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Déconfinée, la fenêtre sort du cadre

LIBÉRATION, EVE SZEFTEL

Ténor qui chante de l’opéra, applaudissements à 20 heures, DJ pour un balcon-concert, cours de gymnastique, apéro entre voisins ou encore simple sieste au soleil : pendant le confinement, la fenêtre a été, pour les citadins cloîtrés, une échappée vers le monde extérieur, lieu d’évasion individuelle mais aussi de rencontres et d’expériences collectives. Objet de détournements fonctionnels, le cadre en bois ou PVC a allègrement outrepassé sa fonction initiale de source de lumière et d’aération. Pour «transformer l’expérience du confinement en potentiel architectural», le Pavillon de l’Arsenal, à la fois centre de documentation et lieu d’exposition, a lancé un concours dans le cadre de « FAIRE », son incubateur de projets urbains innovants.

Lauréat de FAIRE 2020, « Scénarios futurs. Dispositifs de façade post-confinement », porté par les architectes Cyrus Ardalan, Ophélie Dozat et Lucien Dumas, est visible jusqu’au 7 novembre. Il présente 60 dessins – et un prototype – de ces percées murales qui hybrident joyeusement l’intérieur et l’extérieur, l’intime et le social, le privé et le public.

Le prototype exposé au Pavillon est une « assise tournante, en balcon. Un isoloir domestique qui peut s’ouvrir à la ville grâce à un système de voile rétractable. Une structure qui fonctionne, autoportante, et qui peut être construite par chacun ». Les autres dispositifs font, eux, la part belle à l’imagination : un salon de thé, une « bulle d’apéro Skype », une balançoire coquine, un barbecue, un sauna, un studio de chants, une épicerie. Une dimension utopique assumée qui vise à repenser la relation à l’extérieur pour que la façade ne soit pas une prison.

En pratique, le confinement a servi de «crash-test» au parc de logements français. Une étude récente de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), qui a passé au crible des milliers de plans de programmes neufs, a montré qu’en vingt ans le «confort d’usage» des logements a baissé. Si 80 % des plans étudiés présentent «au moins un espace extérieur», ce qui est un progrès, deux tiers des balcons ont une profondeur de moins d’1,50 m, permettant difficilement d’y installer une petite table ou d’y faire sécher du linge. Quand la loggia ne sert pas de lieu de stockage, faute de placards...