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abécédaire du logement

F comme Fenêtre

«Le mur a beaucoup fait pour l’homme. Par son épaisseur et sa résistance, il l’a protégé de la destruction. Mais bientôt, la volonté de regarder au dehors a poussé l’homme à faire un trou dans ce mur», écrit l’architecte Louis Kahn. Ouvrant une brèche dans la structure, la fenêtre fragilise l’édifice tout en lui offrant une fonction: la lumière rend les lieux habitables, comme la possibilité d’y entrer ou d’en sortir. Par la fenêtre la pensée s’évade et, plus subrepticement ceux qui font...le mur. La transparence ouvre des perspectives, une vue ou, comme dans l’architecture japonaise, s’arrange pour mettre en scène l’extérieur, à l’intérieur, en encadrant un tableau naturel qui change avec les saisons.

Ces jours-ci, la fenêtre retrouve ses fonctions : ventilation naturelle prônée par le courant hygiéniste des années 20, vital en milieu confiné; mesure du temps qui passe à l’aune de la luminosité, et... contrôle social : les va-et-vient de lumières et les ombres chinoises disent qui n’est pas là et révèlent les rythmes de vie de nos voisins. Appuyé au bâti, ou assis sur le bord de leur fenêtre, les uns se saluent. Les autres, postés derrière un rideau s’épient. Ils ont, un temps, applaudi un drame qu’ils ne voyaient pas, mais dont ils voulaient remercier les acteurs, Ces protections varient avec le soleil : vitres entièrement dégagées au nord de l'Europe, grande ouvertes, "à l’anglaise" dit-on, les battants dirigés vers l’extérieur pour capter le moindre rayon. L’ouverture à la française se fait vers l’intérieur déjà dissimulé par l’épaisseur du mur et "mange" de la surface lorsque les fenêtres sont ouvertes. Encore plus au sud, les moucharabieh diffusent une douce lumière filtrée par la dentelle de pierre ou de bois qui permet surtout de voir sans être vu, tout comme les jalousies qui portent bien leur nom. Les réglementations sur le climat ont rajouté une dimension moins poétique aux fenêtres. Considérées comme des zones de déperdition d’énergie, elles ont parfois tendance à rétrécir, comme les pièces qu’elles éclairent. Et à devenir les meurtrières d’une architecture généreuse.