid-19 : Novaxia s'associe au sondage « Aux confins du logement » lancé par IDHEAL

3 avril 2020

Coronavirus : habitat et logement à l'épreuve de la vie confinée

Le Monde Isabelle Regnier

Que l’on ait quitté la ville pour la campagne ou que l’on n’ait pas bougé, le confinement redéfinit notre rapport à l’habitat. Le seul fait de se trouver assigné à résidence conduit à percevoir de manière plus aiguë les qualités et les faiblesses de nos lieux de vie.

23 février 2020

Nouveaux Horizons
– Paris 18e

Architectes : Brenac & Gonzales & Associés - Moa | 15 654 m²
| 254 logements 20 locaux d’activités soho | 1 commerce |
Construction : 2015 – Livraison : 2019 | Visite de l’îlot E

© Stefan Tuchila

Deux tours de 50 mètres ont poussé dans le nouveau quartier de la Chapelle Internationale dans le 18ème arrondissement de Paris. C’est là, en bordure de ville que ce genre d’immeuble a à nouveau droit de cité. Face à face, ou presque, les deux bâtiments sont légèrement décalés, pour éviter les vis-à-vis trop proches ou trop nombreux. Difficile toutefois d'éviter la cohabitation, compte tenu du nombre de logements imposés. Les deux tours se toucheraient presque. Et l’interstice qui les sépare rappelle les silhouettes hérissées des villes asiatiques. Au fur et à mesure de la montée, les vues se dégagent dans certains angles, un paysage inédit apparaît vers Montmartre. Notamment dans les cages d’escaliers abritées mais ouvertes qui scindent la tour E2 et créent une faille dans la E1.

© Stefan Tuchila

© Stefan Tuchila

Habitat vertical, donc? Village plutôt, car l’urbanisme du quartier entend composer un ensemble, entre les logements et les rez-de-chaussée, baptisé « socle de ville » par ses concepteurs, l’agence AUC qui travaille et décline ce concept au fil de ses projets. Il permet de dialoguer avec la halle de fret voisine, bâtiment incontournable, aujourd’hui entièrement réaménagé, qui semble faire corps avec les deux tours. Les soho – small office-home office vont activer ces volumes de 7 mètres de haut, en rez de chaussée. Des locaux d’activités qui sont aussi des logements, des logements qui servent de locaux d’activités : combo idéal pour un confinement réussi. La programmation est audacieuse, il fallait trouver la place et l'accès à ces lieux hybrides : pour accéder à ces espaces, les futurs small home officers emprunteront une passerelle en pente douce qui atterrit sur une rue intérieure lumineuse, à investir et partager, d’autant plus pratique -et sécurisée pour les habitants inquiets ou suspicieux- qu’elle ne communique pas avec les logements des étages supérieurs.

© Stefan Tuchila

© Takuji Shimmura

Quid de la ville haute ? La structure des tours est bien visible: d'énormes poutres de béton blanc tiennent le bâtiment, à la façon -allez, osons-le!-de la Hanckock Tower de Fazlur Khan, à Chicago. Cette exo-structure présente trois avantages : elle allège le poids par rapport à des murs entiers, économise de la matière - sujet central lorsqu’il s’agit d’un matériau aussi énergivore que le béton - et permet plus de liberté à l’intérieur des logement. Comme le souligne Julien Monfort, architecte du cabinet MOA, "*les surfaces sont petites, mais les logements modulables". Les façades étant porteuses, les murs intérieurs peuvent être facilement abattus. Et le T4 de 74 m2 que nous visitons pourrait facilement se transformer en un grand deux-pièces. Pourquoi alors ne pas avoir d’emblée dessiné des appartements plus vastes? Parce que le promoteur, Sogeprom, a choisi des typologies classiques d’appartements de deux, trois, ou quatre pièces qu’il fallait bien caser dans les mètres carrés existants. Notamment pour vendre la tour E1 à Axa, acquéreur en bloc qui louera ses logements à des prix plafonnés pendant au moins dix ans. Les appartements de E2 la seconde tour ont, eux, été vendus. Les premiers étaient affichés autour de 7000 euros le mètre carré. Prix qu e le promoteur n'a pas hésité à relever , après le départ du camp de migrants installé Porte de la Chapelle. La compacité -qui détermine les surfaces à vendre et donc la rentabilité de l'immeuble- ne s’arrête pas aux portes des logements. Les paliers d’étages comme l’entrée du bâtiment sont aussi très petits, mais ils font illusion, habilement agrémentés d’un jeu de miroirs qui leur apporte de la profondeur.

© Takuji Shimmura

© Takuji Shimmura

6 février 2020
LIBÉRATION SIBYLLE VINCENDON

Logement social : les immeubles vont mieux, les habitants moins bien

L’obligation de construire 20% de logements sociaux instaurée en 2000 par la loi Solidarité et Renouvellement Urbain, dite SRU, a-t-elle réussi, vingt ans plus tard, son pari de rééquilibrer la répartition des HLM sur le territoire national ? Le nouvel Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) a présenté une passionnante étude menée par Kevin Beaubrun-Diant et Tristan-Pierre Maury qui tente de répondre à cette question.

4 février 2020
LES ÉCHOS Elsa Dicharry

La loi SRU n'atteint pas ses objectifs de mixité sociale

Adoptée il y a vingt ans, la loi SRU, qui impose à un certain nombre de communes des quotas de logements sociaux , n'a que partiellement rempli ses missions en termes de mixité sociale. Tel est le principal enseignement d'une étude publiée ce mardi par le tout nouvel Institut des hautes études pour l'action dans le logement (Idheal), et menée par deux enseignants-chercheurs : Kevin Beaubrun-Driant (Université Paris-Dauphine) et Tristan-Pierre Maury (Edhec Business School).

4 février 2020

Le bilan mitigé de la loi SRU, 20 ans après sa création

Le Monde Isabelle Rey-Lefebrve

La loi Solidarité et renouvellement urbains du 13 décembre 2000, a-t-elle, près de vingt ans après sa promulgation, contribué à réduire la ségrégation spatiale des ménages ? Pour l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (Idheal), récemment créé pour être un lieu de réflexion, qui a commandé une étude, le bilan est partagé : la loi SRU a, certes, réussi à mieux répartir géographiquement l’offre de logement social dans les communes urbaines mais pas à combler les écarts de revenus entre quartiers ni à contrecarrer une tendance de fond au creusement de l’inégalité entre enclaves de richesse et de pauvreté.

25 novembre 2019
AEF INFO VALÉRIE LIQUET

Les ambitions d'IDHEAL, l’Institut des Hautes Études pour l’Action dans le Logement, impulsé par Action logement

L’Institut des hautes études pour l’action dans le logement, à l’acronyme prometteur, sera lancé mardi 26 novembre 2019 lors de la convention annuelle d’Action Logement qui en a impulsé la création. Cet institut de recherche et de formation, que dirigera Catherine Sabbah, jusque-là journaliste aux Échos, se veut "think/do tank", lieu de mobilisation des acteurs publics et privés du logement et de l'habitat.