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Comment inventer l'avenir du logement en Île-de-France ?

LES ÉCHOS, MATHILDE RIAUD

Qui pourra encore se loger en Île-de-France en 2030 ? La question ne manque pas d'inquiéter les acteurs du logement, comme l'a montré la première table ronde organisée par l'Etablissement public foncier d'Ile-de-France (EPFIF) lors de son colloque du mardi 7 décembre. « Dès 2017, les promoteurs ont tiré la sonnette d'alarme face à la baisse de production de logements dans la région », rappelle Fouad Awada, directeur de l'Institut Paris Région. Malheureusement, la situation ne s'est pas améliorée depuis. « Les prix de l'immobilier ayant été multipliés par trois en vingt ans, les ménages les plus pauvres connaissent de plus en plus de difficultés à se loger », souligne-t-il. En témoignent l'augmentation du nombre de logements suroccupés et l'explosion du nombre de demandes d'habitat social : de 400 000 demandeurs en 2010 à 750 000 en 2020, soit une hausse de 90 %.

Des efforts doivent donc être faits pour favoriser la rénovation urbaine. « En dehors des cas où l'on n'arrive pas à sortir des énergies fossiles après rénovation, le bilan environnemental est plutôt favorable à la rénovation qu'à la démolition ou reconstruction » rappelle Rémi Babut, ingénieur et urbaniste au Shift Project. Cela ne suffira cependant pas à couvrir tous les besoins, l'Île-de-France gagnant près de 50 000 habitants par an. Pour sortir de l'ornière, il n'y aura pas d'autre choix que de « financer beaucoup de logements sociaux et construire beaucoup de logements neufs », insiste Fouad Awada. Pas seulement pendant deux ou trois ans. « Il est indispensable d'arriver à stabiliser l'effort de construction sur une période d'au moins vingt ou trente ans » estime Jean-Claude Driant, professeur à l'Ecole d'urbanisme de Paris.

Construire plus, d'accord, mais quoi ? Pour quoi ? Pour qui ? « En 2016-2017, on a atteint un pic de production » note Jean-Claude Driant, « sauf que les logements qui sont sortis de terre à ce moment-là n'étaient pas destinés à fluidifier le marché mais à être vendus à bon prix par les promoteurs. » Résultat, beaucoup d'entre eux ne correspondent pas aux besoins des occupants. « Or c'est en réfléchissant à la qualité que l'on augmentera l'acceptabilité de ces opérations, et notamment de leur coût environnemental » souligne Catherine Sabbah, déléguée générale de l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL).