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Loi solidarité et renouvellement urbain : 20 ans de volontarisme au nom de la mixité sociale

LE MONDE, ISABELLE REY-LEFEBVRE

Il y a vingt ans, le 13 décembre 2000, la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) était adoptée. Avec une mesure très emblématique : l’article 55 qui imposait (et impose toujours) aux communes urbaines de se doter, sur leur parc de résidences principales, de 20 % de logements sociaux d’ici à 2020, un seuil concernant 60 % des communes depuis la loi Duflot de 2013, et porté à 25 % en 2025. Vingt ans après, où en est-on ? Entre 2000 et 2020, 900 000 logements sociaux ont été construits dans les communes déficitaires. Mais il aura fallu vingt ans de volonté politique ferme et repousser plusieurs tentatives parlementaires – et sur le terrain – de contourner cette loi ou d’en réduire la portée.

« Les logements HLM sont indéniablement mieux répartis dans les agglomérations urbaines et la loi SRU a stimulé leur construction là où ils manquaient » observe Tristan-Pierre Maury, économiste et coauteur de l'étude intitulée « Vingt ans après, la loi SRU produit une mixité de façade » et publiée par l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (IDHEAL). « Cependant, le mouvement a été contrarié par l'appauvrissement, dans la même période, des locataires de ce parc social qui se spécialise peu à peu dans l'accueil des plus pauvres. De plus, les 20% des ménages les plus riches se rassemblent plus que jamais dans des enclaves de prospérité et, lorsque la loi SRU a permis la construction de logements sociaux dans les quartiers chics, ils sont plutôt occupés par la frange la moins précaire des publics éligibles à un HLM », une population qui correspond aux 4ème, 5ème et 6ème déciles de revenus des ménages français, c'est-à-dire aux classes moyennes. La ségrégation socio-spatiale est particulièrement exacerbée en région parisienne et s'y renforce encore plus fortement qu'ailleurs, comme l'a montré une récente étude de l'Institut Paris Région.