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09.09.2022
abécédaire du logement

X comme Xénon

J’ai un nom grec court mais improbable, je suis à la fois noble et apatride, présent dans chaque bouffée d’air que vous inspirez mais si rare que vous n’avez peut-être jamais entendu parler de moi, je coûte cher mais je peux vous faire économiser des centaines d’euros cet hiver.
Qui suis-je ?

Je détends l’atmosphère
Mon nom provient du mot grec ξένος, « étranger » et j’ai été découvert à la fin du XIXe siècle par un duo de chimistes britanniques qui n’arrivaient pas à me rattacher aux autres éléments périodiques. Je constitue seulement un vingt-millionnième des molécules de l’atmosphère terrestre et je m’échappe facilement lorsqu’on tente de me capturer. Comptez 25 tonnes d’oxygène liquide pour isoler seulement 1 kg de moi-même. C’est bien plus que pour mes banals cousins, les autres gaz nobles (krypton, argon, néon), avec qui je daigne quand même cohabiter dans le tableau de Mendeleïev. Ma présence dans l’air est donc très rare et cela vaut mieux... Puissant narcotique et sédatif utilisé en chirurgie, je pourrais bien vous embarquer dans mon trip. Vous avez mon nom ?

Ça gaze dans vos doubles vitrages !
Alors que les interstices de vos doubles vitrages étaient remplis d’air dans les années 80-90, c’est désormais moi qu’on y enferme. Car si l’on préfère encore souvent mes cousins pour des raisons économiques, je suis bien plus smart qu’eux ! Grâce à mes excellentes propriétés calorifiques, j’offre la meilleure isolation à vos nids douillets. Doté du plus faible coefficient de transmission thermique (Ug), je ne laisse pas la chaleur se dissiper par vos ouvertures, responsables de 15% des déperditions en moyenne. J’isole mieux vos fenêtres dans une lame de 8mm que l’argon dans une lame deux fois plus épaisse ! A vrai dire, je suis tellement efficace que les experts techniques du bâtiment du CSTB estiment que je rends le triple vitrage inutile. Toujours pas trouvé ?

Faut pas me chauffer !
L’étendue de mes pouvoirs dépasse le domaine de vos baies vitrées. Je règne en maître sur vos domiciles, à commencer par vos éclairages. J’étais présent dans les premières ampoules de l’histoire, dites à décharge. J’étais là, dans les ampoules fluorescentes, très répandues dans vos intérieurs entre les années 1970 et 2000, aujourd’hui remplacées par les LED. Présent aussi dans les phares de vos voitures. Présent encore dans les tubes lumineux qui illuminent vos salles de bains, buanderies et bureaux, d’une lumière un peu terne ceci dit. Mais on ne peut pas m’accuser d’être maussade. Créature de la nuit, j’illumine vos soirées en ville. J’embrase les néons bleus ou violets qui constituent un élément esthétique essentiel de vos paysages urbains. D’ailleurs, justice doit m’être faite. Qu’on arrête de me voler la vedette ! Les néons n’ont aucune raison de s’appeler “néons” car ils n’en sont remplis que quand ils sont rouges. Ce sont bien plus souvent des… “xénons” ! Alors, vous m’aviez sur la langue ou pas ? Avouez que non.

De l’eau dans le gaz
Nombreux sont les écologues et thermiciens du bâtiment qui rêvent de m’injecter dans vos fenêtres. Dans un monde id(h)éal, je les remplirais toutes. Problème : je reste un produit de luxe. Je coûte environ 15 euros le litre, soit dix fois plus que l’argon ou le krypton. Ce prix exorbitant compromet mon usage, qu’on restreint aux fenêtres des projets immobiliers les plus haut-de-gamme, sauf en Suisse. C’est dommage parce que je pourrais vous permettre de baisser le chauffage cet hiver et vous faire économiser des centaines d’euros. J’ai des super pouvoirs, mais pas celui d'anesthésier la crise énergétique !